Visites de zoos et comptes-rendus
Visites de zoos et compte-rendus
Le zoo de Chiangmai se situe dans la ville de Chiangmai, ville la plus importante de la province du même nom au nord de la Thaïlande. Le zoo de Chiangmai a été officiellement établi en 1977. Mais son fondateur est Monsieur Harold Mason Young, un missionnaire américain qui était venu en Thaïlande en 1950 comme volontaire pour enseigner des techniques de survie aux soldats postés à la frontière thaïlandaise.
Il a commencé par louer une terre pour y placer un animal blessé et progressivement il a établi son propre zoo pour y placer des animaux secourus dans le milieu naturel et qu'il n'est pas possible de réintroduire. En 1957, il va ouvrir son zoo privé aux visiteurs. Alors que le nombre d'animaux augmentait, il a commencé à coopérer avec le gouvernement provincial de Chiangmai pour obtenir une extension de son zoo. Son nouveau centre qu'il baptisa centre d'éducation aux animaux a ouvert le 6 avril 1940. Après la mort de Harold Mason Young en 1974, le gouvernement de Chiangmai a transféré le petit zoo privé à l'Organisation des parcs zoologiques (Zoological Park Organization) et le zoo officiel de Chiangmai a ouvert le 16 juin 1977.
Le zoo de Chiangmai héberge aujourd'hui plus de 2 000 animaux de 400 espèces différentes sur 80 hectares.
Entrée du zoo et de l'aquarium de Chiangmai - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
J'ai été accueilli, ainsi que ma co-gagnante Mélissa, au zoo de Chiangmai les 5 et 6 août 2013, notre venue le mardi 6 août étant spécialement pour l'anniversaire du mâle Chuang Chuang. Nous avons été accueillis par Achiraya Buntrakulpoontawee, en charge des affaires étrangères au zoo, Tae Anuwong, un des soigneurs, qui s'occupe depuis 8 ans des pandas, et Kannika Jantarangsri, vétérinaire.
Le gâteau d'anniversaire attend Chuang Chuang pour le lendemain.
Dans l'ordre de la photo : Tae Anuwong, moi-même, Melissa Katz, Kannika Jantarangsri - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Avant l'arrivée des pandas au zoo de Chiangmai, la Thaïlande avait reçu une paire de pandas en 1992 à l'occasion d'un prêt de courte durée.
Le mâle Chuan Chuan et la femelle Yia Qing avait séjourné au Safari World de Bangkok du 20 décembre 1992 au 1er juin 1993. Chuan Chuan venait du zoo de Chengdu, où il vivait depuis sa capture dans le comté de Baoxing (province du Sichuan) en 1979, et Yia Qing venait du zoo de Beijing où elle était née le 29 septembre 1990.
Le zoo de Chiangmai n'a qu'une histoire récente en lien avec les pandas.
En 2001, le Général Chavalit Yongchaiyud, Vice-Premier Ministre thaïlandais, a réclamé des pandas à l'occasion de l'une de ces visites en Chine. La Chine a accepté la demande et le 22 octobre 2001 le Premier-Ministre a confié à l'Organisation des parcs zoologiques du Royaume de Thaïlande (Zoological Park Organization) le soin de conduire à bien cette arrivée prochaine du trésor national chinois.
Le 4 mars 2003, la compagnie aérienne Thaï Airways a signé un accord pour être le sponsor du transport des deux pandas de la Chine vers la Thaïlande.
Du 10 août au 10 septembre 2003, un vétérinaire et un soigneur thaïlandais ont été formés au centre de Wolong, en Chine.
A l'issue de ces phases préalables, le 12 octobre 2003, deux pandas rejoignent la Thaïlande à bord d'un vol spécial dénommé "Love panda, love Chiangmai (lire l'article); arrivée qui fait suite à l'accord de prêt signé le 28 août 2003 entre l'Association chinoise de conservation de la vie sauvage (China Wildlife Conservation Association CWCA) et le zoo de Chiangmai.
Signature de l'accord final, le 28 août 2003, à Beijing - © Chiangmai zoo
Dans les 3 mois qui ont suivi l'arrivée de Chuang Chuang et Lin Hui, le zoo de Chiangmai annonçait que 400 000 visiteurs étaient venus voir les deux pandas (lire l'article).
Le mâle Chuang Chuang est né au centre de Wolong, en Chine, le 6 août 2000. Sa mère est Bai Xue, toujours en vie (lire mon rapport de visite au Mount Emei Xianzhi Zhujian Ecological Park du 18 mai 2013). La femelle Lin Hui est également née au centre de Wolong, le 28 septembre 2001. Sa mère est Tang Tang et son père Pan Pan (Pan Pan vit comme Bai Xue au Mount Emei Xianzhi Zhujian Ecological Park).
Chuang Chuang, dans l'enclos extérieur - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Lin Hui, dans l'enclos intérieur le plus récent - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Le 9 novembre 2005, le zoo de Chiangmai avait organisé un mariage symbolique entre les deux pandas pour marquer le 28ème anniversaire du zoo (lire l'article).
Le gâteau de "mariage" remis aux deux pandas le 9 novembre 2005 - © Chiangmai zoo
Le 2 avril 2007, Lin Hui alors âgée de 5,5 ans a été inséminée avec du sperme de Chuang Chuang (lire l'article) mais sans succès de naissance (lire l'article).
Le 18 février 2009, Lin Hui a été une nouvelle fois inséminée, à l'âge de 7,5 ans, et elle a donné naissance à un petit après 97 jours de gestation, le 27 mai 2009 (lire l'article). Après un vote pour choisir un nom à la jeune femelle, Lin Ping, un des quatre noms proposés, a gagné la compétition avec plus de 13 millions de votes sur les 22 millions de cartes postales reçues (lire l'article). Lin Ping signifie "forêt hivernale" et le nom est une combinaison du nom de la mère - Lin - et de la rivière Ping qui traverse Chiangmai.
La jeune Lin Ping a immédiatement suscité l'intérêt des thaïlandais, une chaîne de télé-réalité entièrement consacrée à Lin Ping ayant même été créée pour une durée de trois ans.
Lin Ping - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Lin Ping, enclos intérieur le plus récent - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
En 2012, quelques 1,4 millions de visiteurs sont venus au zoo voir les pandas.
Lin Ping devait retourner en Chine avant ses quatre ans, soit avant le 27 mai 2013. Cependant, après une visite du Ministre chinois des Affaires étrangères en Thaïlande le 1er mai 2013, la Première Ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra a demandé une extension du séjour du jeune panda à Chiangmai. Le ministre chinois Wang Yi a donné son accord de principe.
Cependant Lin Ping devrait retourner en Chine au mois de septembre prochain, probablement le 28, car elle est susceptible d'être mature en 2014 et donc de pouvoir s'accoupler. Les soigneurs ont déjà commencé à entraîner Lin Ping à rentrer et rester dans la cage qui servira pour la transporter de la Thaïlande vers la Chine. Au départ, la porte entre sa cage de nuit et la cage de transport était ouverte afin que Lin Ping puisse s'approprier ce nouvel espace ; puis progressivement les soigneurs ont fermé la porte pendant 1 heure, puis 2 heures,... Le lundi 5 août, Lin Ping en était à une phase avancée puisqu'elle a passé une partie de la journée dans la cage. Le transport sera long car Lin Ping devrait voler de Chiangmai vers Beijing, puis de Beijing vers Chengdu et afin être transportée par camion de Chengdu à la base de Ya'an Bifengxia, sans pouvoir sortir de sa cage.
Lin Ping est entraînée à rester dans sa cage de transport - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Le contrat de location de Lin Hui et Chuang Chuang expirant au mois d'octobre prochain, un nouveau contrat a été signé en mai dernier prévoyant que Chuang Chuang et Lin Hui restent en Thaïlande jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle paire de pandas qui devrait rester en Thaïlande pour une durée de 15 années. Le gouvernement thaïlandais a même signé un accord préliminaire prévoyant que cette nouvelle paire soit Lin Ping et un mâle de son âge susceptible de s'accoupler avec elle.
Chuang Chuang dans l'enclos extérieur - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Les visiteurs doivent payer 50 bahts supplémentaires (100 bahts pour les étrangers) pour voir les pandas, en plus des 70 bahts (100 pour les étrangers) nécessaires pour le ticket d'entrée au zoo.
Les installations initiales des pandas ont coûté près de 40 000 000 de bahts (soit environ 1 million d'euros) et ont été construites en 210 jours par des militaires du camp de Panurangsi.
Plan du zoo, le secteur des pandas est cerclé en rouge - © Chiangmai zoo modifié par Jérôme POUILLE
Entrée du secteur des pandas, une banderole annonce le 13ème anniversaire de Chuang Chuang - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Actuellement, les installations se composent d'un enclos extérieur, de deux enclos intérieurs historiques en cours de rénovation, d'un enclos intérieur construit il y a quatre ans, et d'un secteur intérieur dénommé Chiangmai zoo snow dome et inauguré en novembre 2012.
Les deux enclos intérieurs historiques, construits il y a dix ans, sont en cours de rénovation et devraient être prêts d'ici un mois. Le troisième enclos intérieur, construit il y a seulement quatre ans, est vaste et comporte de nombreux objets d'enrichissements (plate-formes, arbres, balles,...) qui offrent aux pandas la possibilité d'investiguer l'enclos. Le lundi 5 août, cet enclos était occupé par la femelle Lin Hui et le mardi 6 par la femelle Lin Ping. L'enclos extérieur, vaste et très enrichi également, se présente sous la forme d'une fosse ; les visiteurs observant le panda en surplomb grâce à un chemin de ronde. Les deux enclos intérieurs étant en rénovation, Chuang Chuang occupait cet enclos extérieur les deux jours de ma visite.
Enclos extérieur, occupé les 5 et 6 août par le mâle Chuang Chuang - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Les deux enclos intérieurs historiques, en rénovation - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
L'enclos intérieur construit dans un second temps, occupé le 5 août par Lin Hui - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Le Chiangmai zoo snow dome est une installation unique en son genre, il s'agit d'un bâtiment inauguré l'an dernier où la température est extrêmement basse (- 7°C) et où le sol est recouvert de neige et de glace artificielles. Cette installation est destinée aux pandas mais seulement durant un mois dans l'année, l'an dernier c'était en novembre. Un panda donné va être transféré dans ce secteur par étapes, afin que le choc thermique ne soit pas trop important, et selon le témoignage du soigneur, les pandas ont apprécié ce nouveau secteur.
Le snow dome, la nouvelle attraction du secteur des pandas - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Le Chiangmai zoo snow dome, une installation inédite où les pandas ne vivent que quelques semaines par an - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
J'ai été surpris par la qualité et la quantité des informations à destination des visiteurs. La plupart des murs qui font face aux enclos intérieurs sont illustrés d'informations sur l'espèce, sur l'arrivée des pandas en Thaïlande, sur leurs besoins en captivité, sur les procédures scientifiques notamment l'insémination artificielle, l'élevage en captivité, le recensement des pandas sauvages...
Panneaux d'éducation à la conservation à destination des visiteurs - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Neuf soigneurs se relaient 24 heures sur 24 pour prendre soin des pandas. Les équipes sont sous la forme des trois "8" (une équipe de 8h à 16h, une seconde équipe de 16h à minuit, et une troisième équipe de minuit à 8h). Chaque année, deux chinois viennent à Chiangmai pour former les soigneurs locaux, et juste après la naissance de Lin Ping, deux chinois ont assisté durant deux mois consécutifs les soigneurs locaux. De plus, les soigneurs locaux se rendent régulièrement en Chine pour y être formés également.
Chaque jour, les pandas se voient distribuer 400 grammes de pommes, 400 grammes de carottes, et 200 grammes de gâteaux spécial panda composés ici majoritairement de feuilles de bambous. Enfin, trois espèces de bambous coupées dans les montagnes aux alentours de Chiangmai, riches en forêts tropicales et donc en bambous, sont offertes aux pandas.
Le gâteau spécial panda distribué à Chiangmai est composé majoritairement de feuilles de bambous - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Pour les zoos qui hébergent des pandas, la gestion des crottes de pandas et des restes de bambous est un défi. Par exemple, au zoo de Chiangmai, la quantité moyenne de crottes des deux pandas entre octobre 2005 et septembre 2006 était de 23,17 kilos par jour, soit 8,46 tonnes en un an. Le zoo de Chiangmai a décidé de valoriser ces crottes en les combinant avec la pulpe des déchets de bambous. L'ensemble est mis à fermenter durant 2 à 3 jours avec des micro-organismes naturels puis est porté à ébullition avec une solution à base de soude caustique pendant 4 à 6 heures. Les fibres ainsi obtenues sont ensuite rincées à l'eau puis battues pour obtenir des fibres plates. Puis, ces fibres aplaties sont blanchies et des colorants sont éventuellement ajoutés. Les fibres sont ensuite placées dans un moule afin d'avoir une feuille de dimension et d'épaisseur fixes. Le papier ainsi moulé est séché grâce à la chaleur naturelle du soleil. Les feuilles ainsi constituées servent enfin pour la préparation ou la décoration de souvenirs vendus au zoo (carnets, pots à crayon, cadre photo...).
Le mardi 6 août 2013 était une journée spéciale au zoo de Chiangmai. En effet, comme l'annonçait la banderole à l'entrée du secteur des pandas, aujourd'hui c'était le treizième anniversaire de Chuang Chuang, le panda mâle du zoo de Chiangmai et père de Lin Ping. Des gâteaux glacés avaient été préparés la veille par le personnel du zoo et une volontaire du Japon et aujourd'hui Chuang Chuang s'est vu offrir son gâteau glacé et nous avons eu la chance de pouvoir "décorer" son enclos avec des ballons remplis d'eau. Chuang Chuang a testé la gâteau mais a surtout préféré les morceaux de pommes autour ainsi que les pousses fraîches de bambous.
L'enclos de Chuang Chuang a été décoré de ballons et un gâteau a été placé sur une plate-forme en glace.
JOYEUX 13ème ANNIVERSAIRE CHUANG CHUANG !! - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Pour ne pas faire de jaloux, Lin Ping, qui occupait ce 6 août le grand enclos intérieur, et Lin Hui, qui était dans son enclos de nuit, ont également reçu un gâteau similaire.
Lin Ping, dans le grand enclos intérieur, découvre son gâteau et célèbre aussi à sa façon l'anniversaire de son père Chuang Chuang
6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Au tour de Lin Hui de recevoir son gâteau - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Lin Ping s'est vue attribuer la médaille d'or dans la catégorie du "panda préféré hors de Chine" lors des "Giant panda zoo awards 2012",
un vote en ligne organisé par mon ami Jeroen Jacobs, webmaster du site giantpandazoo.com
5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Lin Ping dans sa future cage de transport, Melissa Katz et moi-même - 5 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Chuang Chuang, dans l'enclos extérieur - 6 août 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus
Le zoo d'Oji se situe dans le parc du même nom, dans la ville de Kobe, au Japon. Il a ouvert en 1928 mais a été déplacé avant de rouvrir à son emplacement actuel le 21 mars 1951. Ce zoo municipal héberge sur 8 hectares environ 800 animaux de 140 espèces différentes. 48 personnes travaillent au zoo, dont 23 soigneurs.
Le zoo est fermé au public tous les mercredis, mais nous avons eu la chance d'être accueillis ce mercredi 31 juillet 2013 par Monsieur Shimatani Yoshihiko, directeur adjoint du zoo, et Monsieur Yoshida, soigneur de Tan Tan, l'unique panda du zoo d'Oji.
Entrée du zoo d'Oji, à Kobe.
Deux pandas, un mâle avec une casquette, et une femelle avec un nœud dans les cheveux, sont l'emblème du zoo.
31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
La ville de Kobe a reçu ses premiers pandas en 1981 à l'occasion de l'événement Portopia'81 Kobe Port Island Exposition, une exposition inaugurée le 20 mars 1981 et d'une durée de 180 jours pour célébrer la construction de Port Island, une île artificielle, la plus grande jamais construite à l'époque.
Il s'agissait d'un prêt de courte durée et les deux pandas étaient la femelle Rong Rong capturée dans le milieu naturel (comté de Baoxing, province du Sichuan) en février 1975 et dont l'année de naissance était estimée à 1970, et du mâle Zhai Zhai capturé également dans le milieu naturel. Les deux animaux provenaient du parc zoologique de Tianjin (Chine).
Carte postale éditée à l'occasion de l'événement Portopia'81
Ce zoo n'a pas une histoire très ancienne au regard de l'hébergement de pandas en captivité. En effet, il a reçu ses deux premiers pandas le 16 juillet 2000, Jin Zhu et Tan Tan, dans le cadre d'un prêt pour une durée de dix ans.
Arrivée de Tan Tan et Jin Zhu, à l'aéroport puis au zoo d'Oji, le 16 juillet 2000 - © Oji zoo
Tan Tan, dont le nom original est Shuang Shuang, est une femelle née le 16 septembre 1995 au centre de Wolong (Chine), où elle a toujours vécu jusqu'à son transfert à Kobe. Tan Tan est toujours au zoo de Kobe, c'est d'ailleurs actuellement le seul panda du zoo.
Tan Tan, au zoo d'Oji, en 2000 - © Oji zoo
Tan Tan, le jour de ma visite, dans son enclos extérieur - 31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Jin Zhu est une femelle, née le 12 août 1996 également au centre de Wolong. Lorsque Jin Zhu a été envoyée à Kobe, les vétérinaires pensaient qu'il s'agissait d'un mâle, d'où son transfert avec la femelle Tan Tan. Mais finalement, les vétérinaires du zoo de Kobe ayant souhaité collecter de la semence de Jin Zhu, ils se sont rendus compte que ce panda était dépourvu d'un pénis et donc que Jin Zhu devait être une femelle. Elle a ainsi été renvoyée au centre de Wolong le 5 décembre 2002. Le problème était seulement un mauvais positionnement des ovaires qui a été rectifié après une opération chirurgicale en 2005. D'ailleurs, depuis, Jin Zhu a eu trois petits, des jumeaux le 6 août 2007 (lire l'article) et un petit le 29 juillet 2011 (lire l'article).
Jin Zhu, au zoo d'Oji, en 2000 - © Oji zoo
Quatre jours après le départ de Jin Zhu, soit le 9 décembre 2002, un mâle est envoyé pour la remplacer, il s'agit de Kou Kou.
Transfert de Kou Kou, le 9 décembre 2002 - © Oji zoo
Kou Kou, prononcé Ko Ko en Japonais et dont le nom original est Long Long, est un mâle né le 14 septembre 1995 au centre de Wolong (Chine). Il a vécu presque deux ans au Guangzhou Panyu Xiangjiang Safari Park (Chine), du 27 septembre 2000 au 30 juin 2002.
Kou Kou, en janvier 2005 - © Pyongpyong
Tan Tan a donné naissance pour la première fois le 12 août 2007 au zoo d'Oji, mais le petit était mort-né.
Inséminée en 2008 avec de la semence de Kou Kou, elle donne à nouveau naissance, le 26 août 2008, mais le petit va mourir 3 jours plus tard, le 29 août (lire l'article).
Tan Tan va être à nouveau inséminée les 21, 22 et 23 janvier 2009 avec du sperme de Kou Kou, mais sans succès de naissance (lire l'article).
En juin 2010, la Chine prolonge de cinq années supplémentaires le contrat de location des pandas au zoo de Kobe.
Malheureusement, le mâle Kou Kou est mort au Japon le 9 septembre 2010 suite à une anesthésie réalisée pour la collecte de semence (lire l'article). Il était âgé de 15 ans et est mort d'un arrêt cardiaque durant la phase de réveil post-anesthésie. L'autopsie a démontré que Kou Kou s'est étouffé à cause de la remontée d'éléments de son estomac vers ses poumons.
Ko Ko, en juin 2010 - © AFP
Une statue en pierre a été implantée en février 2012 juste après l'entrée du zoo en mémoire de Kou Kou.
Statue à la mémoire de Kou Kou - 31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le 24 octobre 2011, la ville de Kobe a annoncé qu'elle était dans la phase finale des négociations avec la Chine pour la location d'un panda géant mâle pour remplacer le mâle Kou Kou (lire l'article). Malheureusement, les récents événements diplomatiques entre la Chine et le Japon ont stoppé l'avancement des négociations et le zoo est peu optimiste quant à l'arrivée d'un remplaçant pour Kou Kou. Compte-tenu que le contrat de location prend fin en juillet 2015, il est fort à parier que Tan Tan va vivre seule à Kobe jusqu'à cette date.
Tan Tan, aujourd'hui âgée de 18 ans, n'a jamais montré un grand intérêt pour son partenaire, mais elle est encore potentiellement en âge de se reproduire, et j'ai questionné le directeur adjoint sur les éventuelles coopérations avec les deux autres zoos japonais pour une insémination artificielle. Première difficulté, la lourdeur administrative japonaise, en effet seul le zoo d'Ueno (Tokyo) est sous la tutelle du même ministère que le zoo de Kobe, mais seconde difficulté, aucune insémination artificielle ne peut se faire sans le consentement de la Chine, et pas d'ordre clair de la Chine dans ce sens pour l'instant.
Tan Tan - 31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Les installations des pandas se situent dans le prolongement de l'entrée principale. Deux enclos extérieurs en forme de quart de cercle sont rattachés à un bâtiment qui comporte deux enclos intérieurs visibles des visiteurs. Le jour de ma visite, le zoo était fermé aux visiteurs, et je n'ai pas pu accéder à l'intérieur du bâtiment, lui-même en travaux.
Plan du zoo d'Oji ; le secteur du panda est cerclé en rouge - © Oji zoo modifié par Jérôme POUILLE
Schéma des installations des pandas (l'enclos de Tan Tan est celui de droite), tel que dévoilé en l'an 2000 avant l'arrivée des deux pandas
© Oji zoo
Vue générale sur les deux enclos extérieurs avec le bâtiment des pandas en fond. A gauche, l'enclos vide, à droite celui de Tan Tan.
31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Les enclos extérieurs ne sont pas très grands mais bien arborés et diversifiés : plate-formes, bassin, arbres, végétation abondante, et brume artificielle. Depuis la mort de Kou Kou en 2010, seul un enclos est occupé, par Tan Tan.
Enclos vide - 31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enclos de Tan Tan, régulièrement envahi par la brume artificielle - 31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Quelques manèges sont implantés dans une partie du zoo, et les pandas illustrent l'entrée de ce mini parc d'attractions
31 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus
Adventure World of Shirahama, souvent abrégé AWS, est un parc touristique implanté dans la ville de Shirahama (préfecture de Wakayama, Japon) qui joue à la fois le rôle d'un zoo et le rôle d'un parc d'attractions. En plus des roller coasters, le parc comporte plusieurs secteurs thématiques où les visiteurs peuvent observer des animaux (un secteur africain, le secteur des animaux aquatiques et marins, le secteur des pingouins et des ours polaires, et le secteur des pandas).
J'ai visité ce parc le mardi 30 juillet 2013, accompagnée de ma co-gagnante Melissa. Nous avons été accueillis par Monsieur Teruaki Hayashi, directeur général du parc.
Entrée du parc Adventure World - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Les pandas du parc Adventure World proviennent tous de la base de Chengdu et les Chengdu Pambassadors ne pouvaient rater cette étape
30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Depuis le 20 avril dernier, il y a deux secteurs dans le parc consacrés aux pandas. En effet, en sus du secteur historique, au nord du parc, un nouveau bâtiment a été inauguré le 20 avril 2013 juste à droite après l'entrée principale. L'ancien secteur a été rebaptisé Breeding center (centre d'élevage) et le nouveau secteur a été nommé Panda love (amour du panda).
Plan du parc Adventure World, les deux installations des pandas sont cerclées en rouge - © AWS modifié par Jérôme POUILLE
Le nouveau secteur des pandas ouvert le 20 avril 2013 a été nommé Panda Love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
L'ancien secteur, qui a plus de vingt ans, comporte un bâtiment principal hébergeant deux enclos intérieurs visibles du public, et auquel sont rattachés deux enclos extérieurs. Rau Hin et sa fille Yu Hin partagent le même enclos dans ce secteur.
Vue sur le bâtiment du secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Entrée du secteur Breeding center, une bannière rappelle l'anniversaire prochain de Yu Hin - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le public circule dans le secteur Breeding center tout en bénéficiant de nombreux panneaux d'explications sur l'espèce
et sur l'historique des pandas à Shirahama - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Yu Hin, âgée d'un an, est élevée par sa mère Rau Hin avec qui elle partage son enclos - Secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Vue sur l'enclos intérieur occupé par Rau Hin et Yu Hin - Secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Vue sur les deux enclos extérieurs du secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le nouveau secteur comporte un bâtiment principal hébergeant deux enclos intérieurs visibles du public et un enclos extérieur. Ei Mei occupe seul un enclos et les jumeaux Kai Hin et You Hin partagent le même enclos.
Vues sur l'enclos intérieur de Ei Mei - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Vue sur l'enclos intérieur de Kai Hin (à gauche) et You Hin (à droite) - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Vue sur l'enclos extérieur - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Chacun des deux secteurs comporte également plusieurs enclos intérieurs non visibles du public.
Les enclos intérieurs et extérieurs sont relativement petits, et à l'aspect assez artificiel. Le jour de ma visite, compte-tenu des températures élevées, les cinq pandas étaient à l'intérieur.
Le zoo distribue principalement une espèce de bambous aux pandas, bambous frais que le zoo reçoit environ trois fois par semaine.
Bambous frais prêts à être distribués - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le parc Adventure World à Shirahama a reçu ses premiers pandas en octobre 1988. Il s'agissait des femelles Qing Qing et Cheng Cheng nées au zoo de Chengdu respectivement les 9 septembre 1984 et 24 septembre 1985.
Qing Qing et Cheng Cheng ne sont restées qu'une centaine de jours à Shirahama, c'était l'époque des prêts de court terme. Elles ont quitté le Japon en janvier 1989.
C'était le début d'une coopération qui se poursuit encore aujourd'hui entre Chendgu et Shirahama.
A noter que Qing Qing est toujours en vie et elle vit actuellement au zoo de Chengdu (lire mon rapport de visite de ce zoo en mai 2013).
Après un moratoire sur les prêts de court terme, et l'évolution de la législation, deux zoos ont été précurseurs pour la négociation de prêts sur des durées plus longues, accompagnés d'un véritable projet d'élevage et de recherche scientifique : le zoo de San Diego aux Etats-Unis et celui de Shirahama au Japon.
Ainsi la femelle Rong Bin, née le 4 septembre 1992 à la base de Chengdu, et le mâle Yong Ming, né le 14 septembre 1992 au zoo de Beijing, vont rejoindre le zoo Adventure World le 6 septembre 1994.
Rong Bin va malheureusement mourir au zoo de Shirahama le 17 juillet 1997, alors âgée d'à peine 5 ans, et sans descendance.
Rong Bin, naturalisée, est exposée à l'entrée du secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le 7 juillet 2000, une autre femelle va être envoyée à Shirahama pour remplacer Rong Bin. Il s'agit de Mei Mei, née le 31 août 1994 à la base de Chengdu.
Mei Mei rejoint le parc Adventure World, le 7 juillet 2000 - © AWS
Mei Mei va avoir 11 petits dans sa vie, dont 9 au zoo Adventure World :
- Liang Bin, une femelle connue sous le nom de Rau Hin au Japon, née le 6 septembre 2000. Mei Mei avait été inséminée avant son départ de Chine avec de la semence du mâle Ha Lan et elle a ainsi donné naissance au Japon seulement deux mois après son arrivée. Rau Hin vit toujours à Shirahama.
Rau Hin, enclos intérieur - Secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
- des jumeaux le 17 décembre 2001 dont seul le mâle Xiong Bang, connu sous le nom de Yu Hin au Japon, a survécu. Yu Hin a été transféré en Chine à l'âge de 2 ans et demi (lire l'article des 18 juin 2004, 22 juin 2004 et 23 juin 2004). Yu Hin était le second panda né hors de Chine à retourner dans son pays ancestral, après Hua Mei.
Mei Mei et son petit Xiong Bang, le 17 décembre 2001 - © Xinhua
- des jumeaux le 8 septembre 2003 (lire l'article), deux mâles nommés Long Bang et Qiu Bang, connus respectivement sous les noms de Ryu Hin et Shu Hin au Japon. Les frères jumeaux ont rejoint la base de Chengdu le 27 octobre 2007 (lire l'article).
Mei Mei et les jumeaux Long Bang et Qiu Bang - © AWS
- des jumeaux le 23 août 2005 (lire l'article), dont seul le mâle Xing Bang, connu au Japon sous le nom de Kou Hin, va survivre. Il sera transféré en Chine le 15 mars 2010, à la base de Chengdu (lire l'article).
Mei Mei et Kou Hin - © AWS
La foule est venue saluer Kou Hin avant son départ du Japon - © AWS
- des jumeaux le 23 décembre 2006 (lire l'article), le mâle Ming Bang (Mei Hin au Japon) et la femelle Ai Bang (Ai Hin au Japon). Ils ont rejoint Chengdu le 14 décembre 2012 (lire l'article).
Mei Mei est ses jumeaux Mei Hin et Ai Hin - © AWS
Le père des quatre paires de jumeaux de Mei Mei est le mâle Yong Ming, connu au Japon sous le nom de Ei Mei, et il vit toujours au zoo de Shirahama.
Ei Mei - Enclos intérieur - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Ei Mei est aussi le père des six petits de Rau Hin. Rau Hin, première fille de Mei Mei est toujours au zoo de Shirahama et a eu trois paires de jumeaux :
- Mei Bang, une femelle, et Yong Bang, un mâle, connus au Japon sous les noms de Mei Hin et Ei Hin respectivement, et nés le 13 septembre 2008 (lire l'article). Ces jumeaux ont rejoint Chengdu le 26 février 2013 (lire l'article).
- Hai Bang, un mâle connu sous le nom de Kai Hin au Japon, et Yang Bang, une femelle connue sous le nom de You Hin, nés le 11 août 2010 (lire l'article), et toujours au zoo de Shirahama.
Kai Hin (à gauche) et You Hin (à droite) - Enclos intérieur - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
You Hin, enclos intérieur non visible du public - Secteur Panda love - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
- des jumelles nés le 10 août 2012 (lire l'article) dont seule Yu Hin a survécu. Le 28 juillet 2013, Yu Hin, toujours élevée par sa mère Rau Hin, pesait 26,4 kilogrammes.
Yu Hin, enclos intérieur - Secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Mei Mei est morte le 15 octobre 2008 à Shirahama, à l'âge de 14 ans. Elle était connue pour avoir eu de nombreux bébés mais surtout pour être capable d'élever ses jumeaux en même temps.
Mei Mei, naturalisée, est exposée à l'entrée du secteur Breeding center - 30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le zoo de Shirahama est le zoo hors de Chine à avoir enregistré le plus grand nombre de naissances, 15 en tout (9 de Mei Mei et 6 de Rau Hin), dont 12 ont survécu.
Pendant de nombreuses années, le zoo de Shirahama était aussi le zoo hébergeant le plus grand nombre de pandas hors de Chine. Depuis la naissance de jumeaux au zoo d'Atlanta le 15 juillet dernier, pour la première fois le zoo américain dépasse Shirahama qui n'héberge plus que 5 pandas à ce jour.
Le restaurant du zoo rappelle aux visiteurs que le parc de Shirahama est un lieu chargé d'histoire avec les pandas
30 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus
Le zoo d'Ueno, qui occupe 14,3 hectares dans le parc d'Ueno au cœur de la ville de Tokyo, capitale du Japon, a été créé le 20 mars 1882 et est le plus ancien zoo du Japon. Depuis son ouverture, il s'est sans cesse développé et constitue une référence en terme de zoos au Japon, notamment en jouant un rôle majeur dans l'éducation à la conservation.
Quelques 2 700 animaux appartenant à environ 460 espèces sont exposés dans ce zoo, dont une centaine d'espèces de mammifères et environ 150 espèces d'oiseaux.
Messieurs Hidetoshi Kurotori, membre de la Société zoologique de Tokyo (Tokyo Zoological Society) et Yutaka Fukuda, directeur adjoint du zoo, nous ont accueilli le samedi 27 juillet 2013 et présenté leur zoo. Je les remercie pour leur temps et leur passion pour les animaux qu'ils nous ont fait partagé avec grand professionnalisme.
Entrée principale du zoo d'Ueno, à Tokyo - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le totem des animaux, à l'entrée du zoo - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Aucun doute, le zoo d'Ueno est le lieu de Tokyo pour voir les pandas - Près de l'entrée principale - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Plan du zoo d'Ueno / Tokyo, le secteur des pandas géants (cercle rouge) est situé à proximité de la porte principale
© Zoo d'Ueno modifié par Jérôme POUILLE
Le Japon est le premier pays au monde à avoir bénéficié de la "diplomatie du panda". Selon des archives de la Famille Royale Japonaise, Wu Zetian, impératrice de 690 à 705 après Jésus Christ de la Dynastie Tang aurait offert deux pandas vivants et 70 peaux à l’Empereur Japonais comme marques d'amitié.
Plusieurs siècles ont passé et c'est au tour du zoo de Ueno / Tokyo de coopérer avec la Chine pour héberger des pandas. Le Japon a en effet été l'un des premiers pays à bénéficier, dans les années 1970, de la diplomatie du panda, aux côtés de la Russie, de la Corée du Nord et des Etats-Unis.
En septembre 1972, Tanaka Kakuei, le Premier Ministre japonais de l'époque, visitait la Chine et signait un accord pour l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine, signifiant ainsi la normalisation des relations entre les deux pays. Après la cérémonie de signature de l'accord, Zhou Enlai, Premier Ministre chinois de l'époque, présentait deux pandas au Japon au nom du peuple chinois.
Poignée de main historique entre Tanaka Kakuei, Premier Ministre japonais de l'époque, et son homologue chinois Zhou Enlai
Ainsi, les premiers pandas sont arrivés à Tokyo le 28 septembre 1972. Il s'agissait d'un couple.
Voyage de Kang Kang et Lan Lan vers le Japon, et arrivée à l'aéroport international Haneda de Tokyo
Arrivée de Kang Kang (à gauche) et Lan Lan (à droite) au Japon, le 28 septembre 1972 - © Zoo d'Ueno
Dans les rues d'Ueno, les habitants se pressent pour souhaiter la bienvenue
aux deux pandas, avec ces banderoles notamment
La femelle Lan Lan avait été capturée dans le milieu naturel un an auparavant, soit en septembre 1971, dans le comté de Baoxing (province du Sichuan), et sa date de naissance était estimée à 1969.
Lan Lan va vivre au zoo de Tokyo jusqu'au 4 septembre 1979, date de son décès, âgée d'une dizaine d'années seulement. Fait particulier, Lan Lan était enceinte lorsqu'elle est morte, après s'être accouplée le printemps précédent avec son partenaire Kang Kang. Le Premier Ministre japonais de l'époque, Ohira Masayoshi, avait fait part de sa peine en annonçant la triste nouvelle à son peuple.
Lan Lan - © Zoo d'Ueno
Kang Kang, le mâle, avait également été capturé dans le comté de Baoxing, en février 1972, il était alors âgé d'à peine un an.
Kang Kang est mort le 30 juin 1980 au zoo de Tokyo, âgé d'environ 9 ans.
Kang Kang - © Zoo d'Ueno
Les japonais ont pu voir Lan Lan et Kang Kang pour la première fois le 5 novembre 1972. Dès 7:30 du matin, des milliers de personnes attendaient l'ouverture du zoo, et quelques 60 000 personnes ont afflué de tout le Japon pour voir les deux pandas le premier jour. Pendant les sept premiers années, quelques 32 millions de visiteurs sont venus voir les deux pandas.
Vue d'hélicoptère de la file d'attente, qui atteignait 1 kilomètre, le 5 novembre 1972,
des visiteurs amassés pour observer pour la première fois Kang Kang et Lan Lan - © Mainichi
Le premier jour d'exposition de Kang Kang et Lan Lan, seuls 18 000 des 55 000 visiteurs venus
spécialement à Ueno ont eu accès aux deux pandas
Kang Kang
Le 29 janvier 1980, une autre femelle a été envoyée par la Chine au Japon, pour remplacer Lan Lan morte quelques mois auparavant. Il s'agissait de Huan Huan, capturée dans le comté de Baoxing le 5 février 1975, alors âgée d'un an et demi.
Arrivée de Huan Huan, le 29 janvier 1980 - © Zoo d'Ueno
Huan Huan - © Zoo d'Ueno
Huan Huan va avoir trois petits au Japon :
- Chu Chu, un mâle né le 27 juin 1985 mais qui va mourir deux jours plus tard, le 29 juin,
- Tong Tong, une femelle née le 1er juin 1986 et qui va mourir à Tokyo à l'âge de 14 ans, le 8 juillet 2000, sans descendance.
- You You, un mâle né le 23 juin 1988 et qui va être envoyé en Chine, à Beijing, à l'âge de 4 ans, le 13 novembre 1992. Il va mourir à Beijing le 4 mars 2004 sans descendance. Le 24 décembre 1988, le zoo d'Ueno avait organisé une cérémonie pour annoncer le nom du jeune panda. La femme du Premier Ministre de l'époque, Tokyo Magistrate Suzuki, et l'ambassadeur de Chine au Japon de l'époque, Yang Zhenya, avait assisté à la cérémonie.
Tong Tong et sa mère Huan Huan - © Zoo d'Ueno
Tong Tong et sa mère Huan Huan, le 12 décembre 1986 - © ANP
You You - © Zoo d'Ueno
Le père des trois petits de Huan Huan était Fei Fei, un mâle arrivé à Tokyo le 9 octobre 1982 pour remplacer Kang Kang décédé deux ans plus tôt et laissant le zoo de Tokyo sans mâle. Fei Fei avait été capturé dans le milieu naturel en octobre 1976 et son âge à sa capture avait été estimé à 9 ans. Fei Fei va mourir à Tokyo le 14 décembre 1994, âgé d'environ 27 ans.
Fei Fei - © Zoo d'Ueno
Huan Huan est morte au zoo de Tokyo le 21 septembre 1997, âgée d'environ 24 ans.
Le 5 novembre 1992, le zoo de Tokyo reçoit Ling Ling, un mâle connu aussi sous le nom de Rin Rin au Japon. Né au zoo de Beijing le 5 septembre 1985, ce mâle a passé quelques mois à New York, d'avril à novembre 1987, et à Tampa (Floride, USA) de novembre 1987 à octobre 1988. Pour célébrer le 20ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon, fait unique, les deux pays se sont échangés un panda : tandis que You You, né au Japon, est envoyé à Beijing, Ling Ling est envoyé de Chine au Japon. Après son arrivée au Japon, Ling Ling s'est rendu trois fois au Mexique pour des tentatives d'accouplements qui se sont révélées infructueuses.
Ling Ling - © Zoo d'Ueno
Ling Ling va mourir au zoo de Tokyo le 30 avril 2008 d'un arrêt cardiaque (lire l'article), laissant le zoo de Tokyo sans panda pour la première fois depuis 1972.
Dans le cadre de sa coopération avec le zoo de Chapultepec, à Mexico (Mexique), le zoo de Tokyo va recevoir le 3 décembre 2003 une femelle, Shuan Shuan, qui est retournée chez elle au bout de presque deux ans, le 26 septembre 2005, après avoir échoué à laisser une descendance au Japon (lire l'article). Elle avait été inséminée à plusieurs reprises avec du sperme de Ling Ling, mais sans succès de naissance.
Shuan Shuan, née le 15 juin 1987, est toujours en vie au zoo de Mexico.
Peu après le décès de Ling Ling, qui avait ému le peuple japonais, le zoo annonçait qu'il était en contact avec le ministère nippon des Affaires étrangères pour obtenir un autre panda de la Chine. Après plusieurs mois de négociations, Shintaro Ishihara, gouverneur de Tokyo, a annoncé le vendredi 12 février 2010 que deux pandas devraient arriver dans la capitale japonaise en 2011 pour un coût annuel de 950 000 dollars (lire l'article). L'association chinoise de conservation de la vie sauvage (China Wildlife Conservation Association CWCA) et le gouvernement de Tokyo ont signé un accord pour la venue de ces deux pandas le lundi 28 juillet 2010 (lire l'article). Cet accord fait suite à un accord de principe signé en 2008 par le président chinois Hu Jintao et le premier ministre japonais Yasuo Fukuda durant la visite officielle au Japon d'Hu Jintao.
Les deux pandas choisis, Bi Li et Xian Nu sont arrivés au Japon le 21 février 2011 (lire l'article).
Un avion aux couleurs du panda a été spécialement affrété pour Xian Nu et Bi Li - © Zoo d'Ueno
Le mâle Bi Li est né le 16 août 2005 au centre de Wolong (Chine), centre détruit par le séisme meurtrier de mai 2008. Sa mère est Gong Zhu et son père Ling Ling. Il avait été transféré le 2 avril 2008 au Guangzhou Panyu Xiangjiang Safari Park où il a séjourné un peu plus de 2 ans avant de rentrer à la base de Yaan Bifengxia le 20 juillet 2010.
La femelle Xian Nu est née le 3 juillet 2005, également au centre de Wolong. Suite au séisme, elle avait été transférée le 26 juin 2008 au Guangzhou Panyu Xiangjiang Safari Park avant de rentrer elle aussi à la base de Yaan Bifengxia le 20 juillet 2010. Sa mère est Ying Ying et son père Lin Lin.
Ces deux pandas ont été renommés à leur arrivée au Japon. Bi Li a été rebaptisé Li Li (prononcé Ri Ri en japonais), Xian Nu rebaptisée Xin Xin (prononcé Shin Shin en japonais).
L'année qui a suivi leur arrivée, Bi Li et Xian Nu se sont accouplés naturellement les 25 et 26 mars 2012 et Xian Nu a donné naissance à un petit le 5 juillet 2012 (lire l'article). Malheureusement, le petit est décédé six jours plus tard d'une pneumonie (lire l'article).
La femelle Xian Nu, connue au Japon sous le nom de Shin Shin, dans son enclos intérieur - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le mâle Bi Li, connu au Japon sous le nom de Ri Ri, dans son enclos intérieur - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
L'espace des pandas se situe historiquement juste à droite après l'entrée principale. Les visiteurs rentrent dans une surface couverte où ils vont d'abord pouvoir en apprendre plus sur le panda géant, ses mœurs, sa vie en captivité, son habitat, les autres espèces qui cohabitent avec lui, les menaces qui pèsent sur lui et son habitat. L'éducation à la conservation est le leitmotiv du zoo qui multiplie les panneaux d'informations pour sensibiliser et informer le public. Des volontaires nombreux dans le zoo sont toujours là pour répondre aux questions des plus passionnés.
Cette mosaïque qui marque l'entrée du secteur des pandas est le symbole de la coopération du zoo de Tokyo avec la Chine depuis 1972
27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Entrée dans le secteur des pandas - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Panneaux d'explications sur l'espèce, immédiatement après l'entrée dans le secteur des pandas - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Après l'espace informatif, les visiteurs se dirigent vers deux allées où ils peuvent observer les deux pandas lorsqu'ils sont dans leurs enclos intérieurs, ce qui était le cas le jour de ma visite à cause des températures élevées.
Les visiteurs observent les pandas dans leurs enclos intérieurs depuis deux allées - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, les visiteurs ressortent du bâtiment et se dirigent vers les enclos extérieurs qui sont dans le prolongement.
L'espace des pandas se compose de cinq enclos intérieurs, dont deux servent d'enclos principaux pour Bi Li et Xian Nu, et de cinq enclos extérieurs, dont deux servent d'enclos principaux.
Schéma des enclos des pandas - Extrait de "Ueno zoo panda book" - © Zoo d'Ueno
Enclos intérieur de la femelle Xian Nu - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enclos intérieur du mâle Bi Li - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enclos extérieur de Xian Nu - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enclos extérieur de Bi Li - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Un espace réfrigéré sert pour le stockage du bambou qui est livré deux fois par semaine en provenance de la péninsule japonaise d'Izu. Quatre espèces de bambous sont fréquemment utilisées et les pandas sont nourris six fois par jour. Cinq soigneurs japonais se relaient pour prendre soin des pandas.
L'espace réfrigéré et humidifié qui sert pour le stockage du bambou afin qu'il conserve ses qualités nutritives entre deux livraisons
27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Comme mentionné en introduction, le zoo abrite de nombreuses espèces. En voici quelques autres en plus du panda géant.
La sous-espèce de perdrix des neiges Lagopus mutus hyperboreus habite seulement l'archipel norvégien de Svalbard et l'archipel François-Joseph.
Lagopus mutus hyperboreus - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Cacatua galerita triton est une sous-espèce de cacatoès à huppe jaune qui vit uniquement en Nouvelle-Guinée et dans les îles alentour.
Cacatua galerita triton - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le coq de roche péruvien (Rupicola peruviana) est l'oiseau national du Pérou. Il habite les bois de la Haute Forêt du Pérou et de la forêt bolivienne, et il est distribué tout au long des bois de montagne du flanc oriental andin dès la Colombie jusqu'à la Bolivie.
Coq de roche péruvien - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
L'ours noir japonais (Ursus thibetanus japonicas) est une sous-espèce de l'ours noir d'Asie. Il vit à l'état sauvage dans les îles japonaises de Honshū et de Shikoku, mais est éteint sur l'île de Kyushu. Cet ours est fréquemment tué au Japon pour la médecine traditionnelle mais aussi pour des motifs de difficultés de cohabitation avec l'homme.
L'ours noir japonais - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
L'ours brun d'Hokkaido (Ursus arctos yesoensis ou Ursus arctos lasiotus) est une sous-espèce d'ours brun qui habite dans plusieurs territoires dont l'île japonaise d'Hokkaido.
L'ours brun d'Hokkaido - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
L'ours polaire - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Boîte aux lettres à proximité de l'entrée du zoo, dans le parc d'Ueno - 27 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus
Poursuite des activités ce mois de juillet à la base de Chengdu, dans la continuité des activités des deux mois précédents (lire ma chronique du mois de juin - lire ma chronique du mois de mai).
Pour une description de la base de Chengdu, voir la page spéciale sur mon site dédiée aux Centres de recherche et d'élevage du panda géant en Chine.
Base de Chengdu - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités des lundi 23 et mardi 24 juillet 2013 :
Les lundi 22 et mardi 23 juillet étaient consacrés au trafic de la vie sauvage, notamment le trafic animal.
Le trafic de la vie sauvage est le commerce illégal des végétaux et des animaux.
Chine, mais aussi États-Unis, Japon et Vietnam sont les quatre plus gros consommateurs illicites de "vie sauvage", que ce soit pour se nourrir, pour la gloire, comme animaux de compagnie, ou encore pour la médecine traditionnelle ou les croyances diverses et variées.
Par exemple, les tigres vont être chassés et tués pour alimenter le marché chinois. En Chine, les os de tigres sont censés augmenter la virilité des hommes, lutter contre les fragilités osseuses, lutter contre les fractures, lutter contre les rhumatismes... Et des vertus sont même prétendus au pénis de tigre. Sans oublier que la fourrure de l'animal va faire la fierté des riches collectionneurs qui n'ont trouvé d'autres moyens pour exposer leur puissance et leur argent.
L'Asie est majoritairement responsable du massacre des éléphants en Afrique pour alimenter le marché de l'ivoire.
En Chine, l'ours noir d'Asie ou ours du Tibet est aussi la cible de ce trafic. Ses pieds figurent au panel de la cuisine chinoise, sa bile est prétendue soigner les maladies oculaires, les maladies du foie et chasser les substances toxiques du corps. Sans oublier que sa fourrure est aussi prisée des collectionneurs.
Plus largement, et pour ne citer que quelques exemples parmi les plus démonstratifs, les requins meurent dans les océans après s'être faits couper leur aileron alimentant le marché mondial, les thons rouges de la Méditerranée sont surpêchés pour la cuisine notamment japonaise, et des centaines d'autre espèces animales sont ainsi massacrées et en voie de disparition pour alimenter nos assiettes, mais aussi nos désirs de fourrure, nos coutumes, nos lubies d'héberger un animal sauvage à la maison (les fameux "NAC" pour "nouveaux animaux de compagnie") ou tout simplement car avoir un trophée de chasse d'un animal sauvage est censée être synonyme de gloire et de puissance.
Ces trafics et commerces des animaux menacent la biodiversité, perturbent les équilibres naturels en ôtant des espèces pour toujours ou au contraire en introduisant de nouvelles espèces dites invasives ou exotiques, menacent la vie sauvage et par effet indirect l'espèce humaine.
Le trafic de la vie sauvage, animal ou végétal, est souvent annoncé comme le troisième plus gros négoce illégal au monde, derrière la drogue et les armes, même s'il est difficile à quantifier car illégal.
Quelques chiffres issues du rapport très complet de décembre 2012 publié par le WWF (version française accessible ici) font froids dans le dos :
- Chaque année, 100 millions de tonnes de poissons, 1,5 million d’oiseaux vivants et 440 000 tonnes de plantes médicinales sont victimes du commerce illégal,
- En 2011, d’importantes saisies ont permis d’intercepter de l’ivoire illégal provenant, selon les estimations, de 2 500 éléphants,
- Le commerce illégal d’espèces sauvages (sans compter le commerce du bois et de la pêche) a été estimé à 10 milliards de dollars par an. Pour la pêche illégale, environ 9 milliards, et 7 milliards pour le bois illégal.
- Le prix de la corne de rhinocéros a atteint les 60 000 dollars le kilo, soit deux fois celui de l’or ou du platine, et a aujourd’hui plus de valeur sur le marché noir que les diamants ou la cocaïne.
Aujourd'hui, il est aisément compréhensible que nous pouvons vivre exactement de la même manière sans aucun de ces produits issus du trafic illégal, la très grosse majorité de ce trafic étant pour alimenter un marché de conforts ou de croyances dépassées.
Chacun a un rôle à jouer en cessant d'acheter tous les produits dérivés de la vie sauvage, en se nourrissant de produits non issus du trafic, en cessant d'attribuer des propriétés médicinales aux produits dérivés d'animaux tués illégalement, en agissant comme un consommateur responsable.
L'objectif de ces deux journées, en plus d'en apprendre davantage sur cet horrible trafic, était de réfléchir ensemble sur un projet d'exposition pour sensibiliser les visiteurs de la base de Chengdu et du zoo de Chengdu à ce trafic et à ses conséquences pour la biodiversité et pour l'homme. L'objectif est bien que les visiteurs comprennent qu'il n'est plus admissible aujourd'hui d'être complice d'un tel trafic et donc les inviter à cesser de consommer toute vie sauvage sous quelque forme que ce soit.
C'est un projet ambitieux, qui sera relayé par un slogan, un logo, un site internet, et le zoo de Chengdu espère devenir le zoo chinois pionnier sur cette thématique et impulser des actions similaires dans d'autres zoos chinois. Pour cela, le zoo va s'appuyer sur sa centaine de volontaires annuels pour relayer ce message et inviter le maximum de personnes à visiter la future exposition et à s'engager à bannir les produits issus de ce trafic. Le potentiel est énorme puisque 3 millions de personnes visitent le zoo de Chengdu chaque année. La même exposition se tiendra simultanément à la base de Chengdu pour toucher également le million de visiteurs annuels de la base de pandas.
Je relaierai ici les actions à venir de ce groupe de travail, et détaillerai la future exposition qui devrait être prête avant le prochain nouvel an chinois.
Activités du lundi 8 au vendredi 12 juillet 2013 :
Compte-tenu d'une panne d'ordinateur, je n'ai pas été en mesure de publier quotidiennement la chronique de mes activités.
La semaine du 8 au 12 juillet a été centrée autour de 3 grandes activités :
- nettoyage des enclos (lundi 8 matin, mardi 9 matin, mercredi 10 matin). J'ai travaillé ces trois matinées dans les secteurs "Adult enclosure" principalement avec A Bao et De De mais aussi dans le secteur "Sub-adult enclosure" notamment le mardi matin. A Bao et De De vont bien, même si pour l'instant seul A Bao a accès à l'extérieur. De De est encore un peu stressé et timide mais il devrait très prochainement avoir accès à l'enclos extérieur avec A Bao. Les deux autres pandas dans le secteur "Adult enclosure" sont Qiao Qiao et Mao Mao. Dans le secteur "Sub-adult enclosure" j'ai travaillé au plus près des pandas Yong Yong, Ai Bang et Xiang Bing.
- le training avec les pandas : le lundi 8 après-midi avec les pandas Xing Bang (No.14 Panda enclosure) et He Qi (Cub enclosure) et le mardi 9 après-midi avec Shuang Xin (Cub enclosure). Généralement, le training commence avant l'âge de 2 ans et lorsqu'un panda va débuter l'apprentissage des gestes, les soigneurs vont établir un planning sur 7 jours et la plupart sont capables de retenir les gestes en une semaine. Bien entendu, seul un entraînement régulier par la suite renforcera l'apprentissage et la mémorisation des gestes. Ensuite les pandas sont entrainés à se laisser toucher la patte, patte qui servira de support pour les prises de sang. Ainsi les soigneurs vont toucher énergiquement la patte de l'animal pour que celui-ci n'ait pas de réaction disproportionnée lors de la pose de la seringue. Certains pandas vont être rasés sur quelques centimètres carrés sur leur patte pour faciliter la pose de la seringue, d'autres non, tout dépend de la profondeur de leurs veines. Là aussi, le rasage nécessite précaution et entraînement. La plupart des pandas ne sont entrainés à poser qu'une seule des pattes sur la glissière métallique mais quelques rares pandas sont capables d'effectuer ce geste avec leurs deux pattes avant. Enfin, les pandas sauvages capturés dans le milieu naturel sont également capables d'apprendre des gestes simples, quelque soit leur âge.
- la Fondation et les activités annexes en lien avec la Fondation (mardi 9 après-midi et jeudi 11 après-midi). Ce point mérite d'être détaillé, voir ci-après.
A noter que le mercredi 10 juillet après-midi était consacré à une réunion avec l'équipe en charge du programme Chengdu Pambassador.
Enfin, le vendredi 12 juillet matin nous avons pu observer le petit de Eryatou, alors âgé d'un jour et demi. J'ai consacré une actualité complète à cette naissance avec quelques photos prises ce vendredi 12 (lire l'article). Enfin, l'après-midi du vendredi était dédiée à un échange avec les experts de la base sur ce que nous avons appris ici depuis notre arrivée, en ce qui me concerne depuis 11 semaines.
Revenons sur la Fondation :
Les pluies nombreuses et continues à Chengdu nous ont empêché de rejoindre la base de Chengdu le jeudi 11 juillet au matin. La situation étant meilleure en fin de matinée, nous avons pu assister à l'activité de l'après-midi : il s'agissait d'une présentation de la Fondation de Chengdu sur la recherche et l'élevage du panda géant (Chengdu Giant Panda Breeding Research Foundation) par Madame Yan en charge de la fondation, et Madame Qing Juan, directrice de l'activité "Keeper experience".
Cette fondation, qui travaille de concert avec la base de Chengdu, a été établi en 1987. C'est une organisation à but non lucratif et enregistré auprès des autorités chinoises.
L'objectif principal de cette fondation est de fournir des fonds pour l'élevage et la conservation du panda géant et d'autres espèces animales en danger, de protéger la biodiversité et l'environnement, et ce pour améliorer la conservation ex situ et in situ des espèces en danger.
Pour cela, depuis son établissement, la Fondation a collecté 100 000 000 RMB (environ 12,3 millions d'euros) au travers de différents canaux : le grand public, les entreprises et les organisations.
La Fondation affecte ensuite les fonds collectés à des projets préalablement sélectionnés. Ainsi, depuis son établissement, la Fondation a subventionné plus de 220 projets de recherche scientifique dans les domaines de la nutrition, de l'élevage, du contrôle des maladies, des hormones de la reproduction, de la génétique, mais aussi en faveur de projets écologiques et d'éducation à la conservation. De plus, 230 chercheurs engagés dans la conservation du panda géant ont bénéficié de formations. Les bénéficiaires de ces fonds sont la base de Chengdu, le Sichuan Key Laboratory of Conservation Biology on Endangered Wildlife, le zoo de Chengdu mais aussi 5 grandes universités chinoises, les réserves naturelles de Longxi-Hongkou et de Baishuihe, et d'autres organisations de recherche et de conservation du panda géant.
Plusieurs travaux scientifiques supportés par la Fondation ont donné lieu à des publications majeures dans les journaux scientifiques internationaux ou chinois.
La Fondation a également financé la construction d'une partie de la base de Chengdu, mais aussi du Muséum du panda géant à l'intérieur de la base, et subventionne la construction de la Vallée du Panda à Dujiangyan.
Dans les années passées, la Fondation a également joué un rôle clef pour encourager la coopération scientifique et les échanges entre les organismes chinois et les organisations internationales de conservation de la vie sauvage, dont l'IUCN/SSC/CBSG, Conservation International, Association of Zoos and Aquariums (AZA), l'Université de Liverpool, l'Université de Nihon,...
Une des sources de fonds pour la Fondation est l'activité dénommée "Panda keeper experience", que les visiteurs de la base de Chengdu peuvent choisir et à laquelle nous avons pu assister le mardi 9 juillet après-midi. Le prix de l'activité est de 2000 RMB (environ 250 euros), soit un tarif plutôt élevé, donc il faut percevoir cette activité avant-tout comme une forme de donation. Durant 30 minutes, les participants vont écouter une présentation générale de l'espèce, vont pouvoir laver des bambous et enfin le clou de l'activité : prendre une photo avec un jeune panda.
Cette activité est parfois critiquée, et je laisserai chacun se forger son propre avis, mais pour avoir assisté à la photo, j'ai pu constater que le jeune panda ne semblait pas du tout perturbé par l'exercice et il incarne à lui seul un des rôles de l'élevage en captivité qui consiste à susciter de l'émotion visant à la collecte d'argent. Des sommes importantes sont collectées via ce canal, sommes revenant en intégralité à la fondation, et servant à financer les différents projets mentionnés ci-dessus.
Notons que les participants à l'expérience repartent avec une photo, un tee-shirt et un certificat.
Connie Woodland, une américaine de Fuellirton (Californie), qui a assisté à l'expérience le mardi 9 s'est dite très contente d'avoir pu approcher de si près un jeune panda et d'avoir une photographie souvenir avec lui. Ce jour là le "panda modèle" était Oreo (Ao Liao) né le 28 juillet 2012 (lire l'article).
En plus des activités programmées de la Fondation, et des programmes qui sont sponsorisés chaque année après une validation en comité de pilotage, la Fondation intervient également sur des projets d'urgence, notamment en matière d'éducation à la conservation. Par exemple, une activité aura lieu le jeudi 18 juillet avec des enfants du comté de Lushan, touché par le séisme du 20 avril 2013 (lire l'article).
Une autre forme directe d'aide pour la Fondation est le volontariat. Seules 33 personnes sont salariées et de nombreux experts ou autres personnes aident temporairement l'association.
Enfin, deux autres formes de support financier sont possibles : le don direct d'argent et l'adoption de pandas, géant ou roux.
La donation consiste à donner de l'argent pour supporter un projet défini et le don est encadré par un contrat.
L'adoption consiste à adopter symboliquement un animal durant une période d'un an ou plus, voire pour la durée de vie de l'animal. Le donateur reçoit des nouvelles régulières du panda qu'il a adopté et peut même renommer l'animal. D'autres bénéfices lui sont accordés.
Enfin une autre source d'argent pour la fondation est l'argent des prêts de pandas hors de Chine. Ce n'est plus un secret, les zoos qui hébergent des pandas versent une somme annuelle (environ 1 000 000 dollars US par an) et l'utilisation de cet argent est strictement encadrée par les contrats qui régissent les prêts. Ainsi, dans les cas des pandas prêtés par la base de Chengdu, 51% de la somme revient à l'Administration d'Etat des Forêts (State Forestry Administration) pour la protection des pandas sauvages et de leur habitat ; et le reste du montant, soit 49% revient à la Fondation. Ainsi, l'argent ne sert par exemple pas à payer le salaire du personnel de la base, ni les charges courantes. Il est uniquement mobilisable pour les projets de la Fondation que j'ai détaillé ci-dessus.
Le fonctionnement courant de la base (salaires du personnel, frais courants, nourriture des pandas, médicaments...) est financé par les visiteurs au travers des tickets d'entrée, et par le gouvernement de Chengdu.
Activités du vendredi 5 juillet 2013 matin :
Comme chaque vendredi matin, c'est direction le secteur "Moonlight nursery house". Ce matin, la température n'étant pas encore trop élevée, nous avons pu entrer dans l'enclos extérieur où se trouvaient trois des jeunes nés l'an dernier à la base de Chengdu : la femelle Xiao Qiao née le 12 août 2012 (lire l'article), le mâle Si Yi né le 19 août 2012 (lire l'article) et enfin la femelle Yuan Run née le 25 août 2012 (lire l'article).
Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Yuan Run - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Yuan Run et Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Moments inoubliables avec Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, cette matinée fut aussi l'occasion de voir Shi Shi, qui occupait un enclos extérieur dans le même secteur "Moonlight nursery house". Shi Shi est né le 10 septembre 1998 à la base de Chengdu et a été prêté au Centre Chinois de Recherches et de Conservation du Panda Géant (China Conservation and Research Center for the Giant Panda) de début 2006 à février 2012 dans le cadre d'un programme d'échange de pandas entre ces deux institutions (lire l'article). Agé de 15 ans, Shi Shi est le père du mâle Lan Zi né à la base de Chengdu le 21 octobre 2004, de la femelle Si Yuan née le 22 octobre 2004 à la base de Chengdu, et de la femelle Si Xue née le 22 juillet 2006 au centre de Wolong (lire l'article).
Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Si Yuan, fille de Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du jeudi 4 juillet 2013 :
Journée un peu particulière pour moi, puisque j'étais suivi ce jeudi par une équipe de France 2, une chaîne du groupe France Télévisions, dans le cadre d'un reportage qui sera diffusé dans les jours qui arrivent dans un des Journaux télévisés de la chaîne.
La matinée a été consacrée au nettoyage des enclos intérieurs de De De dans le secteur "Adult panda enclosure" et de Ai Bang dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
Le mâle De De est l'un des jumeaux nés au zoo de Madrid (Espagne) le 7 septembre 2010 (lire l'article) et transférés en Chine le 18 mai dernier (lire l'article). Sortis de quarantaine le 24 juin 2013 (lire l'article), De De et son frère A Bao vivent depuis dans le secteur "Adult panda enclosure".
La femelle Ai Bang, connue aussi sous le nom Ai Hin, est née au zoo Adventure World de Shirahama, au Japon le 23 décembre 2006 (lire l'article). La portée était jumelle et Ming Bang, connu aussi sous le nom de Mei Hin, est son frère jumeau. Ming Bang et Ai Bang ont rejoint la base de Chengdu le 14 décembre 2012 (lire l'article). Depuis, Ming Bang a été envoyé au zoo de Liuzhou, dans la province chinoise du Guangxi.
Enfin, nous avons pu échanger avec les journalistes sur les comportements du panda mâle Yong Yong, notamment en terme de marquage du territoire. Ce jeudi 4 juillet Yong Yong, né le 26 août 2004, occupait un enclos extérieur également dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
De 14 à 15 heures, Sarah Bexell nous a fait partager une présentation passionnante sur l'intelligence animale et la sensibilité animale. "L'homme est le seul animal à penser qu'il n'en est pas un", tout est résumé dans cette expression. Les animaux, tout comme l'homme qui en est un, ont des modes de communication, des émotions, des sensibilités, et de nombreuses études scientifiques sont là pour le prouver. Une société qui ne respecte pas le vivant est toujours une société qui ne respecte pas ses hommes.
Ensuite, j'ai pu distribuer des pommes aux six jeunes pandas nés en 2011 et qui partagent le même enclos dans le secteur "Panda cub enclosure". Séparés récemment de leur mère adoptive Mao Mao (lire ma chronique d'hier mercredi 3 juillet ci-dessous), ils n'en ont pas moins démontré un vif intérêt pour cette gourmandise !
Enfin, nous avons pu rencontrer Mme Wang Shuqun, une des soigneurs du secteur "Sunshine nursery house". Elle nous a indiqué que les quatre pandas nés en 2012, le mâle Ao Liao (alias Oreo) né le 28 juillet (lire l'article), les jumeaux mâles Cheng Shuang and Cheng Dui nés le 12 septembre (lire l'article), et la femelle Miao Miao née le 4 septembre (lire l'article) sont élevés en alternance par Li Li (mère de Ao Liao) et Cheng Ji (mère de Cheng Shuang et de Cheng Dui). L'information à retenir est qu'il n'y a pas de répartition prédéfinie et que les quatre jeunes peuvent très bien se retrouver ensemble avec une même mère de substitution ou bien être affectés à l'une ou l'autre des deux mères, sans pour autant que ce soit toujours le même jeune avec la même mère.
La "Sunshine nursery house" héberge neuf femelles potentiellement enceintes cette année et 3 soigneurs dorment sur place toutes les nuits car des naissances peuvent arriver dans les tous prochains jours. Ces 3 soigneurs se relaient pour dormir et ainsi un est toujours éveillé pour surveiller les femelles. La journée, 5 soigneurs travaillent dans ce secteur.
Ce jeudi 4 juillet, ce sont donc 15 pandas qui vivent dans la "Sunshine nursery house", les 9 femelles potentiellement enceintes, auxquelles il faut ajouter Li Li, Cheng Ji et 4 des jeunes nés en 2012.
Activités du mercredi 3 juillet 2013 :
Mardi 25 juin dernier (lire ma chronique du mois dernier), nous avions observé le comportement de pandas face à un objet d'enrichissement.
Retour ce matin dans le secteur "No.2 Panda house" où j'ai pu observer pendant une heure le panda Long Long, un mâle âgé d'environ 18 ans secouru le 16 avril 2012 dans la réserve naturelle de Longxi-Hongkou (pour en savoir davantage sur ce sauvetage, lire ma chronique du 15 novembre 2012 lors de la finale du concours Pambassador).
Seul changement par rapport à la semaine dernière : l'objet d'enrichissement. Le 25 juin dernier, nous avions utilisé un sac en toile de jute comportant quelques jeunes pousses de bambous ainsi que des morceaux de pommes. Cette fois-ci l'objet est un tube en PVC d'une vingtaine de centimètres de diamètre fermé d'un seul côté dans lequel nous avons placé des morceaux de pommes puis des tiges de bambous. L'objet a été suspendu dans la cage de Long Long.
L'objet d'enrichissement utilisé avec Long Long pour cette seconde séance d'observation comportementale - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Long Long a passé sa vie dans le milieu naturel si bien qu'il a une vue et une ouïe très développées et il est toujours en alerte au moindre bruit ou passage d'un soigneur ; mais aussi très timide si bien qu'il n'a pas investigué l'objet pendant l'heure d'observation, sans doute à cause de la présence des soigneurs qui travaillaient à proximité mais aussi à cause de ma présence. Cependant, Long Long a accepté une pomme que je lui ai donné à la fin de la séquence d'observation. Il est venu chercher la pomme que je lui tendais, et semble-t-il que c'est relativement rare qu'il accepte de la nourriture qui ne soit pas distribuée par une personne qu'il connaît davantage.
Enfin, Long Long s'est également vu attribuer un gâteau spécial panda.
Long Long - No.2 Panda house - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
A 14 heures, Sarah Bexell, en charge du projet d'éducation à la conservation lors des camps d'été dans des réserves naturelles avec des enfants, nous a exposé des possibilités de jeux à mettre en pratique avec les enfants tout en faisant émerger des notions relatives à la protection des habitats et de la vie sauvage.
Enfin, nous nous sommes rendus dans le secteur "Adult panda enclosure" où nous avons pu humidifier et nourrir Qiao Qiao. Qiao Qiao est un mâle arrivé à Chengdu en février dernier. Né dans le milieu naturel en 2004, il a été capturé dans le comté de Changqing (Monts Qinling, province du Shaanxi) le 9 avril 2006 puis a été transféré le jour suivant au Centre de sauvetage et de recherche sur les animaux sauvages du Shaanxi (Shaanxi Province Wild Animal Rescue & Breeding Center) située dans la ville de Louguantai (province du Shaanxi). Il a été transféré de Louguantai à Chengdu avant la saison des amours mais ne s'est pas accouplé. Sa semence a cependant été collectée pour inséminer des femelles de la base.
Qiao Qiao - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Surprise ce jour là, Mao Mao occupait un enclos dans ce même secteur "Adult panda enclosure". Fu Wa, connue aussi sous le nom de Mao Mao, une femelle née le 6 septembre 2003, prenait en charge jusqu'à peu les trois paires de jumeaux nés en 2011 : He Qi et He Mei, deux femelles, Shuang Xin et Shuang Xi, deux femelles également, et Cheng Da et Liu Yi, une femelle et un mâle. Mao Mao et ces six jeunes occupaient un enclos dans le bâtiment "Giant panda cub enclosure".
Cependant, depuis quelques jours, il était de plus en plus difficile pour Mao Mao d'allaiter et de s'occuper des six jeunes. Maintenant âgés de presque deux ans, ils blessaient parfois Mao Mao lors de la têtée et Mao Mao cherchait à éviter au maximum les six jeunes ces jours derniers. Par exemple, lorsque le soigneur Tan JinTao appelait les six pandas et Mao Mao pour les faire rentrer et leur donner à manger, Mao Mao préférait rester à l'extérieur pour être seule que de rentrer avec les jeunes. La décision a donc été prise de séparer Mao Mao des six jeunes qui ont maintenant atteint un âge leur permettant de vivre seuls.
Activités du mardi 2 juillet 2013 :
Ce mardi matin était consacré à la nutrition des pandas géants en captivité. Dans la nature, les pandas sauvages sélectionnent les espèces de bambous les plus nutritives dans une région donnée et se nourrissent des parties de la plante les plus riches et les plus nutritives. A cause du nombre limité d'espèces de bambous fournies en captivité, de même que leur qualité nutritive inférieure, il est nécessaire de compléter l'alimentation des pandas captifs pour combler le déficit nutritif. La nourriture concentrée à base de céréales distribuée en captivité en complément du bambou ne doit cependant pas représenter plus de 10% de l'alimentation, idéalement 5%.
Les pandas de la base de Chengdu se voit offrir au quotidien des gâteaux spécial panda, dénommés "wowotou". Ce gâteau est composé de riz, d'huile végétale, de farine de blé, de maïs, de soja, de flocons d'avoine, d'eau, de phosphate de calcium (CaHPO4), de carbonate de calcium (CaCO3) ; mais aussi de vitamines.
Une fois les ingrédients mixés, il s'agit de mouler les gâteaux avant de les faire cuire, et cela a été notre activité dans la cuisine de la base.
Mixage des différents ingrédients, moulage des gâteaux, cuisson et les gâteaux prêts à être envoyés dans les enclos
2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Nous avons ensuite lavé le bambou qui est ensuite distribué dans les enclos.
Nettoyage des pousses de bambous fraîchement coupées - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, nous avons distribué le gâteau spécial panda aux pandas roux qui comme les pandas géants en reçoivent au quotidien. La recette est similaire mais les gâteaux comportent plus d'eau car les pandas roux n'ont pas la même force de mastication.
Un oiseau s'empare d'un morceau de cake destiné aux pandas roux - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le mardi 2 juillet après-midi, nous avons bénéficié d'informations sur l'éducation à la conservation à la base de Chengdu. Mme Xu Ping, en charge du département d'éducation à la conservation à la base de Chengdu nous a expliqué que la base utilise principalement 6 canaux pour favoriser cette éducation à la conservation :
- la formation, notamment d'enseignants, du personnel des réserves naturelles, des parents, des éducateurs dans les zoos,...
- l'intervention auprès du public scolaire : participation aux programmes scolaires, intervention dans les écoles, expositions dans les écoles...
- les projets dans les réserves naturelles : développement de supports pour les activités, camps d'été pour les enfants,...
- les programmes vis à vis des communautés locales : expositions, réunions, échanges...
- l'éducation des touristes : programme dans les réserves naturelles, activités à la base de Chengdu avec les adultes et les élèves, camps d'été à la base, volontariat,...
- l'édition de supports : livres, revues, site internet ; et événements ponctuels : l'opération WWF Earth Hour avec le panda Mei Lan, Chengdu Pambassador, nouvel an chinois,...
Enfin, à 15 heures, Sarah Bexell est revenue sur la perte de biodiversité qui se traduit par la perte de diversité génétique, par la perte des espèces animales et végétales, par la perte des habitats et de la diversité des écosystèmes, mais aussi par la perte de certains comportements (exemple de certains oiseaux qui ne migrent plus à cause du réchauffement climatique). L'homme est indiscutablement le responsable de ces maux qui engendreront certainement des effets irréversibles et inattendus dans le futur.