Visites de zoos et compte-rendus
Poursuite des activités ce mois de juillet à la base de Chengdu, dans la continuité des activités des deux mois précédents (lire ma chronique du mois de juin - lire ma chronique du mois de mai).
Pour une description de la base de Chengdu, voir la page spéciale sur mon site dédiée aux Centres de recherche et d'élevage du panda géant en Chine.
Base de Chengdu - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités des lundi 23 et mardi 24 juillet 2013 :
Les lundi 22 et mardi 23 juillet étaient consacrés au trafic de la vie sauvage, notamment le trafic animal.
Le trafic de la vie sauvage est le commerce illégal des végétaux et des animaux.
Chine, mais aussi États-Unis, Japon et Vietnam sont les quatre plus gros consommateurs illicites de "vie sauvage", que ce soit pour se nourrir, pour la gloire, comme animaux de compagnie, ou encore pour la médecine traditionnelle ou les croyances diverses et variées.
Par exemple, les tigres vont être chassés et tués pour alimenter le marché chinois. En Chine, les os de tigres sont censés augmenter la virilité des hommes, lutter contre les fragilités osseuses, lutter contre les fractures, lutter contre les rhumatismes... Et des vertus sont même prétendus au pénis de tigre. Sans oublier que la fourrure de l'animal va faire la fierté des riches collectionneurs qui n'ont trouvé d'autres moyens pour exposer leur puissance et leur argent.
L'Asie est majoritairement responsable du massacre des éléphants en Afrique pour alimenter le marché de l'ivoire.
En Chine, l'ours noir d'Asie ou ours du Tibet est aussi la cible de ce trafic. Ses pieds figurent au panel de la cuisine chinoise, sa bile est prétendue soigner les maladies oculaires, les maladies du foie et chasser les substances toxiques du corps. Sans oublier que sa fourrure est aussi prisée des collectionneurs.
Plus largement, et pour ne citer que quelques exemples parmi les plus démonstratifs, les requins meurent dans les océans après s'être faits couper leur aileron alimentant le marché mondial, les thons rouges de la Méditerranée sont surpêchés pour la cuisine notamment japonaise, et des centaines d'autre espèces animales sont ainsi massacrées et en voie de disparition pour alimenter nos assiettes, mais aussi nos désirs de fourrure, nos coutumes, nos lubies d'héberger un animal sauvage à la maison (les fameux "NAC" pour "nouveaux animaux de compagnie") ou tout simplement car avoir un trophée de chasse d'un animal sauvage est censée être synonyme de gloire et de puissance.
Ces trafics et commerces des animaux menacent la biodiversité, perturbent les équilibres naturels en ôtant des espèces pour toujours ou au contraire en introduisant de nouvelles espèces dites invasives ou exotiques, menacent la vie sauvage et par effet indirect l'espèce humaine.
Le trafic de la vie sauvage, animal ou végétal, est souvent annoncé comme le troisième plus gros négoce illégal au monde, derrière la drogue et les armes, même s'il est difficile à quantifier car illégal.
Quelques chiffres issues du rapport très complet de décembre 2012 publié par le WWF (version française accessible ici) font froids dans le dos :
- Chaque année, 100 millions de tonnes de poissons, 1,5 million d’oiseaux vivants et 440 000 tonnes de plantes médicinales sont victimes du commerce illégal,
- En 2011, d’importantes saisies ont permis d’intercepter de l’ivoire illégal provenant, selon les estimations, de 2 500 éléphants,
- Le commerce illégal d’espèces sauvages (sans compter le commerce du bois et de la pêche) a été estimé à 10 milliards de dollars par an. Pour la pêche illégale, environ 9 milliards, et 7 milliards pour le bois illégal.
- Le prix de la corne de rhinocéros a atteint les 60 000 dollars le kilo, soit deux fois celui de l’or ou du platine, et a aujourd’hui plus de valeur sur le marché noir que les diamants ou la cocaïne.
Aujourd'hui, il est aisément compréhensible que nous pouvons vivre exactement de la même manière sans aucun de ces produits issus du trafic illégal, la très grosse majorité de ce trafic étant pour alimenter un marché de conforts ou de croyances dépassées.
Chacun a un rôle à jouer en cessant d'acheter tous les produits dérivés de la vie sauvage, en se nourrissant de produits non issus du trafic, en cessant d'attribuer des propriétés médicinales aux produits dérivés d'animaux tués illégalement, en agissant comme un consommateur responsable.
L'objectif de ces deux journées, en plus d'en apprendre davantage sur cet horrible trafic, était de réfléchir ensemble sur un projet d'exposition pour sensibiliser les visiteurs de la base de Chengdu et du zoo de Chengdu à ce trafic et à ses conséquences pour la biodiversité et pour l'homme. L'objectif est bien que les visiteurs comprennent qu'il n'est plus admissible aujourd'hui d'être complice d'un tel trafic et donc les inviter à cesser de consommer toute vie sauvage sous quelque forme que ce soit.
C'est un projet ambitieux, qui sera relayé par un slogan, un logo, un site internet, et le zoo de Chengdu espère devenir le zoo chinois pionnier sur cette thématique et impulser des actions similaires dans d'autres zoos chinois. Pour cela, le zoo va s'appuyer sur sa centaine de volontaires annuels pour relayer ce message et inviter le maximum de personnes à visiter la future exposition et à s'engager à bannir les produits issus de ce trafic. Le potentiel est énorme puisque 3 millions de personnes visitent le zoo de Chengdu chaque année. La même exposition se tiendra simultanément à la base de Chengdu pour toucher également le million de visiteurs annuels de la base de pandas.
Je relaierai ici les actions à venir de ce groupe de travail, et détaillerai la future exposition qui devrait être prête avant le prochain nouvel an chinois.
Activités du lundi 8 au vendredi 12 juillet 2013 :
Compte-tenu d'une panne d'ordinateur, je n'ai pas été en mesure de publier quotidiennement la chronique de mes activités.
La semaine du 8 au 12 juillet a été centrée autour de 3 grandes activités :
- nettoyage des enclos (lundi 8 matin, mardi 9 matin, mercredi 10 matin). J'ai travaillé ces trois matinées dans les secteurs "Adult enclosure" principalement avec A Bao et De De mais aussi dans le secteur "Sub-adult enclosure" notamment le mardi matin. A Bao et De De vont bien, même si pour l'instant seul A Bao a accès à l'extérieur. De De est encore un peu stressé et timide mais il devrait très prochainement avoir accès à l'enclos extérieur avec A Bao. Les deux autres pandas dans le secteur "Adult enclosure" sont Qiao Qiao et Mao Mao. Dans le secteur "Sub-adult enclosure" j'ai travaillé au plus près des pandas Yong Yong, Ai Bang et Xiang Bing.
- le training avec les pandas : le lundi 8 après-midi avec les pandas Xing Bang (No.14 Panda enclosure) et He Qi (Cub enclosure) et le mardi 9 après-midi avec Shuang Xin (Cub enclosure). Généralement, le training commence avant l'âge de 2 ans et lorsqu'un panda va débuter l'apprentissage des gestes, les soigneurs vont établir un planning sur 7 jours et la plupart sont capables de retenir les gestes en une semaine. Bien entendu, seul un entraînement régulier par la suite renforcera l'apprentissage et la mémorisation des gestes. Ensuite les pandas sont entrainés à se laisser toucher la patte, patte qui servira de support pour les prises de sang. Ainsi les soigneurs vont toucher énergiquement la patte de l'animal pour que celui-ci n'ait pas de réaction disproportionnée lors de la pose de la seringue. Certains pandas vont être rasés sur quelques centimètres carrés sur leur patte pour faciliter la pose de la seringue, d'autres non, tout dépend de la profondeur de leurs veines. Là aussi, le rasage nécessite précaution et entraînement. La plupart des pandas ne sont entrainés à poser qu'une seule des pattes sur la glissière métallique mais quelques rares pandas sont capables d'effectuer ce geste avec leurs deux pattes avant. Enfin, les pandas sauvages capturés dans le milieu naturel sont également capables d'apprendre des gestes simples, quelque soit leur âge.
- la Fondation et les activités annexes en lien avec la Fondation (mardi 9 après-midi et jeudi 11 après-midi). Ce point mérite d'être détaillé, voir ci-après.
A noter que le mercredi 10 juillet après-midi était consacré à une réunion avec l'équipe en charge du programme Chengdu Pambassador.
Enfin, le vendredi 12 juillet matin nous avons pu observer le petit de Eryatou, alors âgé d'un jour et demi. J'ai consacré une actualité complète à cette naissance avec quelques photos prises ce vendredi 12 (lire l'article). Enfin, l'après-midi du vendredi était dédiée à un échange avec les experts de la base sur ce que nous avons appris ici depuis notre arrivée, en ce qui me concerne depuis 11 semaines.
Revenons sur la Fondation :
Les pluies nombreuses et continues à Chengdu nous ont empêché de rejoindre la base de Chengdu le jeudi 11 juillet au matin. La situation étant meilleure en fin de matinée, nous avons pu assister à l'activité de l'après-midi : il s'agissait d'une présentation de la Fondation de Chengdu sur la recherche et l'élevage du panda géant (Chengdu Giant Panda Breeding Research Foundation) par Madame Yan en charge de la fondation, et Madame Qing Juan, directrice de l'activité "Keeper experience".
Cette fondation, qui travaille de concert avec la base de Chengdu, a été établi en 1987. C'est une organisation à but non lucratif et enregistré auprès des autorités chinoises.
L'objectif principal de cette fondation est de fournir des fonds pour l'élevage et la conservation du panda géant et d'autres espèces animales en danger, de protéger la biodiversité et l'environnement, et ce pour améliorer la conservation ex situ et in situ des espèces en danger.
Pour cela, depuis son établissement, la Fondation a collecté 100 000 000 RMB (environ 12,3 millions d'euros) au travers de différents canaux : le grand public, les entreprises et les organisations.
La Fondation affecte ensuite les fonds collectés à des projets préalablement sélectionnés. Ainsi, depuis son établissement, la Fondation a subventionné plus de 220 projets de recherche scientifique dans les domaines de la nutrition, de l'élevage, du contrôle des maladies, des hormones de la reproduction, de la génétique, mais aussi en faveur de projets écologiques et d'éducation à la conservation. De plus, 230 chercheurs engagés dans la conservation du panda géant ont bénéficié de formations. Les bénéficiaires de ces fonds sont la base de Chengdu, le Sichuan Key Laboratory of Conservation Biology on Endangered Wildlife, le zoo de Chengdu mais aussi 5 grandes universités chinoises, les réserves naturelles de Longxi-Hongkou et de Baishuihe, et d'autres organisations de recherche et de conservation du panda géant.
Plusieurs travaux scientifiques supportés par la Fondation ont donné lieu à des publications majeures dans les journaux scientifiques internationaux ou chinois.
La Fondation a également financé la construction d'une partie de la base de Chengdu, mais aussi du Muséum du panda géant à l'intérieur de la base, et subventionne la construction de la Vallée du Panda à Dujiangyan.
Dans les années passées, la Fondation a également joué un rôle clef pour encourager la coopération scientifique et les échanges entre les organismes chinois et les organisations internationales de conservation de la vie sauvage, dont l'IUCN/SSC/CBSG, Conservation International, Association of Zoos and Aquariums (AZA), l'Université de Liverpool, l'Université de Nihon,...
Une des sources de fonds pour la Fondation est l'activité dénommée "Panda keeper experience", que les visiteurs de la base de Chengdu peuvent choisir et à laquelle nous avons pu assister le mardi 9 juillet après-midi. Le prix de l'activité est de 2000 RMB (environ 250 euros), soit un tarif plutôt élevé, donc il faut percevoir cette activité avant-tout comme une forme de donation. Durant 30 minutes, les participants vont écouter une présentation générale de l'espèce, vont pouvoir laver des bambous et enfin le clou de l'activité : prendre une photo avec un jeune panda.
Cette activité est parfois critiquée, et je laisserai chacun se forger son propre avis, mais pour avoir assisté à la photo, j'ai pu constater que le jeune panda ne semblait pas du tout perturbé par l'exercice et il incarne à lui seul un des rôles de l'élevage en captivité qui consiste à susciter de l'émotion visant à la collecte d'argent. Des sommes importantes sont collectées via ce canal, sommes revenant en intégralité à la fondation, et servant à financer les différents projets mentionnés ci-dessus.
Notons que les participants à l'expérience repartent avec une photo, un tee-shirt et un certificat.
Connie Woodland, une américaine de Fuellirton (Californie), qui a assisté à l'expérience le mardi 9 s'est dite très contente d'avoir pu approcher de si près un jeune panda et d'avoir une photographie souvenir avec lui. Ce jour là le "panda modèle" était Oreo (Ao Liao) né le 28 juillet 2012 (lire l'article).
En plus des activités programmées de la Fondation, et des programmes qui sont sponsorisés chaque année après une validation en comité de pilotage, la Fondation intervient également sur des projets d'urgence, notamment en matière d'éducation à la conservation. Par exemple, une activité aura lieu le jeudi 18 juillet avec des enfants du comté de Lushan, touché par le séisme du 20 avril 2013 (lire l'article).
Une autre forme directe d'aide pour la Fondation est le volontariat. Seules 33 personnes sont salariées et de nombreux experts ou autres personnes aident temporairement l'association.
Enfin, deux autres formes de support financier sont possibles : le don direct d'argent et l'adoption de pandas, géant ou roux.
La donation consiste à donner de l'argent pour supporter un projet défini et le don est encadré par un contrat.
L'adoption consiste à adopter symboliquement un animal durant une période d'un an ou plus, voire pour la durée de vie de l'animal. Le donateur reçoit des nouvelles régulières du panda qu'il a adopté et peut même renommer l'animal. D'autres bénéfices lui sont accordés.
Enfin une autre source d'argent pour la fondation est l'argent des prêts de pandas hors de Chine. Ce n'est plus un secret, les zoos qui hébergent des pandas versent une somme annuelle (environ 1 000 000 dollars US par an) et l'utilisation de cet argent est strictement encadrée par les contrats qui régissent les prêts. Ainsi, dans les cas des pandas prêtés par la base de Chengdu, 51% de la somme revient à l'Administration d'Etat des Forêts (State Forestry Administration) pour la protection des pandas sauvages et de leur habitat ; et le reste du montant, soit 49% revient à la Fondation. Ainsi, l'argent ne sert par exemple pas à payer le salaire du personnel de la base, ni les charges courantes. Il est uniquement mobilisable pour les projets de la Fondation que j'ai détaillé ci-dessus.
Le fonctionnement courant de la base (salaires du personnel, frais courants, nourriture des pandas, médicaments...) est financé par les visiteurs au travers des tickets d'entrée, et par le gouvernement de Chengdu.
Activités du vendredi 5 juillet 2013 matin :
Comme chaque vendredi matin, c'est direction le secteur "Moonlight nursery house". Ce matin, la température n'étant pas encore trop élevée, nous avons pu entrer dans l'enclos extérieur où se trouvaient trois des jeunes nés l'an dernier à la base de Chengdu : la femelle Xiao Qiao née le 12 août 2012 (lire l'article), le mâle Si Yi né le 19 août 2012 (lire l'article) et enfin la femelle Yuan Run née le 25 août 2012 (lire l'article).
Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Yuan Run - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Yuan Run et Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Moments inoubliables avec Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, cette matinée fut aussi l'occasion de voir Shi Shi, qui occupait un enclos extérieur dans le même secteur "Moonlight nursery house". Shi Shi est né le 10 septembre 1998 à la base de Chengdu et a été prêté au Centre Chinois de Recherches et de Conservation du Panda Géant (China Conservation and Research Center for the Giant Panda) de début 2006 à février 2012 dans le cadre d'un programme d'échange de pandas entre ces deux institutions (lire l'article). Agé de 15 ans, Shi Shi est le père du mâle Lan Zi né à la base de Chengdu le 21 octobre 2004, de la femelle Si Yuan née le 22 octobre 2004 à la base de Chengdu, et de la femelle Si Xue née le 22 juillet 2006 au centre de Wolong (lire l'article).
Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Si Yuan, fille de Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du jeudi 4 juillet 2013 :
Journée un peu particulière pour moi, puisque j'étais suivi ce jeudi par une équipe de France 2, une chaîne du groupe France Télévisions, dans le cadre d'un reportage qui sera diffusé dans les jours qui arrivent dans un des Journaux télévisés de la chaîne.
La matinée a été consacrée au nettoyage des enclos intérieurs de De De dans le secteur "Adult panda enclosure" et de Ai Bang dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
Le mâle De De est l'un des jumeaux nés au zoo de Madrid (Espagne) le 7 septembre 2010 (lire l'article) et transférés en Chine le 18 mai dernier (lire l'article). Sortis de quarantaine le 24 juin 2013 (lire l'article), De De et son frère A Bao vivent depuis dans le secteur "Adult panda enclosure".
La femelle Ai Bang, connue aussi sous le nom Ai Hin, est née au zoo Adventure World de Shirahama, au Japon le 23 décembre 2006 (lire l'article). La portée était jumelle et Ming Bang, connu aussi sous le nom de Mei Hin, est son frère jumeau. Ming Bang et Ai Bang ont rejoint la base de Chengdu le 14 décembre 2012 (lire l'article). Depuis, Ming Bang a été envoyé au zoo de Liuzhou, dans la province chinoise du Guangxi.
Enfin, nous avons pu échanger avec les journalistes sur les comportements du panda mâle Yong Yong, notamment en terme de marquage du territoire. Ce jeudi 4 juillet Yong Yong, né le 26 août 2004, occupait un enclos extérieur également dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
De 14 à 15 heures, Sarah Bexell nous a fait partager une présentation passionnante sur l'intelligence animale et la sensibilité animale. "L'homme est le seul animal à penser qu'il n'en est pas un", tout est résumé dans cette expression. Les animaux, tout comme l'homme qui en est un, ont des modes de communication, des émotions, des sensibilités, et de nombreuses études scientifiques sont là pour le prouver. Une société qui ne respecte pas le vivant est toujours une société qui ne respecte pas ses hommes.
Ensuite, j'ai pu distribuer des pommes aux six jeunes pandas nés en 2011 et qui partagent le même enclos dans le secteur "Panda cub enclosure". Séparés récemment de leur mère adoptive Mao Mao (lire ma chronique d'hier mercredi 3 juillet ci-dessous), ils n'en ont pas moins démontré un vif intérêt pour cette gourmandise !
Enfin, nous avons pu rencontrer Mme Wang Shuqun, une des soigneurs du secteur "Sunshine nursery house". Elle nous a indiqué que les quatre pandas nés en 2012, le mâle Ao Liao (alias Oreo) né le 28 juillet (lire l'article), les jumeaux mâles Cheng Shuang and Cheng Dui nés le 12 septembre (lire l'article), et la femelle Miao Miao née le 4 septembre (lire l'article) sont élevés en alternance par Li Li (mère de Ao Liao) et Cheng Ji (mère de Cheng Shuang et de Cheng Dui). L'information à retenir est qu'il n'y a pas de répartition prédéfinie et que les quatre jeunes peuvent très bien se retrouver ensemble avec une même mère de substitution ou bien être affectés à l'une ou l'autre des deux mères, sans pour autant que ce soit toujours le même jeune avec la même mère.
La "Sunshine nursery house" héberge neuf femelles potentiellement enceintes cette année et 3 soigneurs dorment sur place toutes les nuits car des naissances peuvent arriver dans les tous prochains jours. Ces 3 soigneurs se relaient pour dormir et ainsi un est toujours éveillé pour surveiller les femelles. La journée, 5 soigneurs travaillent dans ce secteur.
Ce jeudi 4 juillet, ce sont donc 15 pandas qui vivent dans la "Sunshine nursery house", les 9 femelles potentiellement enceintes, auxquelles il faut ajouter Li Li, Cheng Ji et 4 des jeunes nés en 2012.
Activités du mercredi 3 juillet 2013 :
Mardi 25 juin dernier (lire ma chronique du mois dernier), nous avions observé le comportement de pandas face à un objet d'enrichissement.
Retour ce matin dans le secteur "No.2 Panda house" où j'ai pu observer pendant une heure le panda Long Long, un mâle âgé d'environ 18 ans secouru le 16 avril 2012 dans la réserve naturelle de Longxi-Hongkou (pour en savoir davantage sur ce sauvetage, lire ma chronique du 15 novembre 2012 lors de la finale du concours Pambassador).
Seul changement par rapport à la semaine dernière : l'objet d'enrichissement. Le 25 juin dernier, nous avions utilisé un sac en toile de jute comportant quelques jeunes pousses de bambous ainsi que des morceaux de pommes. Cette fois-ci l'objet est un tube en PVC d'une vingtaine de centimètres de diamètre fermé d'un seul côté dans lequel nous avons placé des morceaux de pommes puis des tiges de bambous. L'objet a été suspendu dans la cage de Long Long.
L'objet d'enrichissement utilisé avec Long Long pour cette seconde séance d'observation comportementale - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Long Long a passé sa vie dans le milieu naturel si bien qu'il a une vue et une ouïe très développées et il est toujours en alerte au moindre bruit ou passage d'un soigneur ; mais aussi très timide si bien qu'il n'a pas investigué l'objet pendant l'heure d'observation, sans doute à cause de la présence des soigneurs qui travaillaient à proximité mais aussi à cause de ma présence. Cependant, Long Long a accepté une pomme que je lui ai donné à la fin de la séquence d'observation. Il est venu chercher la pomme que je lui tendais, et semble-t-il que c'est relativement rare qu'il accepte de la nourriture qui ne soit pas distribuée par une personne qu'il connaît davantage.
Enfin, Long Long s'est également vu attribuer un gâteau spécial panda.
Long Long - No.2 Panda house - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
A 14 heures, Sarah Bexell, en charge du projet d'éducation à la conservation lors des camps d'été dans des réserves naturelles avec des enfants, nous a exposé des possibilités de jeux à mettre en pratique avec les enfants tout en faisant émerger des notions relatives à la protection des habitats et de la vie sauvage.
Enfin, nous nous sommes rendus dans le secteur "Adult panda enclosure" où nous avons pu humidifier et nourrir Qiao Qiao. Qiao Qiao est un mâle arrivé à Chengdu en février dernier. Né dans le milieu naturel en 2004, il a été capturé dans le comté de Changqing (Monts Qinling, province du Shaanxi) le 9 avril 2006 puis a été transféré le jour suivant au Centre de sauvetage et de recherche sur les animaux sauvages du Shaanxi (Shaanxi Province Wild Animal Rescue & Breeding Center) située dans la ville de Louguantai (province du Shaanxi). Il a été transféré de Louguantai à Chengdu avant la saison des amours mais ne s'est pas accouplé. Sa semence a cependant été collectée pour inséminer des femelles de la base.
Qiao Qiao - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Surprise ce jour là, Mao Mao occupait un enclos dans ce même secteur "Adult panda enclosure". Fu Wa, connue aussi sous le nom de Mao Mao, une femelle née le 6 septembre 2003, prenait en charge jusqu'à peu les trois paires de jumeaux nés en 2011 : He Qi et He Mei, deux femelles, Shuang Xin et Shuang Xi, deux femelles également, et Cheng Da et Liu Yi, une femelle et un mâle. Mao Mao et ces six jeunes occupaient un enclos dans le bâtiment "Giant panda cub enclosure".
Cependant, depuis quelques jours, il était de plus en plus difficile pour Mao Mao d'allaiter et de s'occuper des six jeunes. Maintenant âgés de presque deux ans, ils blessaient parfois Mao Mao lors de la têtée et Mao Mao cherchait à éviter au maximum les six jeunes ces jours derniers. Par exemple, lorsque le soigneur Tan JinTao appelait les six pandas et Mao Mao pour les faire rentrer et leur donner à manger, Mao Mao préférait rester à l'extérieur pour être seule que de rentrer avec les jeunes. La décision a donc été prise de séparer Mao Mao des six jeunes qui ont maintenant atteint un âge leur permettant de vivre seuls.
Activités du mardi 2 juillet 2013 :
Ce mardi matin était consacré à la nutrition des pandas géants en captivité. Dans la nature, les pandas sauvages sélectionnent les espèces de bambous les plus nutritives dans une région donnée et se nourrissent des parties de la plante les plus riches et les plus nutritives. A cause du nombre limité d'espèces de bambous fournies en captivité, de même que leur qualité nutritive inférieure, il est nécessaire de compléter l'alimentation des pandas captifs pour combler le déficit nutritif. La nourriture concentrée à base de céréales distribuée en captivité en complément du bambou ne doit cependant pas représenter plus de 10% de l'alimentation, idéalement 5%.
Les pandas de la base de Chengdu se voit offrir au quotidien des gâteaux spécial panda, dénommés "wowotou". Ce gâteau est composé de riz, d'huile végétale, de farine de blé, de maïs, de soja, de flocons d'avoine, d'eau, de phosphate de calcium (CaHPO4), de carbonate de calcium (CaCO3) ; mais aussi de vitamines.
Une fois les ingrédients mixés, il s'agit de mouler les gâteaux avant de les faire cuire, et cela a été notre activité dans la cuisine de la base.
Mixage des différents ingrédients, moulage des gâteaux, cuisson et les gâteaux prêts à être envoyés dans les enclos
2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Nous avons ensuite lavé le bambou qui est ensuite distribué dans les enclos.
Nettoyage des pousses de bambous fraîchement coupées - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, nous avons distribué le gâteau spécial panda aux pandas roux qui comme les pandas géants en reçoivent au quotidien. La recette est similaire mais les gâteaux comportent plus d'eau car les pandas roux n'ont pas la même force de mastication.
Un oiseau s'empare d'un morceau de cake destiné aux pandas roux - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le mardi 2 juillet après-midi, nous avons bénéficié d'informations sur l'éducation à la conservation à la base de Chengdu. Mme Xu Ping, en charge du département d'éducation à la conservation à la base de Chengdu nous a expliqué que la base utilise principalement 6 canaux pour favoriser cette éducation à la conservation :
- la formation, notamment d'enseignants, du personnel des réserves naturelles, des parents, des éducateurs dans les zoos,...
- l'intervention auprès du public scolaire : participation aux programmes scolaires, intervention dans les écoles, expositions dans les écoles...
- les projets dans les réserves naturelles : développement de supports pour les activités, camps d'été pour les enfants,...
- les programmes vis à vis des communautés locales : expositions, réunions, échanges...
- l'éducation des touristes : programme dans les réserves naturelles, activités à la base de Chengdu avec les adultes et les élèves, camps d'été à la base, volontariat,...
- l'édition de supports : livres, revues, site internet ; et événements ponctuels : l'opération WWF Earth Hour avec le panda Mei Lan, Chengdu Pambassador, nouvel an chinois,...
Enfin, à 15 heures, Sarah Bexell est revenue sur la perte de biodiversité qui se traduit par la perte de diversité génétique, par la perte des espèces animales et végétales, par la perte des habitats et de la diversité des écosystèmes, mais aussi par la perte de certains comportements (exemple de certains oiseaux qui ne migrent plus à cause du réchauffement climatique). L'homme est indiscutablement le responsable de ces maux qui engendreront certainement des effets irréversibles et inattendus dans le futur.