Visites de zoos et comptes-rendus
Visites de zoos et compte-rendus

Poursuite des activités ce mois de juillet à la base de Chengdu, dans la continuité des activités des deux mois précédents (lire ma chronique du mois de juin - lire ma chronique du mois de mai).
Pour une description de la base de Chengdu, voir la page spéciale sur mon site dédiée aux Centres de recherche et d'élevage du panda géant en Chine.


Base de Chengdu - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités des lundi 23 et mardi 24 juillet 2013 :
Les lundi 22 et mardi 23 juillet étaient consacrés au trafic de la vie sauvage, notamment le trafic animal.
Le trafic de la vie sauvage est le commerce illégal des végétaux et des animaux.
Chine, mais aussi États-Unis, Japon et Vietnam sont les quatre plus gros consommateurs illicites de "vie sauvage", que ce soit pour se nourrir, pour la gloire, comme animaux de compagnie, ou encore pour la médecine traditionnelle ou les croyances diverses et variées.
Par exemple, les tigres vont être chassés et tués pour alimenter le marché chinois. En Chine, les os de tigres sont censés augmenter la virilité des hommes, lutter contre les fragilités osseuses, lutter contre les fractures, lutter contre les rhumatismes... Et des vertus sont même prétendus au pénis de tigre. Sans oublier que la fourrure de l'animal va faire la fierté des riches collectionneurs qui n'ont trouvé d'autres moyens pour exposer leur puissance et leur argent.
L'Asie est majoritairement responsable du massacre des éléphants en Afrique pour alimenter le marché de l'ivoire.
En Chine, l'ours noir d'Asie ou ours du Tibet est aussi la cible de ce trafic. Ses pieds figurent au panel de la cuisine chinoise, sa bile est prétendue soigner les maladies oculaires, les maladies du foie et chasser les substances toxiques du corps. Sans oublier que sa fourrure est aussi prisée des collectionneurs.
Plus largement, et pour ne citer que quelques exemples parmi les plus démonstratifs, les requins meurent dans les océans après s'être faits couper leur aileron alimentant le marché mondial, les thons rouges de la Méditerranée sont surpêchés pour la cuisine notamment japonaise, et des centaines d'autre espèces animales sont ainsi massacrées et en voie de disparition pour alimenter nos assiettes, mais aussi nos désirs de fourrure, nos coutumes, nos lubies d'héberger un animal sauvage à la maison (les fameux "NAC" pour "nouveaux animaux de compagnie") ou tout simplement car avoir un trophée de chasse d'un animal sauvage est censée être synonyme de gloire et de puissance.
Ces trafics et commerces des animaux menacent la biodiversité, perturbent les équilibres naturels en ôtant des espèces pour toujours ou au contraire en introduisant de nouvelles espèces dites invasives ou exotiques, menacent la vie sauvage et par effet indirect l'espèce humaine.
Le trafic de la vie sauvage, animal ou végétal, est souvent annoncé comme le troisième plus gros négoce illégal au monde, derrière la drogue et les armes, même s'il est difficile à quantifier car illégal.
Quelques chiffres issues du rapport très complet de décembre 2012 publié par le WWF (version française accessible ici) font froids dans le dos :
- Chaque année, 100 millions de tonnes de poissons, 1,5 million d’oiseaux vivants et 440 000 tonnes de plantes médicinales sont victimes du commerce illégal,
- En 2011, d’importantes saisies ont permis d’intercepter de l’ivoire illégal provenant, selon les estimations, de 2 500 éléphants,
- Le commerce illégal d’espèces sauvages (sans compter le commerce du bois et de la pêche) a été estimé à 10 milliards de dollars par an. Pour la pêche illégale, environ 9 milliards, et 7 milliards pour le bois illégal.
- Le prix de la corne de rhinocéros a atteint les 60 000 dollars le kilo, soit deux fois celui de l’or ou du platine, et a aujourd’hui plus de valeur sur le marché noir que les diamants ou la cocaïne.
Aujourd'hui, il est aisément compréhensible que nous pouvons vivre exactement de la même manière sans aucun de ces produits issus du trafic illégal, la très grosse majorité de ce trafic étant pour alimenter un marché de conforts ou de croyances dépassées.
Chacun a un rôle à jouer en cessant d'acheter tous les produits dérivés de la vie sauvage, en se nourrissant de produits non issus du trafic, en cessant d'attribuer des propriétés médicinales aux produits dérivés d'animaux tués illégalement, en agissant comme un consommateur responsable.
L'objectif de ces deux journées, en plus d'en apprendre davantage sur cet horrible trafic, était de réfléchir ensemble sur un projet d'exposition pour sensibiliser les visiteurs de la base de Chengdu et du zoo de Chengdu à ce trafic et à ses conséquences pour la biodiversité et pour l'homme. L'objectif est bien que les visiteurs comprennent qu'il n'est plus admissible aujourd'hui d'être complice d'un tel trafic et donc les inviter à cesser de consommer toute vie sauvage sous quelque forme que ce soit.
C'est un projet ambitieux, qui sera relayé par un slogan, un logo, un site internet, et le zoo de Chengdu espère devenir le zoo chinois pionnier sur cette thématique et impulser des actions similaires dans d'autres zoos chinois. Pour cela, le zoo va s'appuyer sur sa centaine de volontaires annuels pour relayer ce message et inviter le maximum de personnes à visiter la future exposition et à s'engager à bannir les produits issus de ce trafic. Le potentiel est énorme puisque 3 millions de personnes visitent le zoo de Chengdu chaque année. La même exposition se tiendra simultanément à la base de Chengdu pour toucher également le million de visiteurs annuels de la base de pandas.
Je relaierai ici les actions à venir de ce groupe de travail, et détaillerai la future exposition qui devrait être prête avant le prochain nouvel an chinois.
Activités du lundi 8 au vendredi 12 juillet 2013 :
Compte-tenu d'une panne d'ordinateur, je n'ai pas été en mesure de publier quotidiennement la chronique de mes activités.
La semaine du 8 au 12 juillet a été centrée autour de 3 grandes activités :
- nettoyage des enclos (lundi 8 matin, mardi 9 matin, mercredi 10 matin). J'ai travaillé ces trois matinées dans les secteurs "Adult enclosure" principalement avec A Bao et De De mais aussi dans le secteur "Sub-adult enclosure" notamment le mardi matin. A Bao et De De vont bien, même si pour l'instant seul A Bao a accès à l'extérieur. De De est encore un peu stressé et timide mais il devrait très prochainement avoir accès à l'enclos extérieur avec A Bao. Les deux autres pandas dans le secteur "Adult enclosure" sont Qiao Qiao et Mao Mao. Dans le secteur "Sub-adult enclosure" j'ai travaillé au plus près des pandas Yong Yong, Ai Bang et Xiang Bing.
- le training avec les pandas : le lundi 8 après-midi avec les pandas Xing Bang (No.14 Panda enclosure) et He Qi (Cub enclosure) et le mardi 9 après-midi avec Shuang Xin (Cub enclosure). Généralement, le training commence avant l'âge de 2 ans et lorsqu'un panda va débuter l'apprentissage des gestes, les soigneurs vont établir un planning sur 7 jours et la plupart sont capables de retenir les gestes en une semaine. Bien entendu, seul un entraînement régulier par la suite renforcera l'apprentissage et la mémorisation des gestes. Ensuite les pandas sont entrainés à se laisser toucher la patte, patte qui servira de support pour les prises de sang. Ainsi les soigneurs vont toucher énergiquement la patte de l'animal pour que celui-ci n'ait pas de réaction disproportionnée lors de la pose de la seringue. Certains pandas vont être rasés sur quelques centimètres carrés sur leur patte pour faciliter la pose de la seringue, d'autres non, tout dépend de la profondeur de leurs veines. Là aussi, le rasage nécessite précaution et entraînement. La plupart des pandas ne sont entrainés à poser qu'une seule des pattes sur la glissière métallique mais quelques rares pandas sont capables d'effectuer ce geste avec leurs deux pattes avant. Enfin, les pandas sauvages capturés dans le milieu naturel sont également capables d'apprendre des gestes simples, quelque soit leur âge.
- la Fondation et les activités annexes en lien avec la Fondation (mardi 9 après-midi et jeudi 11 après-midi). Ce point mérite d'être détaillé, voir ci-après.
A noter que le mercredi 10 juillet après-midi était consacré à une réunion avec l'équipe en charge du programme Chengdu Pambassador.
Enfin, le vendredi 12 juillet matin nous avons pu observer le petit de Eryatou, alors âgé d'un jour et demi. J'ai consacré une actualité complète à cette naissance avec quelques photos prises ce vendredi 12 (lire l'article). Enfin, l'après-midi du vendredi était dédiée à un échange avec les experts de la base sur ce que nous avons appris ici depuis notre arrivée, en ce qui me concerne depuis 11 semaines.
Revenons sur la Fondation :
Les pluies nombreuses et continues à Chengdu nous ont empêché de rejoindre la base de Chengdu le jeudi 11 juillet au matin. La situation étant meilleure en fin de matinée, nous avons pu assister à l'activité de l'après-midi : il s'agissait d'une présentation de la Fondation de Chengdu sur la recherche et l'élevage du panda géant (Chengdu Giant Panda Breeding Research Foundation) par Madame Yan en charge de la fondation, et Madame Qing Juan, directrice de l'activité "Keeper experience".
Cette fondation, qui travaille de concert avec la base de Chengdu, a été établi en 1987. C'est une organisation à but non lucratif et enregistré auprès des autorités chinoises.
L'objectif principal de cette fondation est de fournir des fonds pour l'élevage et la conservation du panda géant et d'autres espèces animales en danger, de protéger la biodiversité et l'environnement, et ce pour améliorer la conservation ex situ et in situ des espèces en danger.
Pour cela, depuis son établissement, la Fondation a collecté 100 000 000 RMB (environ 12,3 millions d'euros) au travers de différents canaux : le grand public, les entreprises et les organisations.
La Fondation affecte ensuite les fonds collectés à des projets préalablement sélectionnés. Ainsi, depuis son établissement, la Fondation a subventionné plus de 220 projets de recherche scientifique dans les domaines de la nutrition, de l'élevage, du contrôle des maladies, des hormones de la reproduction, de la génétique, mais aussi en faveur de projets écologiques et d'éducation à la conservation. De plus, 230 chercheurs engagés dans la conservation du panda géant ont bénéficié de formations. Les bénéficiaires de ces fonds sont la base de Chengdu, le Sichuan Key Laboratory of Conservation Biology on Endangered Wildlife, le zoo de Chengdu mais aussi 5 grandes universités chinoises, les réserves naturelles de Longxi-Hongkou et de Baishuihe, et d'autres organisations de recherche et de conservation du panda géant.
Plusieurs travaux scientifiques supportés par la Fondation ont donné lieu à des publications majeures dans les journaux scientifiques internationaux ou chinois.
La Fondation a également financé la construction d'une partie de la base de Chengdu, mais aussi du Muséum du panda géant à l'intérieur de la base, et subventionne la construction de la Vallée du Panda à Dujiangyan.
Dans les années passées, la Fondation a également joué un rôle clef pour encourager la coopération scientifique et les échanges entre les organismes chinois et les organisations internationales de conservation de la vie sauvage, dont l'IUCN/SSC/CBSG, Conservation International, Association of Zoos and Aquariums (AZA), l'Université de Liverpool, l'Université de Nihon,...
Une des sources de fonds pour la Fondation est l'activité dénommée "Panda keeper experience", que les visiteurs de la base de Chengdu peuvent choisir et à laquelle nous avons pu assister le mardi 9 juillet après-midi. Le prix de l'activité est de 2000 RMB (environ 250 euros), soit un tarif plutôt élevé, donc il faut percevoir cette activité avant-tout comme une forme de donation. Durant 30 minutes, les participants vont écouter une présentation générale de l'espèce, vont pouvoir laver des bambous et enfin le clou de l'activité : prendre une photo avec un jeune panda.
Cette activité est parfois critiquée, et je laisserai chacun se forger son propre avis, mais pour avoir assisté à la photo, j'ai pu constater que le jeune panda ne semblait pas du tout perturbé par l'exercice et il incarne à lui seul un des rôles de l'élevage en captivité qui consiste à susciter de l'émotion visant à la collecte d'argent. Des sommes importantes sont collectées via ce canal, sommes revenant en intégralité à la fondation, et servant à financer les différents projets mentionnés ci-dessus.
Notons que les participants à l'expérience repartent avec une photo, un tee-shirt et un certificat.
Connie Woodland, une américaine de Fuellirton (Californie), qui a assisté à l'expérience le mardi 9 s'est dite très contente d'avoir pu approcher de si près un jeune panda et d'avoir une photographie souvenir avec lui. Ce jour là le "panda modèle" était Oreo (Ao Liao) né le 28 juillet 2012 (lire l'article).
En plus des activités programmées de la Fondation, et des programmes qui sont sponsorisés chaque année après une validation en comité de pilotage, la Fondation intervient également sur des projets d'urgence, notamment en matière d'éducation à la conservation. Par exemple, une activité aura lieu le jeudi 18 juillet avec des enfants du comté de Lushan, touché par le séisme du 20 avril 2013 (lire l'article).
Une autre forme directe d'aide pour la Fondation est le volontariat. Seules 33 personnes sont salariées et de nombreux experts ou autres personnes aident temporairement l'association.
Enfin, deux autres formes de support financier sont possibles : le don direct d'argent et l'adoption de pandas, géant ou roux.
La donation consiste à donner de l'argent pour supporter un projet défini et le don est encadré par un contrat.
L'adoption consiste à adopter symboliquement un animal durant une période d'un an ou plus, voire pour la durée de vie de l'animal. Le donateur reçoit des nouvelles régulières du panda qu'il a adopté et peut même renommer l'animal. D'autres bénéfices lui sont accordés.
Enfin une autre source d'argent pour la fondation est l'argent des prêts de pandas hors de Chine. Ce n'est plus un secret, les zoos qui hébergent des pandas versent une somme annuelle (environ 1 000 000 dollars US par an) et l'utilisation de cet argent est strictement encadrée par les contrats qui régissent les prêts. Ainsi, dans les cas des pandas prêtés par la base de Chengdu, 51% de la somme revient à l'Administration d'Etat des Forêts (State Forestry Administration) pour la protection des pandas sauvages et de leur habitat ; et le reste du montant, soit 49% revient à la Fondation. Ainsi, l'argent ne sert par exemple pas à payer le salaire du personnel de la base, ni les charges courantes. Il est uniquement mobilisable pour les projets de la Fondation que j'ai détaillé ci-dessus.
Le fonctionnement courant de la base (salaires du personnel, frais courants, nourriture des pandas, médicaments...) est financé par les visiteurs au travers des tickets d'entrée, et par le gouvernement de Chengdu.
Activités du vendredi 5 juillet 2013 matin :
Comme chaque vendredi matin, c'est direction le secteur "Moonlight nursery house". Ce matin, la température n'étant pas encore trop élevée, nous avons pu entrer dans l'enclos extérieur où se trouvaient trois des jeunes nés l'an dernier à la base de Chengdu : la femelle Xiao Qiao née le 12 août 2012 (lire l'article), le mâle Si Yi né le 19 août 2012 (lire l'article) et enfin la femelle Yuan Run née le 25 août 2012 (lire l'article).


Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE


Yuan Run - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE

Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE

Yuan Run et Si Yi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE


Moments inoubliables avec Xiao Qiao - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, cette matinée fut aussi l'occasion de voir Shi Shi, qui occupait un enclos extérieur dans le même secteur "Moonlight nursery house". Shi Shi est né le 10 septembre 1998 à la base de Chengdu et a été prêté au Centre Chinois de Recherches et de Conservation du Panda Géant (China Conservation and Research Center for the Giant Panda) de début 2006 à février 2012 dans le cadre d'un programme d'échange de pandas entre ces deux institutions (lire l'article). Agé de 15 ans, Shi Shi est le père du mâle Lan Zi né à la base de Chengdu le 21 octobre 2004, de la femelle Si Yuan née le 22 octobre 2004 à la base de Chengdu, et de la femelle Si Xue née le 22 juillet 2006 au centre de Wolong (lire l'article).





Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE

Si Yuan, fille de Shi Shi - Moonlight nursery house - 5 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du jeudi 4 juillet 2013 :
Journée un peu particulière pour moi, puisque j'étais suivi ce jeudi par une équipe de France 2, une chaîne du groupe France Télévisions, dans le cadre d'un reportage qui sera diffusé dans les jours qui arrivent dans un des Journaux télévisés de la chaîne.
La matinée a été consacrée au nettoyage des enclos intérieurs de De De dans le secteur "Adult panda enclosure" et de Ai Bang dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
Le mâle De De est l'un des jumeaux nés au zoo de Madrid (Espagne) le 7 septembre 2010 (lire l'article) et transférés en Chine le 18 mai dernier (lire l'article). Sortis de quarantaine le 24 juin 2013 (lire l'article), De De et son frère A Bao vivent depuis dans le secteur "Adult panda enclosure".
La femelle Ai Bang, connue aussi sous le nom Ai Hin, est née au zoo Adventure World de Shirahama, au Japon le 23 décembre 2006 (lire l'article). La portée était jumelle et Ming Bang, connu aussi sous le nom de Mei Hin, est son frère jumeau. Ming Bang et Ai Bang ont rejoint la base de Chengdu le 14 décembre 2012 (lire l'article). Depuis, Ming Bang a été envoyé au zoo de Liuzhou, dans la province chinoise du Guangxi.
Enfin, nous avons pu échanger avec les journalistes sur les comportements du panda mâle Yong Yong, notamment en terme de marquage du territoire. Ce jeudi 4 juillet Yong Yong, né le 26 août 2004, occupait un enclos extérieur également dans le secteur "Sub-adult panda enclosure".
De 14 à 15 heures, Sarah Bexell nous a fait partager une présentation passionnante sur l'intelligence animale et la sensibilité animale. "L'homme est le seul animal à penser qu'il n'en est pas un", tout est résumé dans cette expression. Les animaux, tout comme l'homme qui en est un, ont des modes de communication, des émotions, des sensibilités, et de nombreuses études scientifiques sont là pour le prouver. Une société qui ne respecte pas le vivant est toujours une société qui ne respecte pas ses hommes.
Ensuite, j'ai pu distribuer des pommes aux six jeunes pandas nés en 2011 et qui partagent le même enclos dans le secteur "Panda cub enclosure". Séparés récemment de leur mère adoptive Mao Mao (lire ma chronique d'hier mercredi 3 juillet ci-dessous), ils n'en ont pas moins démontré un vif intérêt pour cette gourmandise !
Enfin, nous avons pu rencontrer Mme Wang Shuqun, une des soigneurs du secteur "Sunshine nursery house". Elle nous a indiqué que les quatre pandas nés en 2012, le mâle Ao Liao (alias Oreo) né le 28 juillet (lire l'article), les jumeaux mâles Cheng Shuang and Cheng Dui nés le 12 septembre (lire l'article), et la femelle Miao Miao née le 4 septembre (lire l'article) sont élevés en alternance par Li Li (mère de Ao Liao) et Cheng Ji (mère de Cheng Shuang et de Cheng Dui). L'information à retenir est qu'il n'y a pas de répartition prédéfinie et que les quatre jeunes peuvent très bien se retrouver ensemble avec une même mère de substitution ou bien être affectés à l'une ou l'autre des deux mères, sans pour autant que ce soit toujours le même jeune avec la même mère.
La "Sunshine nursery house" héberge neuf femelles potentiellement enceintes cette année et 3 soigneurs dorment sur place toutes les nuits car des naissances peuvent arriver dans les tous prochains jours. Ces 3 soigneurs se relaient pour dormir et ainsi un est toujours éveillé pour surveiller les femelles. La journée, 5 soigneurs travaillent dans ce secteur.
Ce jeudi 4 juillet, ce sont donc 15 pandas qui vivent dans la "Sunshine nursery house", les 9 femelles potentiellement enceintes, auxquelles il faut ajouter Li Li, Cheng Ji et 4 des jeunes nés en 2012.
Activités du mercredi 3 juillet 2013 :
Mardi 25 juin dernier (lire ma chronique du mois dernier), nous avions observé le comportement de pandas face à un objet d'enrichissement.
Retour ce matin dans le secteur "No.2 Panda house" où j'ai pu observer pendant une heure le panda Long Long, un mâle âgé d'environ 18 ans secouru le 16 avril 2012 dans la réserve naturelle de Longxi-Hongkou (pour en savoir davantage sur ce sauvetage, lire ma chronique du 15 novembre 2012 lors de la finale du concours Pambassador).
Seul changement par rapport à la semaine dernière : l'objet d'enrichissement. Le 25 juin dernier, nous avions utilisé un sac en toile de jute comportant quelques jeunes pousses de bambous ainsi que des morceaux de pommes. Cette fois-ci l'objet est un tube en PVC d'une vingtaine de centimètres de diamètre fermé d'un seul côté dans lequel nous avons placé des morceaux de pommes puis des tiges de bambous. L'objet a été suspendu dans la cage de Long Long.

L'objet d'enrichissement utilisé avec Long Long pour cette seconde séance d'observation comportementale - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Long Long a passé sa vie dans le milieu naturel si bien qu'il a une vue et une ouïe très développées et il est toujours en alerte au moindre bruit ou passage d'un soigneur ; mais aussi très timide si bien qu'il n'a pas investigué l'objet pendant l'heure d'observation, sans doute à cause de la présence des soigneurs qui travaillaient à proximité mais aussi à cause de ma présence. Cependant, Long Long a accepté une pomme que je lui ai donné à la fin de la séquence d'observation. Il est venu chercher la pomme que je lui tendais, et semble-t-il que c'est relativement rare qu'il accepte de la nourriture qui ne soit pas distribuée par une personne qu'il connaît davantage.
Enfin, Long Long s'est également vu attribuer un gâteau spécial panda.


Long Long - No.2 Panda house - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
A 14 heures, Sarah Bexell, en charge du projet d'éducation à la conservation lors des camps d'été dans des réserves naturelles avec des enfants, nous a exposé des possibilités de jeux à mettre en pratique avec les enfants tout en faisant émerger des notions relatives à la protection des habitats et de la vie sauvage.
Enfin, nous nous sommes rendus dans le secteur "Adult panda enclosure" où nous avons pu humidifier et nourrir Qiao Qiao. Qiao Qiao est un mâle arrivé à Chengdu en février dernier. Né dans le milieu naturel en 2004, il a été capturé dans le comté de Changqing (Monts Qinling, province du Shaanxi) le 9 avril 2006 puis a été transféré le jour suivant au Centre de sauvetage et de recherche sur les animaux sauvages du Shaanxi (Shaanxi Province Wild Animal Rescue & Breeding Center) située dans la ville de Louguantai (province du Shaanxi). Il a été transféré de Louguantai à Chengdu avant la saison des amours mais ne s'est pas accouplé. Sa semence a cependant été collectée pour inséminer des femelles de la base.

Qiao Qiao - 3 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Surprise ce jour là, Mao Mao occupait un enclos dans ce même secteur "Adult panda enclosure". Fu Wa, connue aussi sous le nom de Mao Mao, une femelle née le 6 septembre 2003, prenait en charge jusqu'à peu les trois paires de jumeaux nés en 2011 : He Qi et He Mei, deux femelles, Shuang Xin et Shuang Xi, deux femelles également, et Cheng Da et Liu Yi, une femelle et un mâle. Mao Mao et ces six jeunes occupaient un enclos dans le bâtiment "Giant panda cub enclosure".
Cependant, depuis quelques jours, il était de plus en plus difficile pour Mao Mao d'allaiter et de s'occuper des six jeunes. Maintenant âgés de presque deux ans, ils blessaient parfois Mao Mao lors de la têtée et Mao Mao cherchait à éviter au maximum les six jeunes ces jours derniers. Par exemple, lorsque le soigneur Tan JinTao appelait les six pandas et Mao Mao pour les faire rentrer et leur donner à manger, Mao Mao préférait rester à l'extérieur pour être seule que de rentrer avec les jeunes. La décision a donc été prise de séparer Mao Mao des six jeunes qui ont maintenant atteint un âge leur permettant de vivre seuls.
Activités du mardi 2 juillet 2013 :
Ce mardi matin était consacré à la nutrition des pandas géants en captivité. Dans la nature, les pandas sauvages sélectionnent les espèces de bambous les plus nutritives dans une région donnée et se nourrissent des parties de la plante les plus riches et les plus nutritives. A cause du nombre limité d'espèces de bambous fournies en captivité, de même que leur qualité nutritive inférieure, il est nécessaire de compléter l'alimentation des pandas captifs pour combler le déficit nutritif. La nourriture concentrée à base de céréales distribuée en captivité en complément du bambou ne doit cependant pas représenter plus de 10% de l'alimentation, idéalement 5%.
Les pandas de la base de Chengdu se voit offrir au quotidien des gâteaux spécial panda, dénommés "wowotou". Ce gâteau est composé de riz, d'huile végétale, de farine de blé, de maïs, de soja, de flocons d'avoine, d'eau, de phosphate de calcium (CaHPO4), de carbonate de calcium (CaCO3) ; mais aussi de vitamines.
Une fois les ingrédients mixés, il s'agit de mouler les gâteaux avant de les faire cuire, et cela a été notre activité dans la cuisine de la base.




Mixage des différents ingrédients, moulage des gâteaux, cuisson et les gâteaux prêts à être envoyés dans les enclos
2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Nous avons ensuite lavé le bambou qui est ensuite distribué dans les enclos.

Nettoyage des pousses de bambous fraîchement coupées - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, nous avons distribué le gâteau spécial panda aux pandas roux qui comme les pandas géants en reçoivent au quotidien. La recette est similaire mais les gâteaux comportent plus d'eau car les pandas roux n'ont pas la même force de mastication.


Un oiseau s'empare d'un morceau de cake destiné aux pandas roux - 2 juillet 2013 - © Jérôme POUILLE
Le mardi 2 juillet après-midi, nous avons bénéficié d'informations sur l'éducation à la conservation à la base de Chengdu. Mme Xu Ping, en charge du département d'éducation à la conservation à la base de Chengdu nous a expliqué que la base utilise principalement 6 canaux pour favoriser cette éducation à la conservation :
- la formation, notamment d'enseignants, du personnel des réserves naturelles, des parents, des éducateurs dans les zoos,...
- l'intervention auprès du public scolaire : participation aux programmes scolaires, intervention dans les écoles, expositions dans les écoles...
- les projets dans les réserves naturelles : développement de supports pour les activités, camps d'été pour les enfants,...
- les programmes vis à vis des communautés locales : expositions, réunions, échanges...
- l'éducation des touristes : programme dans les réserves naturelles, activités à la base de Chengdu avec les adultes et les élèves, camps d'été à la base, volontariat,...
- l'édition de supports : livres, revues, site internet ; et événements ponctuels : l'opération WWF Earth Hour avec le panda Mei Lan, Chengdu Pambassador, nouvel an chinois,...
Enfin, à 15 heures, Sarah Bexell est revenue sur la perte de biodiversité qui se traduit par la perte de diversité génétique, par la perte des espèces animales et végétales, par la perte des habitats et de la diversité des écosystèmes, mais aussi par la perte de certains comportements (exemple de certains oiseaux qui ne migrent plus à cause du réchauffement climatique). L'homme est indiscutablement le responsable de ces maux qui engendreront certainement des effets irréversibles et inattendus dans le futur.
Visites de zoos et compte-rendus

Retour à la base de Ya'an Bifengxia ces samedi 29 et dimanche 30 juin.
C'est ma seconde visite, puisque j'avais eu l'opportunité de visiter cette base pour la première fois le 17 mai dernier avec mon amie Chet.
Ce rapport s'inscrit donc en complément du précédent (lire l'article) afin d'éviter les redondances.
A cette période, relativement peu de pandas sont visibles à la base car la saison des amours a pris place quelques semaines auparavant et de nombreuses femelles sont potentiellement enceintes, donc à l'abri des yeux des visiteurs car des naissances peuvent arriver d'un jour à l'autre. Elles ont besoin de calme, et les secteurs qui les hébergent (notamment le "New breeding center" mais aussi le "New Leopard center") ne sont pas accessibles. A noter qu'en temps normal, seul le "New Leopard center" est accessible, le "New breeding center" étant réservé aux chercheurs et autre personnel de la base.
Cette année, de nombreuses femelles se sont accouplées ou ont été inséminées donc la majorité des pandas visibles les deux jours de ma visite étaient des mâles ou des femelles immatures.
Le samedi 29 matin, j'ai pu rencontrer Amélie Le Roy, une française née sur l'île de la Réunion et qui commence un stage à la base de Ya'an Bifengxia.
En Master "écologie fonctionnelle, comportementale et évolutive" à l'Agrocampus Ouest de Rennes, Amélie s'intéresse particulièrement au lien étroit qui existe entre les espèces animales et leur environnement, comment ils interagissent ensemble, et quels rôles jouent chaque espèce vis à vis d'autres espèces ou leur environnement.
Avec de nombreuses expériences derrière elle, que ce soit en terme de voyages ou de projets en lien avec ses sujets d'études, elle a commencé il y a tout juste quatre jours son stage à Bifengxia.
Elle a été impliquée dans plusieurs sujets de recherches auparavant, notamment au Guatemala où elle s'est concentrée sur le jaguar, sur l'espèce de tortue aquatique Dermatemys mawii et sur la réintroduction potentielle du ara rouge, mais aussi en Argentine où elle a étudié la prédation des pumas sur les jeunes guanacos. Etudes dans le milieu naturel, monitoring, suivi des espèces à distance via caméras ou radiotélémétrie, observations comportementales, et éducation à la conservation sont autant de sujets qui la passionnent et qui ont guidé ses choix de stage par le passé.
A Bifengxia, Amélie effectue son stage pour le compte de l'association PDX Wildlife. Cette association américaine est impliquée dans des recherches scientifiques dont le but est d'améliorer la conservation des espèces, et ce au travers de recherches dans le domaine de l'élevage en captivité, mais aussi dans une optique de restauration des habitats et d'éducation du public.
Les trois principaux objectifs de cette association, tels qu'ils sont listés sur leur site internet (pdxwildlife.com), sont l'amélioration des techniques d'élevage en captivité des espèces en danger notamment par l'amélioration du succès de la reproduction, le suivi des contaminants environnementaux qui peuvent nuire à la survie des espèces, et enfin l'éducation des individus et des communautés pour améliorer la conservation des espèces et des habitats.
L'association PDX Wildlife s'est entourée de scientifiques et c'est Meghan Martin, en cours de doctorat en comportement animal à l'Université d'Etat de Portland (Portland State University), qui est plus particulièrement en charge des actions de cette association pour le panda géant.
Meghan Martin s'intéresse plus particulièrement au lien entre le comportement et la reproduction en captivité, et par conséquent aux méthodes d'élevage qui peuvent améliorer le succès de la reproduction.
Chaque année, Meghan accueille des stagiaires à la base de Bifengxia pour l'assister dans ses recherches sur les préferences sexuelles des pandas, et Amélie prends le relais de Stéphanie McMahon, une canadienne qui vient de passer quatre mois sur place. Amélie va rester deux mois à Bifengxia et elle va poursuivre les travaux de Stéphanie sur la personnalité des pandas et les comportements stéréotypiques.
Le sujet de recherche de Meghan et des stagiaires porte sur le comportement reproducteur et notamment l'association entre personnalités des pandas mâles et femelles et choix pour l'accouplement. Dans le prolongement, il s'agit aussi d'établir un lien éventuel entre préférence sexuelle et conséquence sur le comportement maternel des mères pandas avec leur jeune. Transversalement, l'équipe souhaite investiguer les comportements stéréotypiques et peut-être faire un lien entre ces comportements et la personnalité des pandas ou d'autres facteurs, et proposer des solutions pour réduire ce comportement synonyme d'ennui ou de stress en captivité.
Cette matinée fut très riche, notamment grâce à la gentillesse d'Amélie mais également à ses expériences passées mais aussi à venir qu'elle nous a fait partager avec beaucoup de passion. C'est avec plaisir que nous avons partagé avec elle notre déjeuner à la base.

Amélie, près de Cui Cui, une femelle âgée de 7 ans - New breeding center - 1er juillet 2013 - © Amélie LE ROY
En plus d'être le lieu d'implantation de la base des pandas, la vallée de Bifengxia est également un site touristique réputé à Ya'an. D'une altitude comprise entre 800 et 2400 mètres, cette vallée aux pentes abruptes et à la végétation semi-tropicale est accessible aux visiteurs pour une randonnée jalonné de cascades. La température annuelle moyenne de la vallée est comprise entre 12 et 14°C et les précipitations annuelles entre 1500 et 1800 mm. L'humidité relative est d'environ 80% durant toute l'année.
Selon un recensement préliminaire, la vallée héberge au moins 2000 espèces de plantes supérieures dont 400 espèces d'arbres, 100 espèces différentes de bambous et environ 200 espèces de fougères. Auxquels il faut ajouter de nombreuses espèces de bryophytes (mousses).









La vallée de Bifeng, un paysage verdoyant, magnifique et riche en biodiversité - 29 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

La base de Bifengxia a intégré ses enclos dans le paysage, et ces derniers ont épousé le relief local.
Vue sur les enclos du secteur "Baixiongping" - 29 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Ci-après la présentation de quelques pandas que j'ai pu observer et photographier durant mes deux jours sur place.
Yi Bao est un panda mâle, il a été capturé dans le milieu naturel le 10 décembre 2006, alors âgé de quelques semaines. Trouvé dans le comté de Baoxing (province du Sichuan), les hommes ont soupçonné qu'il avait été abandonné par sa mère et l'ont capturé. Immédiatement transféré au centre de Wolong (lire l'article), il a ensuite rejoint la base de Ya'an Bifengxia le 18 juin 2008 consécutivement à la destruction du centre de Wolong par le séisme de mai 2008.

Yi Bao - Baixiongping - 29 juin 2013 - © Jérôme POUILLE


Yi Bao - Baixiongping - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Xiang Ge est né au centre de Wolong le 7 août 2007. Malgré le séisme de mai 2008, Xiang Ge faisait partie des quelques pandas qui sont restés à Wolong un an de plus (lire l'article) alors que la majorité des pandas avaient été envoyés vers Bifengxia ou d'autres zoos après la destruction du centre de Wolong. Il avait rejoint Bifengxia seulement le 25 avril 2009 (lire l'article). Xiang Ge a rejoint ensuite le zoo de Beijing pour une durée d'environ un an, aux côtés de cinq autres pandas, le 29 avril 2009, pour célébrer le 60ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine (lire l'article). Depuis juin 2010, Xiang Ge vit à Bifengxia. La mère de Xiang Ge est Hai Zi, la femelle qui a donné naissance à des jumeaux à Bifengxia le 22 juin dernier (lire l'article).

Xiang Ge - Baixiongping - 29 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Xiang Ge - Baixiongping - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Le père de Xiang Ge est Wu Gang, un mâle père d'au moins 17 pandas, et capturé dans le milieu naturel (comté de Baoxing) en mai 2000. Agé d'à peine un an, Wu Gang va être transféré au centre de Wolong quelques mois après sa capture. Il va être définitivement transféré à Bifengxia après le séisme de mai 2008, soit le 21 juillet 2008.
Wu Gang est entre autres le père de Feng Yi, la femelle qui va prochainement rejoindre la Malaisie (lire l'article), et de Wu Jie le mâle envoyé à Singapour le 6 septembre 2012 (lire l'article).




Le mâle Wu Gang bénéfie d'un grand enclos avec relief - Old Leopard Mountain - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Tong Tong, un mâle, est né le 30 août 2004 au centre de Wolong (lire l'article) et sa mère est Long Gu, connue aussi sous le nom No.20 (20#). Tong Tong a passé plus de quatre ans de sa vie au Shanghai Wild Animal Park, de mars 2006 à novembre 2010, avant de rejoindre la base de Bifengxia.


Tong Tong - Baixiongping - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Deux autres pandas ont été envoyés au Shanghai Wild Animal Park en mars 2006, il s'agit du mâle Ya Ao qui vit toujours à Shanghai (lire l'article) et du mâle Rong Rong. Rong Rong, tout comme Tong Tong, est revenu à Bifengxia en novembre 2010. Rong Rong est né le 12 juillet 2004 au centre de Wolong (lire l'article), et a également passé quelques mois, de décembre 2011 à début 2013, au Langzhong panda paradise amusement park avant d'être remplacé par Fu Long (lire mon rapport sur ce parc d'attractions).


Rong Rong - Baixiongping - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
La femelle Shui Xiu est une des femelles potentiellement enceintes cette année. Shui Xiu est née dans le milieu naturel et son année de naissance est estimée à 2003 +/- 2 ans. Cette femelle panda avait été trouvée par des villageois le 22 mars 2008 vers 7h du matin sur une route à proximité du village de Shuixiu dans le comté de Beichuan, lieu où aucun panda n'avait été vu auparavant. Une équipe d'une douzaine de sauveteurs avait passé 4 heures à la capturer. Elle avait une blessure à la patte gauche et elle avait été transférée dans l'après-midi même au centre de Wolong pour traitement. Il est probable que cette femelle venait soit de la réserve naturelle de Xiaozhaizigou soit de celle de Qianfoshan. Suite à sa blessure, Shui Xiu a dû être amputée d'un morceau de sa patte avant gauche. Shui Xiu a rejoint la base de Bifengxia le 11 mars 2009 où elle a donné naissance à deux paires de jumeaux : Ao Ao et Feng Feng le 1er août 2010 (lire l'article) et à des petits non encore nommés le 24 juillet 2012 (lire l'article) après s'être accouplée naturellement avec le mâle Yi Bao.
Malgré son handicap, Shui Xiu est très agile et je l'ai surprise le dimanche 30 juin perchée très haut dans un arbre du secteur "New Leopard Mountain".



Shui Xiu - New Leopard Mountain - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Shu Qin est un mâle né le 26 août 2009 à la base de Bifengxia (lire l'article). Sa mère est Ying Ying, née dans le milieu naturel et capturée en mars 1992 dans la réserve naturelle de Wolong.




Shu Qin - Old Leopard Mountain - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Shen Bin, une femelle, est née le 20 août 2009 à la base de Ya'an Bifengxia (lire l'article). A sa naissance, Shen Bin se distinguait par un poids relativement élevé, 213,8 grammes ! Sa mère est Le Sheng.


Shen Bin - Old Leopard Mountain - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Dai Li est un autre panda né dans le milieu naturel et qui vit dorénavant en captivité. Né en 1999, ce mâle a été secouru le 8 mai 2001 dans le comté de Baoxing (province du Sichuan) à l'âge de presque deux ans. A sa capture, il a dû être amputé de sa patte arrière gauche après une blessure.

Dai Li - Old Leopard Mountain - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
An Mei, une femelle généralement appelée You You (prononcé Yo Yo) à Bifengxia, est née le 3 août 1998 au centre de Wolong. Elle a rejoint Bifengxia après le séisme de mai 2008, soit le 23 mai 2008. Elle a eu 7 petits dans le passé : les jumelles Qian Qian et Duo Duo nées le 11 septembre 2006 (lire l'article), la femelle Xin Nier née le 28 septembre 2007 (la portée était jumelle mais le second petit n'a pas survécu), le mâle Xiang Lu né le 23 juillet 2009 (lire l'article), et les jumelles nées le 19 octobre 2010 (lire l'article) mais dont seule Zhi Chun a survécu.

You You - Baixiongping - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
La femelle Qing Qing, née le 23 février 2007 au centre de Wolong (lire l'article), occupait un des enclos dans le secteur "Old breeding center" le jour de ma visite. Agée d'à peine six ans, elle n'a jamais été mère auparavant.

Qing Qing - Old breeding center - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Le secteur "Panda kindergarten" héberge 6 jeunes pandas nés l'été 2012, répartis en nombre égal dans deux enclos extérieurs. Il s'agit de la petite de Long Xin née le 28 juillet 2012 (lire l'article), des petits de Xi Mei (un mâle et une femelle) nés le 11 juillet 2012 (lire l'article), des petits de Shui Xiu nés le 24 juillet 2012 (lire l'article) et du petit de Ye Ye né le 21 août 2012 (lire l'article).










Six des jeunes nés l'été 2012 - Panda kindergarten - 30 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Ecole aux couleurs de Da Xiong Mao, dans la ville de Ya'an - 29 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Remerciements : Amélie Le Roy, Meghan Martin, Charlene Johnson, les soigneurs de Bifengxia
Visites de zoos et compte-rendus

Mercredi 26 juin matin à la Vallée du panda, Panda Valley son nom anglais officiel, une base également connue sous le nom de Centre de Dujiangyan Chengdu de recherches sur le terrain sur les pandas géants (Dujiangyan Chengdu Field Research Center for Giant Pandas). Cette base, une antenne de la base de recherches de Chengdu sur l'élevage du panda géant (Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding) et spécifiquement conçue pour mener des recherches sur la réintroduction potentielle dans la nature de pandas nés en captivité, a été inaugurée en janvier 2012 (lire l'article) et est implantée dans le village de Baima (commune de Yutang) dans la banlieue de la ville de Dujiangyan, au nord-ouest de la ville de Chengdu.
L'objectif de cette matinée était principalement d'appréhender la richesse naturelle et écologique de cette vallée.
En effet, à ce jour, seule la première partie de la base est construite, mais cette première partie n'occupe qu'une petite partie de la vallée. Nous avons pu randonner dans le reste de la vallée, le long du cours d'eau, où nous avons découvert la richesse animale et végétale des lieux. C'est dans cet espace relativement naturel que le centre souhaite établir des enclos pour former des pandas captifs à vivre dans des conditions plus similaires à celles de leurs congénères sauvages.
C'est donc dans le prolongement de la première partie que seront construites les seconde et troisième phases de la base. Pour cela, l'aspect naturel du site sera préservé au maximum pour établir des enclos semi-naturels.


Deux vues sur le paysage environnant la base de Dujiangyan - 26 juin 2013 - © Jérôme POUILLE









Un environnement riche en biodiversité. La fleur blanche est une espèce de lys - 26 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Nous avons terminé par une visite des pandas qui se trouvent actuellement dans le premier secteur déjà construit.
Je ne reviendrai pas sur la base en général que j'avais déjà décrit lors de mes activités sur place les 22, 23 et 24 mai derniers (lire l'article).
Deux éléments que je souhaite souligner :
- quelques confusions et questions demeuraient sur le jeune panda qui vit avec la femelle Qi Zhen. J'avais assisté l'an dernier (lire ma chronique du 16 novembre 2012) au transfert de Qi Zhen et sa fille Zhen Zhen ; mais le mois dernier (lire l'article) c'était Ai Li qui se trouvait avec Qi Zhen, et non plus Zhen Zhen. J'ai questionné le soigneur expérimenté He Xing Yuan, qui travaille depuis 20 ans auprès des pandas, et il m'a affirmé que Zhen Zhen et Ai Li avaient été échangées plus tôt cette année, les experts souhaitant mener des études avec Ai Li. Ai Li est née le 24 juillet 2011 à la base de Chengdu (lire l'article). Sa mère est Li Li. Zhen Zhen est quant à elle à Chengdu.

Qi Zhen (au premier plan) et Ai Li (couchée sous la plate-forme) partagent le même enclos - 26 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
- un septième panda se trouve à Dujiangyan et le panda supplémentaire par rapport au mois de mai dernier est Yuan Lin. Ce mâle a été transféré à Dujiangyan il y a quelques jours, il vivait auparavant dans un des enclos du secteur "Adult panda enclosure" de la base de Chengdu avec deux autres pandas du même âge : Er Xi et Ya Yun. Ces derniers ont aussi quitté Chengdu pour rejoindre Changsha, le 17 juin 2013. Yuan Lin est né le 15 août 2010 à la base de Chengdu (lire l'article). Sa mère est Yuan Yuan. Yuan Lin occupe l'enclos N°2b.

Zoom sur les trois bâtiments auxquels sont rattachés trois grands enclos extérieurs dont chacun a été récemment scindé en deux.
Yuan Lin occupe l'enclos N°2b, laissé vide après le départ de Qi Qi et Zhi Zhi vers Beijing
où ils sont exposés à l'occasion de la "9th China (Beijing) International Garden Expo"
© CRBGPB modifié par Jérôme POUILLE

Yuan Lin - Enclos N°2b - 26 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Le 26 juin après-midi, nous avons visité le village de Shuimo, situé dans le comté de Wenchuan et sévèrement affecté par le séisme de mai 2008.
Il a été reconstruit en respectant le modèle architecturale des temps anciens. Des pandas fleuris ouvrent les portes du village.
26 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus

Le Parc des animaux sauvages de Shanghai, dénommé dans la suite de l'article par son nom anglais "Shanghai Wild Animal Park" a été établit par le Gouvernement municipal de Shanghai et l'Administration d'Etat des forêts (State Forestry Administration) et a ouvert ses portes aux visiteurs le 18 novembre 1995. Il occupe une superficie de 153 hectares dans le district de Nanhui, côté Pudong, et se situe à environ 35 kilomètres du centre ville de Shanghai.
Zoo de Shanghai et Shanghai Wild Animal Park constituent deux parcs zoologiques à part entière, le présent rapport ne concerne que le Shanghai Wild Animal Park.
Notons que ce parc zoologique est encore connu aujourd'hui pour ses shows montrant des animaux un peu à la façon d'un cirque, dans des conditions attristantes. Je n'ai assisté à aucun de ces shows mais ce parc fait régulièrement la une des associations de défense du bien-être des animaux captifs. Il est important de dénoncer ces spectacles d'un autre âge, c'est aussi la vision et les attentes des touristes occidentaux qui permettent de faire évoluer positivement la situation de nombreux zoos chinois.
Dès son ouverture, le Shanghai Wild Animal Park exposait trois pandas. Il s'agissait des mâles Ling Gang et Yue Yue et de la femelle Jia Si, tous trois arrivés dix jours avant l'ouverture et prêtés par le centre de Wolong.
Ling Gang avait été capturé dans le comté de Pingwu (Monts Minshan, province du Sichuan) en mars 1984. Agé d'environ 18 ans à son arrivée à Shanghai, il va mourir moins d'un an après son arrivée, soit le 1er novembre 1996.
Yue Yue avait quant à lui été capturé dans le comté de Yuexi (Monts Liangshan, province du Sichuan) en mars 1988. Il va vivre 17 mois à Shanghai avant de repartir vers le centre de Wolong, le 6 avril 1997.
Enfin, Jia Si a été capturée dans le comté d'Ebian (Monts Liangshan, province du Sichuan) en février 1991. Sa date de naissance estimée est 1983, plus ou moins deux ans. Jia Si est toujours en vie au Shanghai Wild Animal Park mais les visiteurs ne peuvent plus la voir, en tout c'est la réponse qui nous a été faite lorsque l'on a demandé à la voir. Compte-tenu de son âge, elle vit dans un espace calme et non accessible du public. Elle n'a jamais été mère en captivité.
Un nouveau mâle va arriver le 24 mars 1997, prêté aussi par le centre de Wolong. Il s'agissait de Lo Lo, un mâle capturé dans le comté de Baoxing (Monts Qionglai, province du Sichuan) en juin 1984. Lo Lo quittera Shanghai le 16 juin 1999 pour rejoindre Wolong.
Le 14 janvier 2001, le Shanghai Wild Animal Park va recevoir le mâle Guo Qing, né le 18 août 1999 au centre de Wolong. Fait rarissime (seulement deux cas rapportés en captivité), Guo Qing était issu d'une portée de triplets. Sa mère Yong Ba avait donné naissance à des triplets : Xiu Xiu qui n'a vécu qu'à peine plus d'un an, Guo Qing qui va mourir au Shanghai Wild Animal Park le 14 mars 2007 d'une infection rénale, et un troisième petit qui n'a pas vécu plus de 48 heures.
Le 26 avril 2004, le Shanghai Wild Animal Park va recevoir deux femelles pandas prêtées par la base de Chengdu : Su Su qui va quitter Shanghai en mai 2006 et qui est encore en vie aujourd'hui à l'âge d'environ 30 ans (Su Su se trouve actuellement à la base de Chengdu) et Zhu Zhu qui va quitter Shanghai un an après son arrivée, le 29 avril 2005.
Fin mars 2006, le Shanghai Wild Animal Park va recevoir trois pandas mâles prêtés par le centre de Wolong : Rong Rong né le 13 juillet 2004, Ya Ao né le 13 août 2004 et Tong Tong né le 30 août 2004. Rong Rong et Tong Tong sont repartis à la base de Ya'an Bifengxia le 20 novembre 2010 tandis que Ya Ao vit toujours à Shanghai.
En 2010 la ville de Shanghai a été le siège de l’Exposition Universelle. Pour cet événement international, la ville a reçu une dizaine de pandas prêtés par le Centre Chinois de Recherches et de Conservation du Panda Géant (lire l’article). Ces pandas ont partagé leur temps entre le zoo de Shanghai et le Shanghai Wild Animal Park.
Enfin, trois nouveaux pandas mâles vont être transférés au Shanghai Wild Animal Park le 21 septembre 2011 : les frères jumeaux Xing Hui et Xing Rui, nés le 22 juillet 2009 à la base de Ya'an Bifengxia (lire l'article) et Zi Yan né le 14 (15 ?) août 2009 également à Bifengxia (lire l'article).
De son ouverture à aujourd'hui, le Shanghai Wild Animal Park n'a connu aucune naissance de pandas. Ce zoo a même malheureusement connu plusieurs décès de pandas, dont le plus récent est le mâle An An, un des pandas prêtés à l'occasion de l'Exposition Universelle, qui est mort le 16 janvier 2011.
J'ai visité le Shanghai Wild Animal Park le mercredi 12 juin 2013, accompagné d'Erica et de Melissa, mes deux amies Pambassador. Je remercie Erica et ses parents pour cette semaine spéciale à Shanghai et leur temps pour nous guider dans cette immense ville.
Le secteur des pandas se situe à environ 15 minutes à pied de l'entrée, au sud-est.

Plan du Shanghai Wild Animal Park, le secteur des pandas géants est cerclé en rouge - © SWAP modifié par Jérôme POUILLE
Le Shanghai Wild Animal Park expose donc actuellement quatre pandas aux visiteurs mais ne dispose que d'un enclos extérieur visible du public. Cet enclos est très vaste, comporte plusieurs grands arbres qui fournissent l'ombre nécessaire en cas de fortes chaleurs, des plates-formes en bois pour grimper, des points d'eau et des suspensions (pneus, balançoire).



Enclos extérieur, occupé le jour de ma visite par les trois mâles Xing Hui, Xing Rui et Zi Yan - 12 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Ce grand enclos extérieur est occupé par Xing Hui, Xing Rui et Zi Yan, les trois mâles nés en 2009 et arrivés le 21 septembre 2011. Âgés d'à peine 4 ans, ils peuvent être hébergés ensemble sans risque. Xing Hui et Xing Rui sont jumeaux et leur mère est Na Na et leur père Lu Lu. La mère de Zi Yan est Zi Zhu.













Xing Hui, Xing Rui et Zi Yan - 12 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Xing Hui, Xing Rui et Zi Yan disposent également d'un enclos intérieur où les visiteurs peuvent les observer lorsque les températures sont plus élevées.

Premier enclos intérieur, celui de Xing Hui, Xing Rui et Zi Yan - 12 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Un second bâtiment renferme un enclos intérieur comportant une séparation vitrée offrant la possibilité d'exposer deux pandas. Mais actuellement, seul le mâle Ya Ao, né le 13 août 2004 au centre de Wolong et arrivé au Shanghai Wild Animal Park en mars 2006, occupe cet enclos et a accès aux deux moitiés.
La mère de Ya Ao est Gong Zhu, son père Ling Ling. Malgré qu'il soit âgé de presque 10 ans, Ya Ao n'a jamais été père.

Second enclos intérieur, divisé en deux, occupé seulement par Ya Ao le jour de ma visite - 12 juin 2013 - © Jérôme POUILLE



Ya Ao - 12 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Visites de zoos et compte-rendus

Le mardi 4 juin 2013 sonnait le début de la partie plus officielle du programme Chengdu Pambassador pour l'année 2013 (lire l'article).
Durant la seconde partie du mois de juin et la première partie du mois de juillet, nous, Erica, Melissa, et moi-même, allons principalement avoir des activités à la base de recherches de Chengdu sur l'élevage du panda géant (Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding). Ces activités vont s'inscrire en complément de celles dont j'ai déjà pu bénéficier en mai dernier avant l'arrivée de mes co-gagnantes (lire l'article).
Pour une description de la base de Chengdu, voir la page spéciale sur mon site dédiée aux Centres de recherche et d'élevage du panda géant en Chine.
Activités du vendredi 28 juin 2013 matin :
Vendredi dernier (voir ma chronique ci-dessous), j'ai présenté Si Yi et Xiao Qiao, deux des jeunes nés l'été dernier. Aujourd'hui, je vous laisse découvrir les photos de Yuan Run, une femelle née le 25 août 2012 à Chengdu (lire l'article). Elle est élevée par Si Yuan, une femelle née le 22 octobre 2004 à la base de Chengdu, avec qui elle partage le même enclos intérieur et extérieur dans le secteur "Moonlight nursery house".
Aujourd'hui était une journée très chaude à Chengdu mais j'ai eu la chance de voir Yuan Run jouer dans sa piscine avant qu'elle ne rentre avec Si Yuan.








Yuan Run - Moonlight nursery house - 28 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
L'après-midi, pas d'activités à la base de Chengdu. J'ai pris le bus depuis Chengdu vers la ville de Ya'an et demain direction la base de Bifengxia du Centre Chinois de Recherches et de Conservation du Panda Géant (China Conservation and Research Center for the Giant Panda) !!
Activités du mardi 25 juin 2013 :
Journée sous le soleil avec un ciel bleu que l'on aperçoit si rarement à Chengdu. Ce matin, nous avons enregistré le comportement de pandas et cet après-midi nous avons pu assister à un check-up médical complet d'un panda.
Mardi 18 juin dernier (voir ma chronique plus bas sur cette même page), nous avions eu une formation sur l'observation comportementale avec James Ayala, chercheur en comportement animal. La suite de cette formation théorique consiste en des observations pratiques. La première séance était ce matin, la seconde sera le mercredi 3 juillet. Erica, Melissa, et moi-même avons observé durant une heure un panda adulte et avons noté minute par minute son comportement, et ce après avoir introduit dans son enclos un objet d'enrichissement.
Dans la nature, la principale activité des pandas sauvages est la recherche de nourriture et sa consommation. En captivité, les pandas n'ont pas à chercher leur nourriture qui leur est distribuée à volonté ou presque. De même, avec les compléments nutritifs riches en énergie qu'ils reçoivent, globalement les pandas captifs passent moins de temps par jour pour leur alimentation que leurs congénères sauvages. Ce temps libre pour les pandas captifs doit être occupé avec d'autres activités afin qu'ils ne s'ennuient pas et qu'ils n'expriment pas de comportement stéréotypé.
Susciter des activités nouvelles à l'aide d'objets ou de stratégies permet d'enrichir le quotidien des animaux et ainsi d'améliorer leur bien-être. Il a été démontré que l'enrichissement avait un impact majeur sur plusieurs indices du bien-être psychologique. Les pandas régulièrement confrontés à des objets ou des stratégies d'enrichissement sont plus actifs et engagés dans des comportements divers de jeu et de non jeu. Ils expriment ainsi moins de comportements stéréotypés et montrent des signes de bien-être même en l'absence d'interaction directe avec un objet d'enrichissement. Par exemple, des études au zoo de San Diego (Etats-Unis) ont démontré que l'enrichissement occupait 2 à 3% du temps des pandas et améliorait le bien-être plus tard dans la journée.
Par exemple, les animaux peuvent se voir offrir des blocs de glace avec de la nourriture emprisonnée ce qui allonge le temps d'occupation et sollicite la mastication ; les biscuits hautement fibreux et durs riches en énergie longs à mâcher et à ingérer remplissent un peu le même rôle. L'emploi de "puzzle nutritif" contenant des pommes, carottes, biscuits incite l'animal à le manipuler pour en extraire la nourriture. La fréquence et l'heure des repas doivent varier pour limiter l'attente de la nourriture souvent couplée à des comportements stéréotypés. Des objets manipulables sont également offerts dans les programmes d'enrichissement. Ils sont choisis sur la base de leurs propriétés physiques qui facilitent des opportunités comportementales différentes.
De plus en plus de zoos abritant des pandas mettent en place des plans d'enrichissement, qui consistent en fait en une série de mesures visant à améliorer l'environnement des animaux captifs. Cet environnement concerne la structure même de l'enclos et de l'habitat mais aussi le rôle et l'importance de l'ensemble des objets mis à la disposition des animaux. L'enclos et ces objets doivent tous les deux avoir pour objectifs de développer, de stimuler et d'augmenter les choix comportementaux des animaux captifs pour que le comportement de ces derniers se rapproche le plus possible de celui de leurs congénères sauvages. Le but est bien de lutter contre l'apparition de comportements stéréotypés (exemple : l'animal tournant en rond dans son enclos) et de privilégier et stimuler le maintien de comportements physiques et mentaux normaux.
Aujourd'hui, l'objet d'enrichissement testé est un sac en toile de jute comportant quelques jeunes pousses de bambous ainsi que des morceaux de pomme.

L'objet d'enrichissement réalisé : un sac avec quelques jeunes pousses de bambous et des morceaux de pomme
No.2 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Dans un premier temps, nous avons chacun observé un mâle adulte dans le secteur "No.2 Panda house" pendant une heure à partir du moment de l'introduction de l'objet. Erica a observé Mei Lan, Melissa Kebi et moi Long Long.
Long Long est un mâle secouru le 16 avril 2012 dans la réserve naturelle de Longxi-Hongkou (pour en savoir davantage sur ce sauvetage, lire ma chronique du 15 novembre 2012 lors de la finale du concours Pambassador). Mei Lan est né au zoo d'Atlanta le 6 septembre 2006 (lire l'article) et a été transféré à Chengdu le 5 février 2010 (lire l'article). Ke Bi est né à la base de Chengdu le 26 juillet 1992 et est surtout connu pour son fort tempérament. Il est très puissant, et a déjà blessé plusieurs femelles, notamment lors de la saison des amours. Il est le père de 9 pandas dont sont 7 encore en vie : les femelles Cheng Gong et Cheng Ji, deux jumelles nées le 12 septembre 2000, la femelle Yuan Yuan née le 1er août 2003, la femelle Jing Jing née le 30 août 2005, la femelle Ya Zai née le 19 août 2006, la femelle Ke Lin née le 13 août 2007, et la femelle Xing Rong née le 13 août 2007. Il est également potentiellement le père d'autres jeunes pandas dont la paternité n'a pas encore été recherchée.


Ke Bi - No.2 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Long Long - No.2 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Durant l'heure d'observation, Long Long est majoritairement resté dans un coin de son enclos intérieur, en alerte au moindre bruit et passage. Il s'est seulement levé deux minutes et a reniflé le sac rempli de bambous et de pommes environ 45 secondes. Mais l'environnement était plutôt bruyant et il semblait être sur ses gardes. Plus tard dans la matinée, alors qu'il était seul et dans le calme, j'ai pu voir qu'il investiguait à nouveau le sac.

Tous les comportements sont notés sous forme de code pour un gain de temps dans un tableau préalablement construit
Long Long - No.2 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
En seconde partie de matinée, nous avons renouvelé l'expérience mais cette fois-ci en plaçant trois sacs dans l'enclos de Ya Xing et cinq jeunes nés en 2011 (la femelle Er Qiao, la femelle Xing Mei, le mâle Qiao Qiao, la femelle Zhen Zhen et la femelle Jun Jun) et en les observant 30 minutes. Le groupe s'est principalement intéressé aux objets d'enrichissement dans les cinq premières minutes.
Extrait vidéo juste après l'introduction des sacs dans l'enclos des 6 pandas - No.2 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Cette matinée nous a permis d'appréhender combien il était difficile d'une part d'observer et de noter l'ensemble des comportements, notamment lorsque l'on observe des animaux captifs et nombreux dans un même enclos. D'autres part, l'interprétation des résultats est difficile car de nombreux facteurs viennent affecter l'observation et le comportement des pandas, en sus de l'objet d'enrichissement. Bien sûr, ce matin c'était un entraînement pour nous faire mieux comprendre le travail des chercheurs en comportement animal. Lors d'études véritables, les conditions sont différentes et les facteurs externes sont minimisés pour observer au mieux la réaction de l'animal uniquement face à l'objet.
L'après-midi, nous nous sommes rendus au secteur "No.1 Panda house" où le Dr. Lan Jinchao nous a expliqué comment évaluer l'état de santé d'un panda à partir d'observations et d'examens médicaux simples, ne nécessitant pas d'anesthésie. Le panda observé était le mâle Wu Yi né le 7 août 2006 à la base de Chengdu (lire l'article). La portée était jumelle mais Wu Yi était le plus jeune et il ne pesait que 51 grammes à sa naissance, ce qui est très faible mais grâce aux efforts des vétérinaires et des soigneurs, il a survécu. D'ailleurs, son nom Wu Yi signifie "51" en chinois et il est célèbre puisque c'est le panda avec le plus faible poids à la naissance à avoir atteint l'âge adulte. Un documentaire a même était réalisé sur lui en 2012 au Japon.
Un vétérinaire a réalisé une prise de sang sur Wu Yi. Grâce au training régulier avec son soigneur, Wu Yi est habitué à poser sa patte sur une glissière métallique, geste indispensable pour la pose de l'aiguille et la prise de sang. Pendant la prise de sang, Wu Yi est régulièrement récompensé avec des morceaux de pomme. Le sang est ensuite envoyé au laboratoire qui va rechercher les minéraux et d'autres éléments pour vérifier si les taux correspondent aux normales connues chez l'espèce. Ensuite, Lan Jinchao a écouté son cœur grâce à un stéthoscope, et nous avons également pu nous prêter à l'exercice : résultat : un pouls normal, régulier et 81 battements par minute. Ce chiffre est légèrement élevé mais explicable au regard des hautes températures aujourd'hui et de la présence de nombreuses personnes autour de lui (niveau de stress plus important). Ensuite Wu Yi a été pesé, pour cela son soigneur l'a dirigé vers la balance grâce à des morceaux de pommes. Pour que la pesée soit correct, l'animal doit être entièrement sur la balance, ne doit pas tenir les barreaux et doit bouger le moins possible. Aujourd'hui, Wu Yi pèse environ 122 kilos. Enfin, l'observation d'autres indices tels la fourrure, les yeux, le comportement, l'aspect, le nombre et la couleur des fèces, la couleur de l'urine, permet de déceler d'éventuels problèmes de santé. Notre mâle Wu Yi est en excellente santé.

Prise de sang pour Wu Yi. Sa patte a un carré rasé et maintenu rasé pour faciliter cet examen - No.1 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Le soigneur maintient la vigilance de Wu Yi grâce à des pommes et à un training régulier - No.1 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Ecoute du cœur de Wu Yi, grâce au stéthoscope correctement positionné sur sa poitrine - No.1 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE


Pesée de Wu Yi, la balance affiche un poids d'environ 122 kilos - No.1 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Fu Fu, un mâle né au centre de Wolong le 25 août 2001, qui a passé quelques années au "Fuzhou Panda World",
à Fuzhou (province du Fujian, Chine), où il a été prêté d'avril 2005 à mai 2008 puis de juin 2008 à février 2012,
date à laquelle il a été transféré à la base de Chengdu dans le cadre d'un programme d'échanges de pandas entre Chengdu et Bifengxia.
No.1 Panda house - 25 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du lundi 24 juin 2013 :
Première activité du matin, et comme la semaine précédente, nettoyage de l'enclos intérieur du mâle Xing Bang, avec Erica, dans le secteur "No.14 Panda enclosure".
En deuxième partie de matinée, nous avons pu échanger avec Chen Peng, un chercheur de la base de Chengdu, au sujet du recensement en cours, le quatrième recensement national des pandas sauvages et de leur habitat. Pour en savoir plus sur la méthodologie de ce nouveau recensement et accéder aux résultats détaillés du précédent recensement, lire mon article du 28 mars 2012.
Nouveauté dans la méthodologie de ce quatrième recensement, les scientifiques collectent un certain nombre de fèces pour réaliser des analyses ADN mais aussi des tests hormonaux et des recherches de maladies et parasites.
Les analyses ADN permettent d'affiner les comptages et de connaître d'autres paramètres tel le sexe des individus. Le laboratoire implanté dans les locaux de la base de Chengdu est un des laboratoires impliqués dans ces analyses pour les échantillons collectés dans la province du Sichuan.
En plus de recenser le nombre de pandas sauvages et leur habitat, les équipes font également des relevés qualitatifs et/ou quantitatifs sur les espèces d'arbres et leur taille, sur les espèces de bambous, et sur les marques odorantes et les griffures laissées par les pandas sauvages. Plus de 200 personnes sont impliquées dans ce quatrième recensement qui a débuté en octobre 2011 et qui devrait s'achever cette fin d'année. Les résultats sont attendus pour 2014.
L'après-midi, nous avons pu assister à la sortie de A Bao (Po) et De De du secteur de quarantaine. J'ai rédigé une actualité consacrée à cet événement, accessible via ce lien.


Meng Meng, une femelle du zoo de Beijing envoyée à Chengdu pour la saison des amours.
Malgré la pluie de ce jour, elle semble s'amuser à déterrer cette racine. Potentiellement enceinte, elle va rester ici jusqu'à la fin
de sa grossesse ou de sa pseudo-grossesse. Meng Meng est née le 13 septembre 2006 au centre de Wolong
et avait été transférée au zoo de Beijing le 25 mars 2008 - Sunshine Nursery House - 24 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du vendredi 21 juin 2013 :
Ce matin, nous avons eu la chance de pouvoir aller au plus près de deux des jeunes nés l'an dernier à la base de Chengdu. Nés respectivement les 12 et 19 août 2012, la femelle Xiao Qiao et le mâle Si Yi sont élevés par la femelle Xiao Yatou et occupent un enclos dans le secteur "Moonlight nursery house". Quand ils sont à l'extérieur, les jeunes âgés de 10 mois ont un enclos pour eux seuls tandis que Xiao Yatou prend des forces et du repos dans un autre enclos adjacent.
Nous avons donc eu l'opportunité d'entrer dans l'enclos de Xiao Qiao et de Si Yi et d'interagir avec eux. Xiao Qiao a été le plus intrigué par notre présence, mais aussi celui qui a voulu nous attaquer !!
Xiao Yatou est née le 13 août 2006 à la base de Chengdu et est devenue mère pour la première fois l'an dernier (lire l'article) et sa petite est Xiao Qiao.

Xiao Yatou - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Si Yi - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Xiao Qiao - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE

Xiao Qiao - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Si Yuan occupe un enclos dans le secteur "Moonlight nursery house" qu'elle partage avec la femelle Yuan Run née le 25 août 2012 (lire l'article). Si Yuan est née le 22 octobre 2004 à la base de Chengdu et est devenue mère pour la première fois l'an dernier en mettant au monde Si Yi, un mâle, le 19 août 2012 (lire l'article). Si Yuan est facilement identifiable puisqu'elle a de longs poils blancs à l'extrémité de ses pattes avant.

Si Yuan - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE


Yuan Run - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Une autre femelle se trouvait ce matin dans un des enclos extérieurs dans la "Moonlight nursery house", il s'agissait de Jing Jing, une femelle née le 30 août 2005 (lire l'article). Sa mère est Ya Ya et son père Ke Bi.


Jing Jing - Moonlight Nursery House - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Dans le secteur "No.1 Panda house" se trouve Xiao Ping Ping, un mâle né dans le milieu naturel en 1987 et capturé dans le comté de Lushan (province du Sichuan) en mars 1988. Xiao Ping Ping est le père d'au moins 8 pandas dont 4 sont encore en vie : la femelle Eryatou née le 19 septembre 1993, le mâle Gong Zai né le 26 juillet 2008 (lire l'article), et les jumeaux Ying Ying (mâle) et Ni Ni (femelle) nés le 23 août 2008 (lire l'article).



Xiao Ping Ping - No.1 Panda house - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Deux autres femelles que je n'ai pas présenté jusqu'ici occupent également un des enclos dans le secteur "No.1 Panda house". Il s'agit des jumelles Wen Yi et Ya Li, nées le 19 juillet 2009 (lire l'article). Agées de presque 4 ans, elles ont la particularité de partager encore le même enclos, ce qui est très rare à cet âge, mais elles s'entendent très bien. Leur mère est Li Li.

Wen Li et Ya Li - No.1 Panda house - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Qiu Bang, connu aussi sous les noms de Qiu Bing ou Shu Hin, est un mâle né le 8 septembre 2003 au zoo Adventure World de Shirahama, au Japon. C'est le frère jumeau de Long Bang (Long Bing, Ryu Hin), et ils sont tous les deux des fils de la femelle Mei Mei et du mâle Ei Mei. Qiu Bang est un mâle à l'allure très puissante et il pèse environ 140 kilos. Il occupe un des deux enclos du secteur "Giant panda cub enclosure".

Qiu Bang - Giant panda cub enclosure - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Enfin, Yuan Lin, un mâle né le 15 août 2010 (lire l'article), vit dorénavant seul dans un des enclos du secteur "Adult panda enclosure". En mai (lire l'article), il partageait cet enclos avec Er Xi et Ya Yun, nés également en 2010, mais ces deux pandas ont été transférés au parc écologique de Changsha il y a 4 jours (soit le 17 juin 2013).
CORRECTIF DU 25 Juin 2013 : Enfin, j'ai pu voir Qiao Qiao, un mâle arrivé à Chengdu en février dernier. Né dans le milieu naturel en 2004, il a été capturé dans le comté de Changqing (Monts Qinling, province du Shaanxi) le 9 avril 2006 puis a été transféré le jour suivant au Centre de sauvetage et de recherche sur les animaux sauvages du Shaanxi (Shaanxi Province Wild Animal Rescue & Breeding Center) située dans la ville de Louguantai (province du Shaanxi). Il a été transféré de Louguantai à Chengdu avant la saison des amours mais ne s'est pas accouplé. Dr. Lan Jinchao pense qu'il est encore un peu jeune et m'a indiqué qu'il ne s'était pas intéressé aux femelles.
Ce jour, Qiao Qiao occupait l'ancien enclos de Yuan Lin, Er Xi et Ya Yun, dans le secteur "Adult panda enclosure". Er Xi et Ya Yun ont été transférés au parc écologique de Changsha il y a 4 jours (soit le 17 juin 2013) et Yuan Lin a été envoyé à la Vallée de Panda (Dujiangyan), une annexe de la base de Chengdu.


Qiao Qiao (CORRECTIF du 25 juin 2013 / Yuan Lin) - Adult panda enclosure - 21 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
L'après-midi, Kendall Bilbrey, une stagiaire de l'Institut de biologie de la conservation du Smithsonian (Smithsonian Conservation Biology Institute - Department of Conservation Medicine) nous a présenté le stage qu'elle vient de réaliser à la base de Chengdu dont le thème était la recherche comportementale des pandas roux. Son stage a consisté en de nombreuses heures d'observation du comportement des pandas roux de la base de Chengdu. Au préalable, elle a également établi une base de données d'identification des pandas roux de la base.
Activités du jeudi 20 juin 2013 après-midi :
Cet après-midi a été consacré à quatre présentations. La première concernait la coopération de la base de Chengdu avec l'international, principalement pour la recherche scientifique concernant le panda géant mais aussi d'autres espèces animales chinoises.
La seconde présentation avait pour sujet les maladies et affections touchant les pandas captifs, ainsi que les mesures adoptées à la base pour prévenir et lutter contre ces problèmes de santé.
La troisième rencontre a permis de revenir sur la coopération de la base de Chengdu avec les cinq pays qui hébergent des pandas venant de Chengdu : Japon, France, Canada, Espagne et Etats-Unis.
Enfin, la dernière intervention était celle de Xu Ping, à la tête du département de l'éducation à la conservation à la base de Chengdu. Ce département, instauré en 2000, compte aujourd'hui 13 éducateurs. Xu Ping a rappelé que l'éducation à la conservation en est à ses débuts en Chine et que la base de Chengdu est pionnière en ce sens. Le personnel du département d'éducation à la conservation coopère avec de nombreuses institutions étrangères notamment pour recevoir des formations, formations que la base de Chengdu peut ensuite dispenser dans d'autres zoos chinois. Le zoo d'Atlanta et l'Association des zoos et aquariums (AZA - Association of Zoos and Aquariums) sont des partenaires importants de la base de Chengdu pour transmettre aux chinois les connaissances acquises dans ce domaine dans les pays occidentaux. La base de Chengdu dispense également des formations au personnel qui travaille dans les réserves naturelles afin que ces gardes et éducateurs puissent à leur tour faire de l'éducation à la conservation auprès des villageois et des écoles dans les campagnes. Tous les étés, la base de Chengdu monte des camps d'été, principalement à destination des enfants, dans des réserves naturelles pour les sensibiliser aux richesses naturelles de leur territoire et à la nécessité de protéger leur environnement. Cet été 2013, des camps prendront place dans les réserves naturelles de Heizhugou, de Mabian Dafengding et de Laojunshan, toutes trois situées dans les Monts Liangshan. Les financements pour ce genre de camps proviennent majoritairement du zoo de Chester, en Angleterre. En partenariat avec ce même zoo, la base de Chengdu va lancer sous peu un programme de sensibilisation contre le trafic animal et le commerce des espèces sauvages. Enfin, la base de Chengdu a également un programme d'éducation à la conservation des pandas roux, également en coopération avec le zoo de Chester et fait de nombreuses interventions dans les écoles à ce sujet.
Activités du mercredi 19 juin 2013 :
Retour dans le secteur "No.14 panda enclosure" ce matin, avec Qin Dage, le soigneur en charge des pandas dans ce secteur, et Erica, ma co-gagnante chinoise.
Nous avons nettoyé l'enclos intérieur de Xing Bang, le même mâle que le jour précédent (lire ci-dessous), mais aussi l'enclos intérieur de Mei Bang.
Xing Bang bénéficie d'un enclos extérieur pour lui seul et de deux enclos intérieurs avec lesquels on peut jongler pour le nettoyage.
La femelle Mei Bang partage son enclos extérieur avec Yong Bang, son frère jumeau. Cependant, ces pandas étant des sub-adultes, ils ne se trouvent jamais simultanément dans l'enclos extérieur. Les soigneurs alternent et les visiteurs peuvent selon les jours apercevoir Mei Bang ou Yong Bang dans le grand enclos extérieur, à l'aspect très naturel, qui figure parmi les plus beaux enclos de la base.
Les jumeaux Mei Bang et Yong Bang, tels qu'ils sont appelés à la base de Chengdu, sont certainement plus connus sous les noms respectifs de Mei Hin et Ei Hin, les noms qu'ils ont reçu à leur naissance au zoo Adventure World de Shirahama, au Japon.
Mei Bang et Yong Bang sont nés au Japon le 13 septembre 2008 (lire l'article). Leur mère est Rau Hin et leur père Ei Mei, toujours au zoo Adventure World.
Les jumeaux ont été rapatriés vers la base de Chengdu le 26 février dernier (2013) (lire l'article).
La base de Chengdu et le zoo Adventure World de la capitale de la province de Wakayama ont de longues années de coopération derrière eux. Ce zoo japonais est aussi celui qui a enregistré le plus grand nombre de naissances hors de Chine.



La femelle Mei Bang - No.14 Panda enclosure - 19 juin 2013 - © Jérôme POUILLE


Le mâle Yong Bang, âgé de presque 5 ans, a pris un malin plaisir à se rouler dans la terre
No.14 Panda enclosure - 19 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
L'après-midi, nous avons assisté à une présentation de l'école vétérinaire de l'Université de Pennsylvanie (School of Veterinary Medicine of the University of Pennsylvania) dressée par la Doyenne Prof. Hendricks. Le directeur de la base de Chengdu, Dr. Zhang Zhihe, a appelé à davantage de coopération avec cette école, notamment sur les aspects de recherche scientifique concernant les maladies et les affections qui touchent les pandas captifs de la base, que ce soient les pandas roux ou les pandas géants.
Enfin, nous avons assisté à une expérience de recherche d'hormones dans les urines de quatre pandas, dans le département de la reproduction au laboratoire sur la conservation et la génétique des espèces en danger de la province du Sichuan (Key Laboratory for Reproduction and Conservation Genetics of Endangered Wildlife of Sichuan Province), au sein de la base de Chengdu. Nous avons également pris connaissance des résultats de l'électrophorèse réalisée la veille, électrophorèse qui confirme que Ke Bi est le père de Ya Zai, et que Ya Ya est sa mère.
Activités du mardi 18 juin 2013 :
En première partie de matinée, j'avais en charge Xing Bang, un mâle né au Japon, au zoo Adventure World de Shirahama, le 23 août 2005 (lire l'article).
Xing Bang a été transféré vers la base de Chengdu le 16 mars 2010 (lire l'article), où il vit depuis. Au Japon, ce mâle était connu sous les noms de Kou Hin ou encore de Xing Bing, mais depuis son arrivée à Chengdu, il est dorénavant appelé Xing Bang.
Xing Bang vit dans un des enclos du secteur No.14 Panda enclosure. Il dispose d'un enclos extérieur très vaste, et d'un petit enclos intérieur. L'enclos extérieur n'est pas accessible par les visiteurs.
C'est le soigneur Qin Dage qui a en charge ce secteur où vivent actuellement trois pandas : Xing Bang, Mai Bang et Yong Bang (tous trois sont nés au Japon).
J'ai nettoyé l'enclos intérieur de Xing Bang, avec l'aide d'Erica, ma co-gagnante chinoise, et nous lui avons distribué des pousses de bambous.
Xing Bang était curieux lorsque nous nettoyions son enclos intérieur, mais il est très doux.
Qin Dage m'a indiqué que Xing Bang ne s'était pas accouplé cette année, et que sa semence n'avait pas été collectée.


Xing Bang, un mâle âgé de presque 8 ans - No.14 Panda enclosure - 18 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
En seconde partie de matinée, James Ayala, chercheur en comportement animal, que j'avais déjà rencontré en mai (lire l'article), nous a exposé les possibilités d'observation du comportement des pandas captifs, notamment en lien avec l'introduction d'objets d'enrichissement. Nous mettrons en pratique ces possibilités d'enregistrement du comportement des pandas les 25 juin et 3 juillet prochain lors de séances d'observations de pandas, avec et sans objet d'enrichissement. Les notes que nous prendrons serviront à établir un éthogramme, sorte de graphique qui facilite la lecture des différents comportements au cours du temps et en lien avec les facteurs environnants.
En captivité, susciter des activités nouvelles à l'aide d'objets ou de stratégies permet d'enrichir le quotidien des animaux et ainsi améliorer leur bien-être. Il a été démontré que l'enrichissement avait un impact majeur sur plusieurs indices du bien-être psychologique. Les pandas régulièrement confrontés à des objets ou des stratégies d'enrichissement sont plus actifs et engagés dans des comportements divers de jeu et de non jeu. Ils expriment ainsi moins de comportements stéréotypés et montrent des signes de bien-être même en l'absence d'interaction directe avec un objet d'enrichissement. Par exemple, des études au zoo de San Diego (Etats-Unis) ont démontré que l'enrichissement occupait 2 à 3% du temps des pandas et améliorait le bien-être plus tard dans la journée.
De 14h à 15h, Mme Rong Hou, directrice du laboratoire et du centre de recherches nous a présenté le rôle que joue la base de Chengdu dans la conservation de l'espèce ; et notamment les progrès de l'élevage en captivité et le rôle de cette population ex situ dans la conservation globale de l'espèce. Nous avons évoqué la saison des amours passée et cette année la base de Chengdu espère de nombreuses naissances. Mme Rong nous a également révélé qu'ils avaient évité au maximum cette année d'inséminer les femelles qui s'étaient accouplées naturellement auparavant.
Enfin, en seconde partie d'après-midi, nous nous sommes rendus au laboratoire sur la conservation et la génétique des espèces en danger de la province du Sichuan (Key Laboratory for Reproduction and Conservation Genetics of Endangered Wildlife of Sichuan Province), au sein de la base de Chengdu, où nous avons assisté à la préparation d'une électrophorèse pour déterminer la paternité du panda Ya Zai. Les résultats sont attendus pour demain mercredi.

Préparation d'une électrophorèse pour déterminer la paternité de Ya Zai - 18 juin 2013 - © Jérôme POUILLE
Activités du lundi 17 juin 2013 après-midi :
Durant ce premier après-midi, Dr. Shen Fujun, professeur et chercheur, nous a présenté les différentes facettes de l'aspect génétique de la conservation ex situ des pandas géants. Dr. Shen Fujun est l'auteur ou le co-auteur de nombreuses publications notamment sur l'utilisation de marqueurs génétiques pour évaluer la diversité génétique de populations de pandas, ou pour identifier le sexe des pandas.
Avoir une population captive génétiquement diversifiée est indispensable pour maintenir cette population captive viable sur le long terme et ainsi assurer qu'elle soit auto-entretenue, sans nécessité de prélever de nouveaux pandas sauvages.
Le but de la gestion génétique est de protéger et de maintenir cette diversité génétique de la population captive, diversité qui descend des individus sauvages à l'origine de cette population captive.
Aujourd'hui, la population captive descend de 46 fondateurs. Un fondateur est un individu provenant du milieu naturel et qui a au moins un descendant dans la population captive actuelle. La diversité génétique de la population captive était de 97,01% en 2008, et même en légère augmentation depuis 2002. Cette diversité génétique pourrait être encore augmentée, notamment en engageant les fondateurs potentiels dans la reproduction (un fondateur potentiel étant un individu provenant du milieu naturel mais qui n'a pas encore de descendant).
Chaque fois qu'un panda sauvage est ajouté à la population captive (exemple des animaux secourus), et que ce panda a un descendant, il devient un nouveau fondateur de la population captive et participe au maintien voire à l'augmentation de la diversité génétique de la population captive.
Lors de l'Atelier sur le plan de gestion de la population captive de pandas géants (Captive Management Planning Workshop), qui s'était tenu en décembre 1996, les spécialistes avaient défini le but à long terme du maintien en captivité de pandas géants : Développer en Chine une population captive auto-entretenue de pandas géants qui aidera à soutenir sur le long terme une population viable dans le milieu sauvage. Il était communément admis qu'une population captive de 300 pandas permettrait d'obtenir une population auto-entretenue démographiquement et génétiquement diversifiée (retenant au moins 90% de diversité génétique de la population fondatrice) pour les cent ans à venir, sans nécessité de prélèvement supplémentaire dans le milieu naturel. Ce chiffre est atteint depuis 2010 ; d'où l'intérêt dorénavant de mettre l'accent sur la qualité des naissances surtout dans une optique de réintroduction dans le milieu naturel d'animaux nés en captivité.
Cependant, un autre objectif doit être gardé en mémoire. Pour maintenir cette même diversité génétique sur une période de 200 ans, et non plus de 100 ans, entre 400 et 600 individus sont nécessaires en captivité. C'est aujourd'hui un nouvel objectif poursuivi en Chine, en plus de celui de la qualité des naissances. Shen Fujun estime que 7 à 10 ans seront nécessaires pour obtenir cet effectif.
Le défi chaque année est donc d'avoir le plus de naissances possible, mais des naissances de bonne qualité. Pour cela, il est nécessaire au préalable de connaître la qualité génétique de chaque individu, afin de décider si ce dernier peut ou non participer à la reproduction. En effet, un individu qui serait sur-représenté dans la population captive (= qui aurait beaucoup de descendants) doit être écarté car il participe à un affaiblissement de la diversité génétique de la population captive. Connaître la qualité génétique de chaque individu (son taux de consanguinité, son taux de parenté moyen,...) permet de sélectionner les meilleurs individus et les meilleurs appariements pour la reproduction, que ce soit pour un accouplement naturel ou pour une insémination artificielle.
Bien entendu, les aspects génétiques ne sont pas les seuls aspects de la qualité des individus. L'aspect comportemental est également primordial, notamment avoir des individus capables de se reproduire naturellement, des femelles d'être des mères compétentes...



