La réserve naturelle de Tangjiahe (唐家河国家级自然保护区) protège un territoire de 40 000 hectares dans l'extrémité nord-ouest du comté de Qingchuan, tout au nord de la province du Sichuan, dans les monts Minshan, l'une des 6 grandes chaînes montagneuses habitées par les derniers pandas sauvages.
Cette réserve naturelle a été établie en 1978 puis élevée au rang de réserve nationale en 1986. Au Nord, elle est connectée avec la réserve naturelle de Baishuijiang dans la province du Gansu, à l'Est avec celle de Dongyangou dans la province du Sichuan, et au sud-ouest avec les réserves de Laohegou, Guanbagou et Xinyicun toujours dans le Sichuan.
La stèle marquant l'entrée dans la réserve naturelle de Tangjiahe - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Selon les données du 4ème recensement national des pandas géants sauvages et de leur habitat, qui s'est déroulé de 2011 à 2014, 32 952,19 hectares de la réserve de Tangjiahe sont considérés comme habitat du panda, soit 82,38% du territoire de la réserve ; auxquels s'ajoutent 2 285,03 hectares d'habitat potentiel soit 88,09% de la réserve considérés comme habitat ou habitat potentiel pour le panda. Toujours selon ce récent recensement, 39 pandas sauvages sont dénombrés dans la réserve de Tangjiahe, contre 38 une décennie auparavant (selon le troisième recensement officiel, mené de 1999 à 2003).
La réserve de Tangjiahe fut le second site étudié par George Schaller et Hu Jinchu. Après leurs premières recherches scientifiques in situ dans la réserve naturelle de Wolong ils ont établi un camp de recherche à partir de février 1984 à Baixiongping dans la réserve de Tangjiahe.
Aujourd'hui, la réserve naturelle de Tangjiahe est intégrée au parc national pour le panda géant officiellement approuvé en octobre 2021 par le président chinois Xi Jinping.
Je me suis rendu les 4, 5 et 6 mars 2024 dans cette réserve naturelle pour échanger avec les rangers qui œuvrent au quotidien pour protéger l'habitat du panda mais aussi celui d'autres espèces, dont le takin et le rhinopithèque de Roxellane. J'ai également échangé longuement avec Chen Limin, le directeur de l'administration de cette réserve qui y travaille depuis plus de 40 ans, pour mieux comprendre le rôle des acteurs de la réserve au quotidien et qu'est-ce qu'apporte et va apporter le parc national pour améliorer la conservation du panda à une échelle plus vaste.
Sur cette page vous pouvez lire la chronique de mes 3 jours sur place pour en apprendre davantage sur cette réserve naturelle, sur le travail des rangers, et les objectifs du parc national pour le panda géant.
Je remercie grandement le Sichuan International Communication Center et les équipes de la réserve naturelle de Tangjiahe (notamment le ranger Wang Chao pour sa gentillesse et toutes ses connaissances, et Chen Limin le directeur de la réserve), mais aussi la journaliste Claire Xie et mon interprète Aurore, sans qui ce séjour n'aurait pas été possible. C'était pour eux l'opportunité d'examiner sous le regard d'un étranger la perception de la protection des pandas et de l'intérêt du parc national pour le panda géant et cela a aboutit à une vidéo en français et chinois pour faire découvrir les enjeux et les acteurs de la protection du panda et des écosystèmes incroyables qu'il habite.
Je remercie enfin Zheng Congjun (郑从军), à la tête de la section de protection de la vie sauvage du bureau des forêts de Baoxing (Wildlife Protection Section of the Forestry Bureau of Baoxing County).
La vidéo retraçant mes trois jours dans la réserve naturelle de Tangjiahe et mon passage dans le comté de Baoxing à l'occasion du 155ème anniversaire de la découverte scientifique du panda - © SICC & Tangjiahe Nature Reserve
Lundi 4 mars 2024 : secteur de Motianling :
Mon séjour dans la réserve naturelle de Tangjiahe a débuté le lundi 4 mars 2024, je me suis rendu ce premier jour dans le secteur de la station de conservation de Motianling (摩天岭保护站), où se trouve l’une des trois sous-populations de pandas de la réserve (la sous-population de Motianling). La station se situe à une altitude de 1 670 mètres.
La station de conservation de Motianling - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Accompagné de Wang Chao (王超), le ranger en chef de cette station qui travaille dans la réserve depuis 6 ans, nous nous sommes rendus dans l’habitat du panda en grimpant dans la direction nord-est, donc en s’approchant de la frontière avec la province du Gansu et sa réserve naturelle de Baishuijiang. Au fur et à mesure de notre ascension, la neige était de plus en plus épaisse et plusieurs bambous pliaient sous le poids de la neige.
Paysages observés lors de notre ascension, on peut voir que le tapis de neige se densifie progressivement. Impossible de se tromper, le couvert forestier et les sous-bois de bambous constituent l'habitat typique du panda géant - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Nous n’avons pas pu observer de pandas sauvages mais avons trouvé plusieurs indices de leur présence : des restes de bambous mangés, des crottes, de l’urine dispersée au pied d’un arbre et des empreintes sur la neige dans plusieurs secteurs. Ces indices dataient de quelques jours seulement d’après Wang Chao, au plus d’une semaine pour certains. Le début du mois de mars marque aussi celui de la saison des amours et les pandas commencent à être plus actifs.
Nous avons trouvé des crottes à environ 2 000 mètres d'altitude. Après les avoir mesurées, ouvertes et photographiées, Wang Chao les a collectées pour une analyse ADN ultérieure - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Sur le même site que les crottes précédentes, de l'urine a été trouvée sur la neige au pied de cet arbre (tâches jaunes), sans doute déposée ici pour marquer un territoire - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Des bambous sectionnés, probablement par un panda géant - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Des empreintes de pandas sur la neige ont été observées à plusieurs reprises - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Nous avons également pu examiner les vidéos et photos enregistrées par une caméra à déclenchement infrarouge et avons pu voir que des pandas étaient passés à plusieurs reprises ces dernières semaines dans son périmètre de détection. Wang Chao m’a également montré un enregistreur sonore fixé au tronc d’un arbre et capable d’enregistrer les sons émis par la faune.
Le piège photographique que nous avons atteint avec plusieurs séquences vidéo de pandas filmés en 2024 - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Le boîtier fixé sur cet arbre est un enregistreur sonore - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Lors de notre ascension, nous avons pu apercevoir un tragopan de Temminck (Tragopan temminckii) et une civette palmiste à masque (Paguma larvata) et voir des traces de macaques du Tibet (Macaca thibetana), de takins du Sichuan (Budorcas taxicolor tibetana) et de muntjacs de Reeve (Muntiacus reevesi).
Des empreintes de takin du Sichuan - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Wang Chao a précisé que depuis le dernier recensement, qui date maintenant d'une décennie, les effectifs de pandas dans la réserve sont dorénavant estimés à 54, contre 39 recensés officiellement lors du 4ème recensement.
Enfin, Wang Chao a expliqué que la création du parc national du panda géant était très bénéfique pour le travail des équipes au quotidien, notamment en impulsant une coopération avec les réserves naturelles voisines, celle de Baishuijiang particulièrement, ce qui n'existait que très peu précédemment. Il est confiant sur la levée des blocages dans la gestion de cette aire protégée et se réjouit de la multiplication des outils de suivi, notamment les pièges photographiques et la transmission de leurs images en temps réel progressivement.
Paysages du secteur de Motianling aux sous-bois de bambous parsemés mais très denses - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Un grand merci au ranger Wang Chao pour son accueil, le partage de ses connaissances et son professionnalisme - 4 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Mardi 5 mars 2024 : vallée de Sigouli (secteur Liuyigou) :
Le mardi 5 mars, j'ai eu l'occasion de randonner dans la vallée de Sigouli 寺沟里 (secteur Luoyigou 落衣沟) en compagnie de Monsieur Liu Dingguo, un fermier qui vit dans la zone expérimentale (pour mémoire, les réserves naturelles en Chine sont découpées en 3 zones : la zone centrale qui est le cœur de la réserve, la zone expérimentale qui est celle généralement la plus proche de la frontière de la réserve et où il y a des habitants, et la zone tampon qui est entre les deux autres et qui comme son nom l'indique fait tampon entre les zones où les activités humaines mêmes restreintes sont encore présentes et le cœur de la réserve) de la réserve naturelle de Tangjiahe. Aujourd'hui, sa maison et ses parcelles sont entièrement intégrées au parc national du panda géant approuvé en octobre 2021.
Liu Dingguo possède une centaine de ruches et produit environ 500 kg de miel par an qu'il écoule en vente à la ferme. Il cultive également quelques légumes et possédait dans le passé des moutons, des poules et des canards mais il déplore que ses légumes sont fréquemment mangés par les sangliers, les faisans voire même les takins et il explique avoir arrêté l'élevage des moutons, poules et canards car ces derniers étaient également mangés ou attaqués par l'ours noir d'Asie ou encore la civette masquée. Il m'a expliqué qu'avec l'établissement du parc national du panda géant, il recevait dorénavant une indemnité du gouvernement à hauteur de 800 yuans par mois. Cette somme est versée d'une part en guise de compensation d'une faune sauvage davantage présente et donc davantage impactante pour sa production agricole, et d'autre part en contrepartie d'une surveillance active de la vallée contre les risques d'incendie.
Un grand merci à Liu Dingguo pour son accueil chaleureux et toutes ses histoires racontées - 5 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
L'établissement du parc national a également eu pour conséquence l'interdiction d'un certain nombre d'activités auparavant tolérées, et notamment la chasse et la pêche. Liu Dingguo chassait de temps en temps le sanglier et explique qu'aujourd'hui avec la hausse des prix de l'alimentaire qu'il lui est parfois difficile de subvenir à ses besoins.
Les interdictions dans le parc national sont largement rappelées via des panneaux d'information - 5 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Pour autant, il approuve la création de ce parc national et la politique qui l'accompagne. Il m'a expliqué qu'il a trois enfants et que l'un de ses fils a travaillé pendant 9 années comme ranger auprès de la station de Baiguoping de la réserve de Tangjiahe avant de quitter son poste et de rejoindre une autre région suite à son mariage. L'époux de sa fille, Yang Jun, est également un ranger depuis 18 ans dans la réserve de Tangjiahe. Liu Dingguo reconnaît donc l'importance de la réserve dans l'économie locale et est convaincu que l'établissement du parc national est une bonne nouvelle pour les générations futures et qu'il aidera encore davantage à protéger le panda géant, son habitat et les autres espèces sympatriques.
Deux vues de la vallée de Sigouli - 5 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Lors de notre randonnée dans la vallée de Sigouli, Liu Dinggou a pu me montrer des versants historiquement dédiés à l'agriculture et qui ont été reboisés dans le cadre de la politique « Grain to green », un programme chinois lancé en 1999 et indemnisant les agriculteurs qui acceptaient de convertir leurs terres en pente cultivées en forêts.
D'anciennes terrasses agricoles ont été reboisées dans le cadre du programme Grain to green, littéralement Du grain au vert - 5 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Le soir en quittant la vallée, nous avons pu apercevoir deux faisans dorés (Chrysolophus pictus) en bordure de la route du village.
Enfin, cette soirée du 5 mars fut marquée par un dîner surprise de bienvenue au siège de la réserve naturelle de Tangjiahe en présence de son directeur Chen Limin (谌利民) que je vais retrouver le lendemain.
Le siège de la réserve naturelle de Tangjiahe, à Maoxiangba (毛香坝) au cœur de la réserve, à mi-chemin environ entre la station de Baiguoping et celle de Baixiongping - 5 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Mercredi 6 mars 2024 : secteur de Baixiongping :
Le mercredi 6 mars, j’ai été accueilli par Chen Limin, le directeur de la réserve, à la station de conservation de Baixiongping (白熊坪保护站).
La station de Baixiongping aujourd'hui - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Un grand merci à Chen Limin pour son accueil à Tangjiahe et toutes ses anecdotes ! - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Chen Limin travaille dans la réserve de Tangjiahe depuis 1983 et il en est actuellement le directeur. Il était donc là en 1984 lorsque George Schaller et ses collègues chinois ont établi à Baixiongping un nouveau camp d'études des pandas sauvages, après le premier établi à Wuyipeng dans la réserve naturelle de Wolong.
Paysages du secteur de Baixiongping - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Le professeur Hu Jinchu avait effectué des prospections à Tangjiahe dès 1974, il y avait conduit plus de 30 experts alors qu'elle n'était pas encore une réserve naturelle pour y effectuer un inventaire des espèces rares du Sichuan. Ses travaux avaient abouti à la publication du rapport « The survey report on Sichuan province's precious animal resources ». Quatre ans plus tard, en 1978, la réserve naturelle de Tangjiahe est officiellement établie.
C'est le 29 février 1984 que l'équipe scientifique composée des américains George Schaller, de Kay sa femme et d'Alan Taylor et des Chinois Wang Xiaoming, Qin Zisheng et Xiao Qiu débute ses études à Tangjiahe sous le parrainage du WWF. A Tangjiahe, Schaller est accueilli par Yue Zhishun alors à la tête de la réserve et Deng Qitao (邓启涛) qui avait partagé avec lui quelques mois à Wolong. L'équipe comprend aussi Wang Fulin et Shen Heming, deux personnels de la réserve. En mars 1984, Schaller observe pour la première fois un takin du Sichuan vivant. Dans son ouvrage « The last panda », Schaller explique qu'entre 1965 et 1978, l'activité minière et la déforestation ont été de rigueur dans la région.
Le camp établi en 1984 pour l'étude des pandas sauvages et des ours noirs asiatiques de Tangjiahe
George Schaller entouré de sa femme et de ses coéquipiers chinois
Sept trappes en 1984 ont été placées dans l'espoir de capturer un panda.
Le 6 avril 1984, à l'approche de la saison des amours, l'équipe décide d'implanter une tente dans la vallée de Hongshi pour y passer quelques nuits. Le lendemain, elle y observe un troupeau de presque une centaine de takins.
Le 8 juin, un premier panda est capturé, plus précisément observé puis anesthésié sur place pour l'équiper d'un collier. Ce panda, un mâle, était infecté par des vers et les scientifiques chinois souhaitaient le placer en captivité, ce que ne voulait pas Schaller. Le panda a été finalement relâché et ce qui pouvait apparaître comme un panda malade était en fait un comportement de peur puisqu'une fois relâché, le panda a retrouvé toute son énergie. Observé les jours suivants, le panda, nommé alors Tang Tang, se portait très bien.
Deng Qitao (邓启涛) ici au milieu relâche Tang Tang dans le milieu naturel
Le 23 juin 1984, alors que Schaller doit se rendre deux mois sur le plateau tibétain, Ken Johnson vient de Wolong à Tangjiahe pour prendre le relais. Au retour de Schaller, mi-septembre 1984, il apprend que Ken Johnson a localisé Tang à nouveau en juillet en dehors de la réserve.
L'aire d'habitat de Tang est estimée supérieure à 23 km², ce qui est plus important que ce qui était observé à Wolong. Schaller se demande alors si ce n'est pas un subadulte qui recherche un territoire où s'installer. A noter que Tang sera recapturé en juin 1985 et confirmé être un mâle adulte.
Un ours noir mâle a également été équipé d'un collier radio-émetteur, nommé Kui Kui.
Fin septembre, Schaller doit rejoindre la Suisse pour discuter au siège du WWF du futur du projet panda. Le 11 octobre 1984 marque le retour du couple Schaller à Tangjiahe, où il va encore rester 3 mois.
Dans son ouvrage « The last panda », Schaller soulève la difficulté de capturer des pandas à Tangjiahe, où il estime la population entre 50 et 60 individus. Il explique cette difficulté par les mouvements non définis des pandas qui rendent difficiles leur anticipation et la pose adéquate de pièges.
Le travail de Schaller et les travaux de Deng Qitao et Don Reid en 1985 montrent que Tang réside dans un territoire d'environ 1,3 km² sauf en juillet et août lorsqu'il migre vers des altitudes plus élevées. Mais il ne s'est jamais accouplé, peut-être à cause de l'absence de femelle dans son territoire, autrefois déforesté et donc sans tanière. L'équipe scientifique remarque que Tang se repose plus que les pandas suivis à Wolong.
Le 5 novembre 1984, un ours noir mâle d'environ 3 ans est capturé, équipé d'un collier et dénommé Chong Chong. Le mois de novembre va d'ailleurs être consacré à l'étude de Chong. Schaller compare ainsi le mode de vie de l'ours noir asiatique avec celui du panda géant.
Le 14 décembre 1984, c'est un panda qui est capturé. C'est une femelle nommée Xue Xue (雪雪), de petite taille, mais Schaller explique que d'après les observations de Teng Qitao, les pandas de Tangjiahe sont plus petits / moins gros que ceux de Wolong.
Dr Schaller (second en partant de la gauche sur la première photo) et ses collègues chinois mesurent le panda Xue Xue capturée à Dalingziliang (大岭子梁)
Noël 1984 est l'occasion pour Hu Jinchu et Qin Zisheng de venir depuis Wolong rendre visite à Schaller à Tangjiahe. Le 9 janvier 1985 marque le départ de Schaller de Tangjiahe.
A noter qu'en mai 2016 Schaller alors âgé de 83 ans et de retour du plateau tibétain où il a étudié la panthère des neiges a passé quelques jours à Tangjiahe.
Le 6 mars, j'ai pu longuement échanger avec Chen Limin sur l'histoire de Baixiongping et les différentes études et coopérations scientifiques à Tangjiahe. Aujourd'hui encore, la réserve coopère avec une association qui mène un travail important pour la protection du panda en associant les habitants : l'association Beijing Sanshui conservation.
Paysages enneigés et de bambous dans la vallée de la rivière Hongshihe (洪石河) dans le secteur de Baixiongping - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
L'après-midi, en route entre la station de Baixiongping et l'administration de la réserve à Maoxiangba, nous avons pu apercevoir avec le ranger Wang Chao plusieurs espèces : deux takins du Sichuan (Budorcas taxicolor tibetana) – il y en aurait environ 1 400 à Tangjiahe -, des macaques du Tibet (Macaca thibetana), plusieurs sangliers (Sus scrofa), des muntjac de Reeve (Muntiacus reevesi) et un élaphode (un cervidé) (Elaphodus cephalophus).
L'élaphode observé cette fin d'après-midi - 6 mars 2024 - © Jérôme POUILLE
Pour en savoir plus :
> Un panda sauvage photographié de nuit dans la réserve naturelle de Tangjiahe (26 juillet 2016)
> Observation d'un jeune panda et de sa mère dans la réserve naturelle de Tangjiahe (17 avril 2014)
> 14 janvier 2013 : Des pandas photographiés dans les réserves naturelles de Tangjiahe et de Foping
> 24 mars 2010 : Une mère panda et son jeune aperçus dans la réserve naturelle de Tangjiahe
> 26 Juin 2006 : Les pandas géants se multiplient régulièrement
Réserves naturelles pour la protection des pandas sauvages > Réserve naturelle de Laoxiancheng
Monts Qinling
Province du Shaanxi > Comtés de Meixan, Zhouzhi et Taibai
Réserve naturelle nationale de Taibaishan
La réserve naturelle nationale de Taibaishan protège un territoire de 56 325 hectares dans les comtés de Meixian, Zhouzhi et Taibai (province du Shaanxi) dans l'habitat des monts Qinling. Cette réserve abrite les pandas les plus au nord des monts Qinling. La réserve a été établie en septembre 1965 sous statut provincial et a été élevée au rang de réserve nationale en août 1986. Elle fait environ 45 km d'Est en Ouest et 34,5 km du Nord au Sud et comprend trois zones comme la majorité des réserves chinoises. La zone centrale fait 22 708 hectares, la zone tampon 30 442 hectares et la zone expérimentale 3 175 hectares. Son point culminant est le Mont Taibai, dans le comté de Meixian, à 3 767 mètres d'altitude ; c'est aussi le point culminant des monts Qinling. La réserve est irriguée par deux cours d'eau principaux et dix rivières affluentes de ces cours d'eau.
Les monts Taibaishan - © Lian Jinxian (廉金贤)
Selon les données du quatrième recensement national des pandas géants et de leur habitat, qui s'est déroulé de 2011 à 2014, la réserve abrite 23 pandas géants sauvages soit 2 de plus que dénombrés une décennie auparavant lors du 3ème recensement. Toujours selon les données les plus récentes du 4ème recensement, 42,36% du territoire de la réserve, soient 23 887 hectares, sont considérés comme un habitat du panda, auxquels s'ajoutent 19 392 hectares d'habitat potentiel (34,39% de la réserve).
La réserve présente une forte richesse floristique et faunistique avec au moins 2 081 espèces de plantes, 2 007 espèces d'insectes, 8 espèces de poissons, 10 espèces d'amphibiens, 26 espèces de reptiles, 218 espèces d'oiseaux et 72 espèces de mammifères recensées. Parmi les espèces végétales protégées, citons l'arbre caramel (Cercidiphyllum japonicum), l'espèce de petite plante herbacée Circaeaster agrestis, l'espèce d'arbre à latex Eucommia ulmoides, Kingdonia uniflora (une plante herbacée de Chine), l'espèce de mélèze endémique du Mont Taibai Larix chinensis, l'espèce de fougère Ophioglossum thermale, ou encore l'épicéa d'Orient Picea neoveitchii endémique des Monts Qinling. Côté animaux, en plus du panda géant, citons le takin (Budorcas taxicolor), le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae), le cerf porte-musc des forêts (Moschus berezovskii), le léopard, l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), le goral de l'Himalaya (Naemorhedus goral), le serow (Capricornis sumatraensis), la loutre commune, la salamandre géante chinoise (Andrias davidianus), l'ithagine ensanglantée (Ithaginis cruentus), le faisan doré (Chrysolophus pictus), ou encore le tragopan de Temminck (Tragopan temminckii).
La réserve de Taibaishan est adjacente au sud-est avec celles de Huangbaiyuan et de Laoxiancheng. Elle est connectée à l'est avec la réserve de Zhouzhi via le corridor d'Houzhenzhi et le parc national forestier d'Heihe qui relient les deux réserves. Au sud-ouest elle est connectée avec la réserve de Niuweihe via le corridor de Dashuping qui relie les deux réserves.
Début 2013, la réserve a installé des appareils photos à déclenchement infrarouge à plusieurs endroits stratégiques. Depuis, des pandas sauvages ont été photographiés à plusieurs reprises, notamment en 2013, 2014 et 2018.
Panda sauvage photographié le 4 mars 2014 dans la réserve de Taibaishan - © Taibaishan NR
Pour en savoir plus :
> Premières photographies de pandas sauvages dans la réserve naturelle de Taibaishan (30 avril 2014)
Réserves naturelles pour la protection des pandas sauvages > Réserve naturelle de Laoxiancheng
Monts Qinling
Province du Shaanxi > Comté de Zhouzhi
Réserve naturelle nationale de Laoxiancheng
La réserve naturelle de Laoxiancheng (老县城自然保护区) est une réserve naturelle de rang national qui se situe dans le comté de Zhouzhi (province du Shaanxi), dans les monts Qinling. Elle a été établie en 1993 par le comté de Zhouzhi et la ville-préfecture de Xi'an, puis élevée au rang de réserve provinciale en 2004 et enfin élevée au rang de réserve naturelle nationale par le Conseil d'Etat le 25 décembre 2013. Elle protège un territoire de 12 611 hectares large de 14,5 kilomètres d'Est en Ouest et haut de 14 kilomètres du Nord et Sud sur les contreforts Sud de la section médiane des monts Qinling, et dans la partie amont du bassin versant de la rivière Xushui (湑水). La zone centrale occupe une superficie de 5 578 hectares, la zone tampon une superficie de 3 263 hectares et enfin la zone expérimentale une superficie de 3 770 hectares. Le relief est élevé dans la partie Sud-Est de la réserve et moins élevé au Nord-Ouest. Le point culminant est le sommet Luban (鲁班) à 2 904 mètres d'altitude et le point le plus bas est le village de Qinglong (青龙) à 1 524 mètres d'altitude.
Elle abrite 263 espèces de vertébrés (mammifères : 7 ordres, 24 familles, 42 genres et 50 espèces ; oiseaux : 12 ordres, 35 familles, 114 genres et 188 espèces ; reptiles : 2 ordres, 5 familles, 14 genres et 15 espèces, amphibiens : 2 ordres, 3 familles, 4 genres et 5 espèces ; poissons : 2 ordres, 3 familles, 5 genres et 5 espèces) dont 40 bénéficient d'un statut de protection élevé en Chine. Parmi ces espèces, citons notamment le panda géant, la sous-espèce de Qinling de takin ou takin doré (Budorcas taxicolor bedfordi), le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae), l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), le léopard (Panthera pardus), le muntjac de Reeve (Muntiacus reevesi), le serow (Capricornis sumatraensis), l'élaphode (Elaphodus cephalophus), le cerf porte-musc des forêts (Moschus berezovskii), le sanglier sauvage (Sus scrofa), le blaireau à gorge blanche (Arctonyx collaris), la martre à gorge jaune (Martes flavigula), l'ithagine ensanglantée (Ithaginis cruentus), le tragopan de Temminck (Tragopan temminckii) ou encore le faisan doré (Chrysolophus pictus).
La réserve compte 24 ordres, 238 familles, 791 genres et 1 194 espèces d'insectes.
Elle abrite également au moins 1 146 espèces de plantes de 112 familles différentes.
La réserve naturelle de Laoxiancheng est limitrophe au Sud avec la réserve naturelle de Foping, à l'Ouest avec celle d'Huangbaiyuan et à l'Est avec celle de Zhouzhi. Au Nord elle est connectée avec la réserve naturelle de Taibaishan.
Selon les données du quatrième recensement national des pandas géants et de leur habitat, mené de 2011 à 2014, la totalité de la réserve de Laoxiancheng constitue un habitat favorable pour le panda géant. Elle abrite 26 pandas sauvages, soit deux de moins que dénombrés lors du 3ème recensement une dizaine d'années auparavant. 86,45% de la réserve est couverte en bambous.
Le comté de Zhouzhi abrite quant à lui 56 pandas sauvages toujours selon les données du quatrième recensement, dont 49 sont protégés par des réserves naturelles (26 pandas dans celle de Laoxiancheng et 23 pandas dans celle de Zhouzhi).
Pour en savoir plus :
> 27 avril 2009 : Un panda sauvage aperçu dans la réserve de Laoxiancheng
Réserves naturelles pour la protection des pandas sauvages > Réserve naturelle de Baiyang
Monts Minshan
Province du Sichuan > Comté de Songpan
Réserve naturelle provinciale de Baiyang
La réserve naturelle provinciale de Baiyang (白羊保护区) se situe dans le comté de Songpan (province du Sichuan) dans les monts Minshan. Elle a été établie en 1993 et protège un territoire de 76 710 hectares (scindé en deux parties non contiguës) dont 68,32 % (soit 52 407,64 hectares) constituent un habitat pour le panda géant selon les données du quatrième recensement national des pandas géants et de leur habitat (mené de 2011 à 2014), un chiffre en baisse de 9,68% par rapport au recensement précédent (mené de 1999 à 2003). 82 pandas sauvages ont été dénombrés, contre 65 une décennie auparavant, soit une hausse des effectifs de 26,15%.
Ces 82 pandas représentent 10,29% de l'effectif total de pandas dans les monts Minshan, 5,91% de l'effectif total de pandas dans la province du Sichuan et 4,40% de l'effectif total de pandas sauvages. La densité de pandas estimée dans les 52 407,67 hectares habités par le panda est de 0,156 pandas par km².
La réserve naturelle de Baiyang est adjacente au Sud-Ouest avec la réserve naturelle de Xiaozhaizigou (comté de Beichuan), au Sud-Est avec celle de Piankou (comté de Beichuan), à l'Est avec la réserve naturelle de Xuebaoding (anciennement Si'er) (comté de Pingwu) et au Nord avec celle d'Huanglong (comté de Songpan).
L'aire centrale de la réserve fait 63 000 hectares et l'aire expérimentale 13 710 hectares. Le sommet Xuebaoding (雪宝顶) est le point culminant de la réserve, à une altitude de 5 588 mètres. L'altitude la plus faible est de 1 080 mètres.
Outre le panda géant, cette réserve protège également entre autres le takin (Budorcas taxicolor), le rhinopithèque de Roxellane (Rhinopithecus roxellanae), la panthère des neiges (Panthera uncia), le pygargue de Pallas (Haliaeetus leucoryphus). le panda roux (Ailurus fulgens), le macaque du Tibet (Macaca thibetana), l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), le grand bharal (Pseudois nayaur) ou encore le faisan doré (Chrysolophus pictus).
La réserve protège également de nombreuses espèces de plantes et d'arbres don le ginkgo (Ginkgo biloba), l'arbre à gomme (Eucommia ulmoides) ou encore l'épicéa de Sargent (Picea brachytyla).
Pour en savoir plus :
> Un villageois observe un panda géant sauvage dans la réserve naturelle de Baiyang (12 août 2021)
> Un panda géant sauvage photographié dans la réserve naturelle de Baiyang (1er juin 2021)
Réserves naturelles pour la protection des pandas sauvages > Réserve naturelle de Laojunshan
Monts Liangshan
Province du Sichuan > Comté de Pingshan
Réserve naturelle nationale de Laojunshan
La réserve naturelle nationale de Laojunshan (老君山自然保护区) a été créée en 2000 et protège un territoire de 35 km² (3 500 hectares) dans le comté de Pingshan, province du Sichuan. Au départ à statut provincial, elle a été approuvée comme réserve naturelle à statut national par le Conseil d'Etat en 2011. Elle abrite entre autres la torquéole de Boulton (Arborophila rufipectus), une espèce de perdrix endémique de cette région de la Chine, dont seuls subsisteraient de 1 000 à 2 500 individus matures.
Le comté de Pingshan est frontalier sur sa partie Ouest avec les deux comtés de Mabian et de Leibo, également dans les monts Liangshan, et qui étaient jusqu'à ce jour connus comme l'habitat le plus au Sud (Sud / Sud-Est) des pandas à l'état sauvage.
C'est ainsi la première fois dans l'histoire récente que de tels signes de présence sont trouvés dans le comté de Pingshan. Une nouvelle équipe, des scientifiques en charge du quatrième recensement national des pandas géants sauvages et de leur habitat, a été envoyée en décembre 2013 sur place et ils ont découvert le 10 décembre 2013 de nouvelles traces d'activités : crottes, poils, empreintes. Le 11 décembre 2013, Chen Jianwu, un technicien de la réserve, découvre qu'un appareil photo à déclenchement infrarouge installé précédemment dans la réserve a photographié un panda sauvage le 12 novembre 2013 ce qui prouve la présence effective de l'espèce, une première. L'individu photographié était un sub-adulte d'environ 3 ans.
Le 8 février 2014, un nouveau panda géant sauvage est photographié dans la réserve.
Selon les données du quatrième recensement mené de 2011 à 2014, 91,47% du territoire de la réserve, soient 3 201,45 hectares, ont été qualifiés d'habitat pour le panda. Toujours selon les mêmes données, 3 pandas géants ont été dénombrés dans la réserve.
Le comté de Pingshan abrite 4 812 hectares d'habitat pour le panda auxquels s'ajoutent 3 990 hectares d'habitat potentiel, selon ce même recensement. Tous les pandas dénombrés dans ce comté sont dans le périmètre de la réserve.
Photographie d'un panda sauvage dans la réserve de Laojunshan, le 8 février 2014
Pour en savoir plus :
> Une preuve supplémentaire de la présence de pandas géants dans le comté de Pingshan (7 juillet 2014)